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Ft. Aden
Rester calme, profiter du départ d’Aden pour me sécher convenablement et enfin boutonner la chemise pour couvrir le plus possible de ma peau. Peut-être était-ce enfantin, d’apprécier autant le fait qu’à l’odeur d’Aden s’ajoute le fait que malgré la différence pourtant mineure entre leurs deux tailles, la carrure d’Aden permettait d’ainsi couvrir la mienne. Un sourire fleurit à mes lèvres alors que je quitte enfin la salle de bain, traversant silencieusement le salon.
Oui, l’embarras n’a aucune limite, et malgré moi, j’ai le réflexe de glisser mes mains sur le bas de la chemise offerte pour ne pas importuner la vue de l’autre homme. Ce que je n’avais pas pris en considération, c’était l’impact de l’odeur d’Aden une fois entré dans sa chambre. Mes pas cessent, arrêté au beau milieu de la pièce, et je ramène mes bras autour de moi, mimant presque une étreinte fantôme. Comme si ces lieux rappelaient un souvenir à ma mémoire. Mais il n’en était rien. Le noir encercle ces pensées.
J’avance finalement jusqu’aux affaires d’Aden et subtilise un sous-vêtement que j’enfile sans plus de cérémonie, ne trouvant pas – et ne cherchant pas – la patience d’enfiler davantage. Je n’avais après tout rien à lui cacher, pas plus que lui, en réalité. Par la fenêtre de la chambre, je réalise que la pluie tombe encore sur la cité. Mais le temps d’un instant, je réalise qu’entre ces murs, rien ne pourrait m’arriver.
Nouant distraitement les longues mèches vermeilles en une queue de cheval haute, j’attrape un t-shirt et le ramène contre mon visage, inspirant longuement l’odeur d’Aden avant de reprendre mes esprits. Je reviens au salon et lui tend le vêtement, fronçant les sourcils, l’air un peu ennuyé.
Puis après une œillade gênée, je souffle à peine.
* Bien sûr. Quand tu veux.
Un léger silence s'étire, il sait qu'il ne sonnera pas assez vrai, pas assez sincère.
* Disons que si un jour j'estime que ce n'est pas la bonne journée pour se voir, je t'enverrai un message, en dehors de ça tu peux venir quand tu veux et prendre des affaires.
Est-ce qu'il essayait de lui dire subtilement qu'Altaïr pouvait s'installer chez lui s'il le désirait ? Peut-être.
Ft. Aden
Côtoyer Aden, suivre sa trace, dîner avec lui, échanger un silence confortable, c’est un privilège dont j’ai conscience. Peut-être que mon regard sur lui est trop insistant, non pas par mon désir de l’inciter à m’informer d’une quelconque chose. J’oublie simplement parfois que les normes sociales ne requièrent pas d’ainsi montrer son affection pour un autre individu.
Le repas fini, je ne donne pas vraiment l’opportunité à l’autre homme de débarrasser la table, les choses sont rangées avec précision, et quelque chose dans ma façon de remettre chaque chose à sa place pourrait presque être dérangeant. Parce que je ne devrais pas savoir avec autant de certitude comment lancer le lave-vaisselle, appuyant d’un bouton à l’autre sans chercher à comprendre l’utilisation de l’appareil. Probablement que tous les appartements sont fournis de façon similaire. Je n’ai pourtant jamais encore utilisé le mien. Pas plus que le sien.
Ce n’est rien d’important, je cherche du regard une toute autre façon de me rendre utile, mais rien n’est à faire. J’hésite et revient calmement dans l’encadrement de la porte de la salle où Aden se trouve. La scène a quelque chose de profondément domestique. Presque familier.
Je détourne le visage, étouffe un bâillement contre le tissu de la chemise que je porte. J’inspire, et l’odeur d’Aden m’enveloppe encore. Un frisson, une seconde de flottement, je bats des cils et prononce, penaud, un léger air de fatigue peint sur mes traits.
Il relève les yeux vers le jeune homme en l'entendant et se relève finalement. Il a déjà tout nettoyé. Bon.
* Généralement je vais m'allonger après avoir terminé mon repas.
Il n'a rien de spécial à faire, et pas le courage de travailler sur une affaire hors du travail, hors du siège. Pas ce soir, ce soir il a besoin de se retrouver, un peu.
* Tu viens ?
Ft. Aden
Du moins c’était vraiment mon intention de base. Mon regard revient sur Aden et je bats des cils, un peu pris par surprise avant de sentir le rouge me flamber au visage. Merde, non, pourquoi j’ai compris un sous¬-entendu là où il n’y en avait pas ? Pourquoi la première image qui m’est venue c’est celle d’Aden s-
Oui voilà, on oublie ça, on oublie tout ça. Je le suis calmement jusqu’à la chambre, je venais d’y aller, je ne découvre rien, pourtant quelque chose m’irrite, semble ne pincer, m’inciter à dire ou faire quelque chose qui n’est pas juste. Pas correct. Pas caractéristique. Ça vrombit à mon oreille, je fronce les sourcils, et ce souffle au fond de ma tête me force à la secouer, comme perdu, comme entre deux phases.
Il s’approche du lit d’un pas plus affirmé, comme si l’endroit lui appartenait, comme s’il savait ce qu’il faisait. Tire sur les draps, n’a pas ce comportement ordonné, ne vient pas tapoter les oreillers pour tout remettre en ordre, c’est plus brusque, moins contrôlé, plus vif. Y’a un rire, ce rire un peu plus sombre, un peu plus amusé, un peu moins Altaïr, beaucoup plus Rosario.
Trop familier. L’endroit. Aden. Lui.
* Tu veux venir ?
Il demande, lui tendant les bras.
Ft. Aden
Il se glisse au creux des bras offerts, une main suivant la ligne du poignet, caressant son coude et son épaule avant de venir prendre appui dans les draps. Les lèvres entrouvertes, les iris aux pupilles si noires, l’océan andrinople coulant le long de son épaule, s’écrasant contre la gorge affirmée quand bien même gracile d’Aden. Aden. Aden, Aden.
Son souffle est régulier, il s’est noyé dans ses yeux, mais ce sourire en coin, ce sourire qui n’est que le sien, il l’offre à son partenaire comme le plus beau des bouquets de rose. Comme une revanche et un compliment.
De sa main libre, il repousse les mèches claires qui voilent en partie son regard, il n’est pas brutal, mais il n’est pas non plus mesuré. Le dos de ses doigts caresse sa pommette, et son regard s’échoue sur ses lèvres avant de remonter sur ses yeux.
* Tu me donnes davantage l'impression de chercher à me charmer de toi même, ce soir.
Il expire faiblement, baisse les yeux pour les plonger dans l'or de ceux de Rosario, son Rosario.
* N'arrange pas la vérité à ton bon vouloir.
Ft. Aden
Sa main glisse le long de sa joue, effleurant à peine sa gorge, dessinant la ligne de sa clavicule avant de glisser son index sous le menton de l’autre homme, le forçant à relever à peine la tête. Il penche légèrement la tête sur le côté, laissant une coulée de lave s’échapper de derrière son oreille, voilant la scène du monde, la laissant à eux deux seuls.
Il se penche lentement sur lui, prédateur, s’arrête lorsque leurs souffles se croisent, observe la perfection s’étant offerte à lui. Il veut le secouer, le sortir de ses gonds, lui faire oublier son statut, son rôle, sa mission et ses devoirs. Lui faire oublier le nom de quiconque si ce n’est le sien. Il se pourlèche la lèvre et ronronne, le ton sombre et provocateur.
Rosario passe le pas, félin, et passe l’une de ses jambes par-dessus la taille d’Aden pour le surplomber à son désir. Il profite de la situation pour susurrer contre son oreille.
* Évidemment que non.
Il n'est plus qu'un lointain souvenir, il essaye de s'en convaincre. Croiser un fantôme ne le ferait pas pour autant revenir parmi les vivants, il en était intimement persuadé.
* Vas-tu tout de même t'obstiner à essayer ?
Bien sûr, il mourrait d'envie de l'embrasser.
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