let me see what spring is like on jupiter and mars - DÉCHU
CHROMA :: ... starting ... :: xx_souterrainLe soleil se levait doucement sur Inner-A13, mais Tempérance ne s'en rendait pas compte. Toute la nuit durant, il avait erré à travers les souterrains, la main posée sur le manche de son épée, prête à dégainer au moindre danger. Cette nuit-là, Tempérance avait été nerveux. Pourtant, ce n'était pas dans ses habitudes, et ce n'était pas non plus forcément le moment.
Ce matin-là, Tempérance apparaissait aux yeux d'une partie des membres du clan d'Abysse, quand il se rendit dans leur camp. Il avait rencontré un des nouveaux venus il y a quelques jours, et s'était rendu compte avec grand plaisir que c'était un visage familier. Déchu, comme Abysse l'appelait, était un ancien mineur - le seul qui était suffisamment amical pour montrer la sortie des mines à Tempérance lorsque celui-ci se perdait dans les souterrains et atterrissait à la limite entre les souterrains et le district huit. Tempérance était bien heureux de le retrouver entre les griffes d'Abysse ! Il lui avait proposé de lui montrer les environs aussitôt, et comment subvenir à ses besoins seul. Comment ne pas être un poids pour son clan, en somme. Déchu avait accepté. Et ce matin-là, voilà Tempérance qui vient d'un bon pas, sourire aux lèvres, cherchant le plus vieux du regard.
Déchu ! Comment est-ce que tu vas aujourd'hui ? Il est un peu tôt, mais tu as l'air prêt à partir. On peut y aller tout de suite, si ça te va.
Il avait prévu de lui montrer les souterrains, endroit encore inconnu pour l'autre vagabond.
Ft. Tempérance
Encore trop récent, oui. C’est ce qu’il se répète, lorsqu’il s’échappe d’une étreinte curieuse que Chouchou lui avait offerte au réveil. Il avait beau chercher l’endroit le plus isolé, rien n’y faisait, au matin, il pouvait être certain que d’autres l’auraient retrouvé. Et si la chaleur corporelle n’était somme toute pas désagréable, il ressentait un besoin viscéral de trouver ses marques, ses propres limites.
Certainement la raison qui l’avait poussé à ne pas hésiter la moindre seconde lorsque Tempérance, ô doux et charmant Tempérance s’était proposé de lui offrir une visite des souterrains. Il avait fait faux bond aux siens pour rejoindre cet homme qui se trouvait être hors des clans, et pourtant le bienvenu auprès d’Abysse. Une vérité qui n’avait en aucun cas perturbé Arun, en réalité. Les choix d’Abysse étaient les bons. Il ne remettrait pas en cause sa parole. Alors lorsqu’il le rejoint, le visage toujours si impassible d’Arun s’étire du plus maigre des sourires, presque soulagé, à bien y regarder.
Il n’allait pas s’étendre sur le moindre sujet. Pas ici. Pas à proximité des autres. Pas lorsque tous avaient encore leurs regards braqués sur eux. Mais l’ancien pénitent finit enfin par se détendre lorsque l’obscurité leur offre son tendre sarcophage, aussi étouffant qu’approprié. L’écho de leurs pas est le seul refrain qui mène cet échange pour l’instant silencieux. Et ce n’est qu’une fois dans les confins de leur solitude partagée qu’il souffle, doux, rassurant.
Ce n’était pas une critique, mais davantage un constat désabusé. Il offre un sourire un peu moins tendu à Tempérance et incline légèrement la tête sur le côté, l’observant dans leur marche tranquille.
Cela faisait plaisir à Tempérance d'aider quelqu'un. En fait, il adorait ça. Peut-être parce qu'il se sentait utile ? Ou bien parce que ça l'amusait de faire découvrir son monde à quelqu'un. Ou alors simplement, parce qu'il aimait avoir de la compagnie. Cela pouvait arriver, surtout à ce vagabond solitaire. Et puis, en fait, au final, Tempérance appréciait Déchu.
Parfait ! Je ne sais pas trop quel coin te faire visiter en premier. En fait, tu vois. Je ne me suis jamais repéré dans les souterrains. Je crois que tu le sais, d'ailleurs, vu le nombre de fois où je me suis retrouvé perdu dans tes mines ! Enfin, dans les mines. C'est vrai que tu n'es plus un mineur, maintenant.
Le moulin à paroles est lancé, visiblement. Il faut croire que Tempérance apprécie beaucoup la compagnie, toute nouvelle, de Déchu. Son inquiétude semble s'être envolée. Tant mieux, il n'y a jamais rien de pire qu'un esprit embrouillé errant dans les souterrains.
Ne t'en fais pas, je fais ça avec plaisir ! Je suis très heureux que tu te sois finalement rallié à Abysse.
Il s'éloigne du camp, son sourire est tremblotant.
Un peu longue, oui. Disons que le clan d'Abysse s'en sort mieux que d'autres. Tu as bien fait de venir ici.
Ft. Tempérance
Comme si la main d’Arun se posant d’un geste réconfortant sur la nuque de Tempérance était tout ce dont ils avaient besoin. Le geste est doux, protecteur et rassurant, d’une façon qui pourrait dépasser Arun dans d’autres circonstances. Mais en ces lieux, dans ces boyaux obscurs, il tourne simplement son regard vers l’autre homme et le coin de ses lèvres s’ourle d’un quelque chose presque délicat.
Était-il d’ordinaire si loquace ? Déchu détourne les yeux, l’âme légère. C’est une idiotie de sa part, probablement un danger réaliste. Ces dualités ne le dérangent pas, comme une flamme s’éteint sous un souffle léger, et s’embrase à grande ampleur. Tempérance est ce souffle, et Arun s’interrogerait peut-être quant à savoir si cette flamme ne serait pas plus qu’une image.
Mais le temps n’est pas à la réflexion, pas lorsque l’inquiétude flagrante de Tempérance lui serre le cœur. Il soupire, et l’attire calmement contre lui, son bras passant autour du cou de l’autre pour l’étreindre dans cette marche tranquille.
Lui ne sait pas, en réalité, si toutes ces choses seront encore à sa disposition. Les choses seraient peut-être vouées à changer. Mais pour l’instant, protéger et rassurer Tempérance était sa priorité. Une erreur de sa part ? Seul l’avenir le lui dirait.
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