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I can see the pain in your eyes ﻬ Ft. 8027

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Déchu
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ﻬ I can see the pain in your eyes Ft. 8027Il ne devrait pas être là. Il faut être un fou pour attendre ici. Tous les regards qui se posent sur sa silhouette avachie portent le même jugement. C’est un mensonge, une erreur, peu importe le terme, peu importe la raison. 1652 ne devrait pas se tenir là, sous la pluie battante, le corps courbé alors qu’il attend, assis sur ce banc face aux bureaux de la milice du District 08. Certains le reconnaissent, d’autres non. Peut-être que certains le notifieront de déviant, peut-être est-ce ça, la chose qui le fera bannir pour de bon.

C’est comme un suicide, comme accepter le fait qu’il n’y a pas de suite possible à l’aventure. Comme être un pion dans une vérité alternative, quelque chose que l’on déplace par la force, par un mouvement, une puissance qui ne demande pas qu’il réalise, qu’il en ait conscience, qu’il soit consentant. C’est ça qu’on lui a arraché, son droit, son accord, son autonomie, son ego, sa fierté, sa vie. Mais elle, elle. Elle elle a réussi là où tou.te.s les autres ont échoué. Elle elle est parvenue à lui arracher ce qu’il restait de –

Sous la pluie, le bruit des pneus sur l’asphalte ne le perturbe pas plus que la sensation glaciale qui s’étire sur sa peau, là où son uniforme, son bleu de travail, a été placardé contre sa chair, une seconde membrane, un déguisement dont il ne peut plus s’extirper.

Peut-être est-ce ça son tort, le fait qu’il a aimé cette possibilité qu’il avait peut-être entre les mains les moyens d’aider, de faire la différence, de prouver au monde que les choses pouvaient être différentes. C’est sûrement l’espoir de ne pas être qu’un simple moins que rien, qu’un banal personne. Incapable d’utiliser sa tête pour faire le bien. Confiné sous terre. Conformé à l’aigre complexité de n’être qu’une fourmi dans l’engrenage bien huilé qu’il contribue à faire fonctionner. Ou est-il cette anomalie qui coince la machine. C’était sûrement ça, la justice, la finalité toute suprême et ultime de cette vie. Sombrer plus bas que terre, s’y faire enterrer, s’y noyer, s’y perdre, ne jamais plus en revenir et ne manquer à personne.

C’est un coup du hasard, une simple coïncidence, un quelque chose qui tient du destin, d’une fiction, d’un rien. Il relève les yeux, ses mèches claires collées à sa peau basanée, et la pluie a le goût du charbon sur ses lèvres. Le bleu pourtant si vif de ses yeux est presque éteint, et même lorsqu’il reconnait l’allure si fière et élégante de sa partenaire, rien ne semble s’allumer là. Il la regarde, elle le voit, elle doit savoir, a dû être prévenue, l’a sûrement noté par elle-même. Elle sort tard, comme d’habitude. Comment le sait-il ? C’est la première fois qu’il vient ici. Qu’il vient être un époux attentionné. Non, c’est un mensonge. Il n’est jamais venu avant. Et il n’est pas là pour elle ? Peut-être ? Il ne sait plus.

Il veut simplement qu’elle approche, qu’elle ne le repousse pas encore une fois. Il ne saura pas quoi lui dire. Il voudrait simplement se voir offrir le berceau de ses bras, juste une fois. Il voudrait oublier Abysse. Lui avouer la vérité. Lui dire qu’il a merdé, que tout est de sa faute, qu’il n’a plus le temps, qu’il veut l’aimer au moins une fois sans la blesser.

Mais il ne dit rien. N’ose rien. Vide.
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20h11_ 8027 finit beaucoup plus tard d'ordinaire. Pour le quatrième jour d'affilé. Elle n'a pas envie de rentrer à la maison. Pas envie de rester au bureau non plus, d'autant plus qu'Ozzy a l'air de l'avoir dans le viseur. Mais ce n'est pas comme si elle avait autre part où aller. Personne ne l'attend jamais 8027. C'est ça de ne compter que sur soi-même. Dans sa tête, tandis que les cases des tableaux de son logiciel défilent sur le reflet de ses lunettes, c'est toujours la même scène qui se rejoue encore et encore. La vidéo est buguée. Toujours le même arrêt sur image. Ce regard bleu d'une tristesse infinie. Le craquèlement. Bonne nuit Clarice. Et puis une brèche. Depuis laquelle rien ne s'écoule. Tout est sec et fade à l'intérieur, tout a été drainé. Les tacles de 8027 sont souvent trop bien placés.
Rembobine Clarice. Il faut encore qu'elle trouve. Le moment où tout a volé en morceaux. Qu'elle comprenne comment ils ont pu en arriver là. Comment elle a fait Clarice pour déglinguer tant d'années de mariage, toutes les choses qu'ils ont vécu ensemble, toute la confiance qu'ils ont mis tant de mal à s'accorder. Merde. Mais est-ce qu'elle a tort dans le fond ? 1652 est coincé dans cette spirale d'auto-destruction. En dégommant l'engrenage principal, ça aurait du logiquement le stopper non ? Non. L'homme a toujours été un abîme sans fond. Inépuisable de ressources dans son accablante protection. Il se gâche et se détruit à tellement vouloir bien faire. Clarice s'en prend les dommages collatéraux en plein dans sa trogne. Elle passe en revue toutes ses mémoires à s'en faire exploser la cervelle sans réussir à mettre le doigt sur le programme défaillant qui a court-circuité la machine. Et tout recommence.
Bonne nuit Clarice.

Heureusement qu'il pleut. Parce que y'a plus que le déluge pour embrasser ses joues humides. Ses talons cognent contre le trottoir et battent plus fort le bitume que les gouttes du ciel mais Clarice ne les entend pas.
La vérité c'est que le seul danger ici c'est TOI Arun.
Son corps se raidit. Tout se stoppe net. Derrière une voiture qui passe en trombe surgit la carrure gigantesque de 1652 sur le rebord d'en face.
17h44_ Tu es en retard.
Est-ce qu'elle traversera le trottoir cette fois ? Y'a pas de soleil. C'est elle qui est en retard. Peut-être que c'est elle aussi la sauvage.
Arrêt sur image. Zoom. Même de loin, 8027 voit l'air absolument misérable de 1652. Suspicion ? Elle pourrait faire demi-tour, prétendre ne pas l'avoir vu. Elle sort une main d'une des poches de son manteau trop grand, attrape sa propre manche. S'accroche à elle-même. L'espoir lui est interdit. Elle fait mine de continuer son chemin.

Confirmation ?

Une autre voiture passe. Les chaussures de 8027 éclaboussent les flaques. Elle arrive à la hauteur de 1652. La buée sur ses lunettes rend son regard flou comme une dernière barrière entre eux.
Non relevant.

_Bouge tu vas attraper la mort.

Elle pose sa main sur le bras d'Arun et le pousse à avancer.

Motif : Erreur du système.
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ﻬ I can see the pain in your eyes Ft. 8027Aucune raison ne devrait justifier qu’il reconnaisse avec tant de clarté le bruit de ses pas. Paire de chaussure numéro 2, celles qu’elle porte quand elle n’a pas de missions en extérieur. Les talons sont plus bas, elle a racheté cette paire deux fois déjà dans le catalogue. Elle dit que ses pas sont assertifs quand elle marche avec, mais qu’a contrario des autres, elle est confortable dedans et n’a pas des ampoules en fin de journée parce que les talons sont un peu plus courts. Une théorie qu’il ne peut qu’approuver en opinant du chef, il n’a jamais porté ça. De toutes façons, il doit paraître big foot à côté de ses pieds de nymphette.

1652 ne relève pas les yeux lorsque ses souliers entrent dans son champ de vision. Elle allait probablement lui reprocher son comportement. Lui donner son ordre de bannissement. Il n’a pas la force d’en rire ou d’en sourire. C’était sûrement ce qui aurait dû arriver depuis le départ. Recevoir sa déclaration de mort de la main de sa douce. Elle y trouverait peut-être satisfaction. Il sait intimement qu’elle n’a jamais éprouvé de plaisir dans cette tâche. Mais quelque part, l’idée que disparaître de sa vie soulagerait Clarice semble lui faire plus mal qu’il ne daignera l’admettre.

La voix de 8027 est aussi sèche qu’il l’aurait prédit. Aussi incisive que dans ses souvenirs. Comme si le monde s’était effacé et n’avait laissé que les lignes acérées qu’elle avait disposé autour de sa forteresse de solitude. Un rempart qu’il ne pense pas avoir la force de gravir. Qu’il a lui-même incité à ériger.

Le toucher n’épargne pas plus ses pensées. Il se relève, suit ses directives, avance, ressent le besoin d’attraper cette manche trop large qui couvre ses bras frêles. Abandonne. Il la précède ou la suit, la guide ou la traque, jusqu’aux conduits noirs et encombrés du métro du District 08. Il s’était rendu-là à pieds. N’aimait pas ces lignes souterraines qui n’avaient rien du sanctuaire accueillant de ses mines. Ils sont tous là, coincés sur ce quai, écoutant les annonces, la nuque brisée sur l’écran de leur téléphone. Il ne la regarde pas, le bruit du cliquetis répétitif des roues sur les rails approchant vers eux. Un coup de frein prémédité, long, crissant, agressif, saignant.

La rame est pleine, étouffante, plus exigüe qu’à ses souvenirs. Ils sont coincés contre les parois de la rame, lui et sa hauteur ploient le dos, se courbent et enveloppent le néant. Il ne la protège pas de sa figure, de peur d’éveiller son courroux. Depuis quand lui évoquait-elle ce sens d’incertitude ? De malaise ?

Un nouveau coup de frein, plus fort, moins prévisible, secoue l’ensemble des passagers. Il n’y a que la force de l’instinct, le besoin irrémédiable de la protéger, son bras noué à sa taille fine. Il l’a naturellement ramenée contre lui, écrasée avec toute la délicatesse d’une fleur contre l’armoire à glace incassable qu’il représente. Qui y croit encore. Elle l’a éventré, éclaté, réduit en cendre. Abysse, Clarice, Sunny, Leon, Lesley, Dante, Moineau, Violence.

Alors pourquoi est-ce qu’il l’étreint contre lui comme si demain n’arriverait jamais ? Il pourra prétendre qu’il n’a pas eu le choix. Que tout ça était indépendant de sa volonté. Mais elle saura. Saura sentir ses mains trembler sur sa taille. Saura dans son souffle contre son oreille que mille pardons ne sauraient pas dire le poids de sa peine.

Leur arrêt est annoncé. A contre-cœur, il la relâche, embrasse sa tempe et sort de la rame comme une ombre que l’on déplie sous la lumière. Il ne s’en va pourtant pas loin. Il se tourne vers elle, la foule autour d’eux grouille, mais le temps semble figé. Il croise ses yeux, la prunelle des siens, et sans oser lui sourire ni l’interpeler, il ose lui tendre la main.
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20h14_ Sur le trajet du métro, ils n'échangent pas un mot, à peine un regard sous l'averse. 8027 a lâché 1652 pour remettre ses mains dans sa poche. Il marche derrière elle sans oser venir à sa hauteur et elle n'a pas le coeur à le trainer à ses côtés. Elle se tait, baisse la tête et continue de marcher.
Ils dévalent les escaliers de l'arrêt de métro le plus proche. Toujours ce gouffre de silence. Et une fois enfoncés sous terre, se rangent en ligne docile derrière les autres voyageurs. Elle jette un coup d'oeil à 1652 mais le regard de celui-ci est vide et terne comme les murs tâchés de la poussière de la station. Le sentiment de malaise entre eux est presque palpable, tant et si bien que même la pluie et le brouhaha des gens ne semblent pouvoir l'étouffer. Leur train arrive et ils s'engouffrent tout deux à l'intérieur, poussés et happés par la foule moite et chaude. Dans ce wagon bondé qui lui parait étrangement presque vivant sous les pullulements et les souffles des passagers, 8027 et 1652 se retrouvent confinés près d'une paroi. Elle s'accroche comme elle peut à une rampe au-dessus de sa tête soutenue par le grand corps du mineur contre lequel elle se ballote au rythme des saccades du métro. La fatigue l'accablant, elle est presque tentée de fermer les yeux et de se laisser bercer dans la chaleur étouffante et humide de la rame, juste le temps du trajet. Oublier le gouffre, les bonne nuit Clarice, les retours en arrière, les accélérés, les clics sur l'icône signaler. Juste quelques minutes.

Mais un crissement soudain la fait trembler et avant même qu'elle n'ait le temps de réaliser qu'elle perd l'équilibre, le bras d'Arun et la rattrape et la ramène contre lui. 8027 reste quelques instants figée contre la poitrine de l'homme, ne comprenant pas la raison de cet inattendu geste de tendresse puisqu'il la serre à présent sans rien dire au point qu'elle peut sentir ses mains trembloter dans le creux de ses reins. Comment peut-il passer de l'indifférence la plus totale à un telle démonstration d'affection ? Mais Clarice se sent soudainement soulagée, libérée d'un poids immense sur sa poitrine et le temps que le train ne les mène à leur destination, elle ne voit plus l'obscurité de la faille muette en train de les avaler. Elle a passé ses mains dans les poches mouillées d'Arun et ses paupières se sont fermées.
Pourquoi se sent-elle triste tout d'un coup ?

Un ultime coup de frein et une voix automatisée vient briser l'instant. 1652 s'éloigne et bizarrement, 8027 le laisse partir en avant et se fondre dans la masse anonyme des passants. Est-ce pour ça qu'il est venu la chercher ? Était-ce un adieu ?
8027 pense trop. Ils ne font simplement que rentrer à la maison. Mais à l'arrière de son crâne, il y a toujours cette pensée triste comme quoi cet instant n'est qu'une métaphore pour ce qui va suivre.
Pourtant, voici que la nuée humaine se fend en deux et en son centre Arun s'est retourné vers elle. Main tendue. Clarice frémit. Se souvient brutalement de pourquoi elle ne l'a jamais balancé au Conseil, de pourquoi elle cherche son odeur le matin sur l'oreiller, de pourquoi elle jette ses blouses dans la machine à laver. Elle ne réfléchit pas. Bondit et franchit l'espace entre la voiture et la plateforme en attrapant fermement la paume d'Arun. Cette fois-ci leurs mains ne se quittent pas tandis qu'ils remontent en surface. Sur la dernière marche, Clarice s'arrête et lève la tête vers son mari :

_Merci d'être venu.

Il a cette façon si abrupte, si naturelle qu'il a de tendre la main vers elle sans rien espérer en retour même au bord de l'abime.
Clarice se souvient de pourquoi elle l'aime.
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ﻬ I can see the pain in your eyes Ft. 8027Arun se souvient encore de la première fois qu’il l’a rencontrée. Des circonstances qui l’avaient rendu amer, aggravé, même, à l’idée que la milice avait pu le rattraper pour une simple erreur. Une simple erreur qu’il n’était pas parvenu à dissimuler dans l’océan d’illégalité qu’est son existence. Arun enfreint les arrêtés comme il respire – avec un naturel déconcertant, profondément insouciant. Il sait que sa vie n’est qu’une poignée d’heures, de jours, de semaines. Que le jour où la Milice et le Conseil se pencheront réellement sur les mines, il ne restera rien de lui. Rien qu’il puisse sauver sans engendrer la chute de ceux qui lui ont prêté main forte dans cette besogne infinie qu’est celle de sauver des vies. Arun aurait pu être un bon Samaritain, si seulement son sourire et ses mots n’étaient pas aussi corrosifs. Abrasifs.

Clarice a été une complexité inexplicable venue paver le chemin pourtant déjà bien incertain de son existence. Il se souvient encore de ses paroles. De sa demande lorsqu’ils ont décidé de vivre une vie à deux. Arun se souvient de la vigueur de ces doigts pâles contre sa paume lorsqu’elle avait donné vie à Sunny. Il n’aurait pas dû être là. Mais il l’avait été. Il l’avait fait pour elle. Pour elles.

C’est à ça qu’il pense lorsque les doigts graciles de sa compagne se glissent contre sa paume. Lorsque sa main halée peut enfin tenir ce lien qu’ils avaient brisé au gré de leurs discordes. Il la suit, à sa hauteur cette fois-ci, et s’il ne cherche pas son regard, il ne fait rien pour s’éloigner d’elle. Du moins, jusqu’à ce qu’elle ne cesse d’avancer. Arun s’arrête, là, en haut des marches avec elle. Ils avaient mis quelques secondes à reprendre leur marche sur le quai, ils ne bloquaient pas la masse hâtive de travailleurs rejoignant leurs foyers. Mais lorsqu’un homme manque de bousculer Clarice, à grand renfort de parapluie, il la tire à lui, gardant ses yeux dans les siens.

« Fais attention. »

Un murmure, une promesse, une attention délicate. A-t-il un jour été plus tendre ? Comme ces instants volés dans les bras l’un de l’autre. Comme toutes ces fois où ils n’ont que le goût de l’autre sur les lèvres, leurs soupirs étouffés entre leurs draps. Comme la façon qu’il a de repousser ses mèches rousses trempées de sa joue. Elle est précieuse. Trop précieuse pour qu’il ne tente tout ce qui est en son pouvoir pour la sauver. La sauver de ce monde. La sauver de la pluie, de la peine. La sauver de lui.

« Rentrons à la maison. »

Dans un monde parfait, Arun aurait été prévoyant. Aurait apporté un parapluie pour la protéger du froid. Mais il n’est pas cet homme. Ne serait pas lui-même s’il avait ce genre de pensées. Arun est trop brut, trop vrai, trop réel. Il noue pourtant leurs doigts et reprend la marche qui les ramène à leur bloc, leur étage, leur appartement. Leurs peaux sont glacées, leurs vêtements trempés, et lorsqu’il se tourne vers Clarice, alors qu’ils sont encore au pas de la porte, il la regarde sans qu’un mot ne lui vienne. Il la regarde comme un aime se gorger de la vue d’un être cher.

Il devrait parler. Il devrait essayer de régler les erreurs qui sont les siennes. Il devrait chercher son pardon. Il devrait lui dire la vérité. Lui avouer qu’il ne sait plus à quel Dieu se vouer. Que le Conseil n’est pas sa peur, désormais ce sont ces iris carmins qu’il devine instinctivement dans la nuit. Il voudrait lui avouer. Il voudrait tant de choses. Mais sa voix s’éteint dans sa gorge, ses barrières sont déjà baissées. Il cherche le châtiment d’une autre créature divine. Comme s’il n’avait pas appris sa leçon. Comme si Clarice n’avait pas été suffisamment claire.

Pourtant ses gestes sont d’une douceur infinie lorsqu’il ôte les lunettes perchées sur le nez de la rouquine, tâchées de pluie. Il se noie dans ses yeux et se penche sur elle, cherche une rédemption qu’il n’a plus la force de quérir à la force de sa volonté. Il veut une échappatoire. Il veut…

Le bruit sec des montures heurtant le parquet est le seul son perturbant la pluie battant contre les fenêtres de leur appartement. Il n’aurait pas dû, mais sa main repousse l’imperméable trop grand de la carrure si fine et élégante de celle qui a partagé trop de sa vie. Celle qui l’a vu s’effondrer. Celle qu’il n’a jamais suffisamment protégée. Le tissu suit le chemin du sol, et les doigts froids d’Arun se glissent le long de sa gorge diaphane, se faufilent dans l’incarnat délicieux de ses cheveux bouclés par la pluie. Tout aurait été tellement plus facile. Tellement plus facile.

Contre sa nuque, les doigts d’Arun sont une caresse délicate. Il sait qu’elle va le repousser, il sait que ce n’est pas la bonne marche à suivre. Pas la bonne solution. Mais il veut espérer. Il veut croire que contre elle il pourra au moins trouver un semblant de réconfort. Qu’il pourra s’accrocher à plus que le mirage de ces iris brûlants tapies dans le noir. Il n’a pas la force de lutter. Il n’a plus la force de gagner.

Lorsque leurs lèvres se touchent enfin, Arun ne la domine pas. Il la fait déesse d’un piédestal sur lequel il acceptera d’être crucifié si tel est son souhait.
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20h32_ Même en hauteur sur sa marche, 1652 la surpasse et quand un passant s'apprête à la bousculer, pas ému pour un sou devant la scène, c'est lui qui la rattrape et l'attire encore vers elle. C'est devenu presque instinctif cette manie qu'il a de toujours vouloir la protéger mais pour une fois cela attendrit Clarice qui sourit même, sa tête contre le torse d'Arun devant l'ironie de ses propos. Est-ce donc à elle qu'il lui demande de faire attention ? Elle retient une réponse qu'elle sait déjà trop acerbe et se laisse guider sous le déluge sur le chemin de leur appartement.

Après avoir défilé un moment, main dans la main, entre les bâtiments gris sur ce trottoir détrempé, Clarice et Arun s'engouffrent enfin dans l'ascenseur de leur immeuble. Dans la cage, elle lui adresse un regard tendre mais baisse rapidement la tête comme craignant qu'il s'en aperçoive.
Ils passent tout deux le palier de l'entrée et la porte se referme derrière eux. Aussitôt Clarice s'affaire à retirer ses chaussures, pestant dans sa tête contre la pluie qui s'infiltre même sur le sol de son intérieur. La dernière chose qu'elle a envie de faire en rentrant du boulot c'est de passer la serpillère.

_Enlève tes affaires avant de mettre de l'eau partout. Somme-t-elle à 1652 avant de se tourner vers lui.

Elle s'aperçoit alors qu'il la dévisage soudainement avec une douceur qui la fait frissonner quand il lui ôte ses lunettes et qu'elle remarque que l'amour d'Arun déborde dans le bleu de ses yeux. N'importe qui pourrait se noyer dans ce brusque tsunami d'affection. N'importe qui sauf Clarice. Elle ne boit même pas la tasse, à vrai dire elle a appris à nager dans cet océan impétueux et sauvage qu'est la dévotion d'Arun et quand la mer est calme, comme en ce moment, elle s'y sent même en sécurité à voguer sur ces flots qui la bercent avec délicatesse. Peut-être qu'elle est là la vague qu'elle attend.
Les mains de Clarice viennent alors se joindre dans le dos d'Arun, ne se délient que pour faire tomber son manteau trop grand, trop lourd sous l'effet de la pluie et viennent délier les attaches de la blouse du mineur. Elle doit se hisser sur la pointe des pieds pour atteindre son visage et lorsque leurs lèvres se joignent il y a de la passion oui, mais il y a surtout tellement de tendresse, tellement de choses fragiles et douces que tout les mots ne sauraient exprimer et qui fleurissent à nouveau dans ce simple baiser. Au contact de la peau d'Arun elle sent le gouffre disparaitre, peut-être seulement temporairement mais soudainement tout les non-dits entre eux ne semblent plus si importants que cela. Du moins voudrait-elle croire car elle sent la fatigue dans les gestes, dans le regard, dans l'étreinte d'Arun. Il y a un arrière-goût de désespoir dans ce baiser mais elle s'efforce de ne pas y penser. Clarice baisse les armes, refuse pour une fois de venir chercher la petite bête. Appuyer là où ça fait mal, même pour chercher la blessure derrière tout les saignements ne ferait que le braquer et pour une fois elle se laisse juste surfer sur cet infini déferlement d'amour encore présent malgré le temps et ses tempêtes.  

Tant pis pour le parquet, tant pis pour les lunettes et tant pis pour la serpillère, lorsque le torse d'Arun est mis à nu dans l'obscurité de leur salon, elle l'entraine jusqu'à la chambre et fait glisser ses propres vêtements sur le sol pour se faufiler sous la couette. Les draps froids lui donnent la chair de poule mais le corps chaud de son partenaire l'empêche de trembler. Magnétisée, elle se blottit contre lui et l'embrasse sur sa gorge, sa poitrine, collée à sa peau. Ses doigts viennent caresser la joue du mineur et écartent une goutte qui se promène sur sa pommette. Mais le regard de ce dernier lui soutire un soupir triste puisqu'elle ignore d'où vient ce grand chagrin. Elle love alors sa tête sous son menton et l'enlace avec une ferveur exagérée comme elle a pu si bien le faire auparavant, juste avant de minutieusement lui tordre le cou avec des paroles qu'elle regrette. Elle croyait bien faire pourtant.  

_Oh Arun. Sa voix est plus aiguë que d'ordinaire, à demi-enfantine et à demi-grave en même temps. Qu'est-ce que tu as fait encore ? Déchirante.

Parce qu'il a fait quelque chose non ? Pourquoi donc irait-il la chercher après le travail ? Pourquoi donc chercherait-il le réconfort dans ses bras ? Pourquoi est-ce qu'il la prend dans ses bras comme s'il n'y aurait pas de lendemain ?
Et surtout pourquoi est-ce que l'eau sur son visage a le parfum des larmes ?
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ﻬ I can see the pain in your eyes Ft. 8027Arun aurait pu se contenter de moins. De bien moins. Il la connaît par cœur. Sait sans peine qu’elle ne cède pas à ses habitudes pour si peu. Qu’il n’est plus ce qu’elle attend, ce qu’elle désire. Ça devrait être évident, dans la façon qu’ils ont d’exister ensemble. Evident qu’entre eux, il existe une chose qui dans de toutes autres circonstances aurait pu être merveilleuse. Arun le sait. Il n’est pas aveugle. Voit sans aucune peine que Clarice est l’une des meilleures choses qui soit arrivée dans sa vie. Que Clarice est aussi belle que brillante et talentueuse. Mais toutes ces années ternies par ce débat de confiance, par leurs agissements si opposés. Par l’absence de Sunny. Il sait avec une intime conviction que dans un autre monde, dans une autre vie, elle aurait été tout ce dont il avait besoin. Des rires, de la sévérité, de la tendresse, du génie, une merveille. Elle est tout ce dont il avait besoin…

Elle est aussi tout ce qui peut le détruire.

Pour toute la peine qu’ils ont eu à construire leur complicité, pour tous les efforts et les compromis, il n’y avait aucun doute que leur affection mutuelle, leur amour, peu importe sa nature, soit une vérité. Mais il y a des jours comme celui-ci, non… des semaines comme celles qu’ils venaient de traverser, où rien ne voulait aller dans leur sens. Où les incompréhensions de leurs milieux, les fondements de leurs éthiques, de leurs valeurs, se heurtaient sans qu’ils ne puissent se comprendre. Sans que les quiproquos ne viennent les étrangler, là, dans les bras l’un de l’autre.

Arun ne cesse pourtant pas d’y croire. Et pour tout le venin qu’ils ont parfois l’habitude de se cracher à la figure… pour tout le mal qu’ils peuvent se faire respectivement… Arun avait décidé qu’il ne voulait pas continuer sans elle. Ce, à la seule condition qu’elle aussi, veuille de lui. Et il y croit. Y croit au toucher de ses doigts glacés contre sa nuque. Lorsque leurs lèvres se rencontrent et que le goût de la pluie est une saveur qui n’altère pas la douceur qu’est le parfum de Clarice. Elle n’est pas brutale, elle est aussi douce qu’il ne tente de l’être. Il veut son pardon, il veut sa rédemption, sa seconde chance, pour toutes les fois où seconde est devenue éternité.

C’était sûrement trop utopiste. C’était autant pour lui que pour elle, pour Sunny. Mais s’il devait être sincère, c’était surtout pour sa survie. Pour rattraper cette chute vertigineuse qui le laissait dans une inertie assassine, dans une obscurité qui désormais le dérangeait, le démangeait. Il aurait souhaité que Clarice puisse le rassurer. Partager avec elle la peur qui le dévorait de l’intérieur. Tout lui avouer. Il veut une alliée. Il veut qu’elle soit à ses côtés. Il veut…

Il ne veut pas être seul.

Cet égoïste se laisse faire. S’abreuve de l’ardeur des gestes de sa dulcinée. De cette femme aussi assurée qu’elle n’est somptueuse. Est-ce que c’était ça qu’ils auraient ressenti l’un pour l’autre si la vie les avait épargnés ? Il ne sait pas. Arun oublie sous ses doigts, contre ses lèvres. Perds son toucher contre sa peau nue, épouse chacune de ses formes des siennes, et voudrait croire que dans cette vie aussi, ils ont leur chance. Qu’ils sont destinés. Qu’ils n’ont pas été qu’une farce de l’histoire de leur vie.

Les draps sous son dos pourraient être de soie ou de satin, ils ne seraient jamais aussi doux que ses caresses à elle. Depuis combien de temps n’avaient-ils pas partagé un instant de délice ? Aussi simple que leurs deux peaux s’électrisant mutuellement. Que le souffle de sa Clarice contre son torse. Il l’étreint de toutes ses forces, et sa détresse est si évidente. Il a besoin d’elle. Plus que jamais il a besoin d’elle. D’une amie, d’une partenaire, d’un rempart contre sa chute inexorable.

Et c’est dans le son de sa voix qu’il entend que son âme pourrait être sauvée. Dans la candeur avec laquelle elle prononce son nom. Et il la retient contre lui. Veut que leurs deux êtres ne soient qu’un, la remercier de tout son cœur pour ce qu’elle accepte de lui. Tout ce qu’elle fait pour lui.

« Qu’est-ce que tu as fait encore ? »

Les paumes d’Arun se figent sur la peau diaphane. Et dans le sourire qui étire les lèvres du mineur, il y a toute la douceur du monde. Il y a tout ce qu’il aurait dû lui donner sans jamais compter, sans jamais se cacher. Il l’aime, sa Clarice. Il l’a toujours aimée. Comme on aime la personne avec qui on aurait traversé l’adversité, la vie et tous les dangers.

Alors pourquoi est-ce que dans cette vision, ce rêve, cet idylle… Clarice lâche sa main ?

Il a ce rire, ce son presque étouffé, quelque chose débordant d’une mélancolie si vive qu’elle pourrait l’asphyxier. Mais il sourit, sourit à la si triste réalisation que tout ça, tout ça, c’était une vaine mascarade. Arun caresse ses cheveux et redessine la ligne de sa pommette de la pulpe de ses doigts chauds. Il se perd dans le bleu de ses yeux et vient cueillir ses lèvres. Mais quelque chose est différent. Différent dans ce sourire presque rieur d’une ironie brûlante.

« Tu te fais toujours tant de souci ma Clarice… »

Peu importe ce qu’il ferait. Il la protégerait. Il ne serait pas encore une fois celui qui la blesserait. Il sait désormais ce qu’il doit faire. L’épargner doit être sa priorité. Il l’étreint doucement, tendrement, sait qu’elle finira par le repousser et la devance avant d’inverser leurs positions. Elle est là, alanguie dans les draps qu’ils ont partagé ce qui lui semble être toute leur vie, et Arun lui sourit. Lui sourit comme on embrasse le soleil après une éternité de pluie.

« Juste une fois. »

Sont ses derniers mots avant de se pencher pour embrasser les monts délicats de sa poitrine.

Juste une dernière fois.
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milicienne
20h59_ Le bleu des yeux d'Arun est brillant mais brillant d'une lueur qu'elle n'identifie pas, qui l'éblouit. Quels sont tous les secrets qui se terrent au fond des abîmes de son mari ? Quelle carcasse échouée lui cache-t-il encore ? Et oh, pourquoi la regarde-t-elle aussi longuement, si vulnérable et si inaccessible en même temps ? Clarice se demande si la faute ne vient pas d'elle-même, si c'est elle qui est juste tout bonnement incapable de lire à la surface des souffrances d'Arun ce qu'elle est censée faire, lui dire, le convaincre de rester. Ou de partir. Si tel est son souhait, Clarice lui accorde. Elle ne lui demande tout simplement que de rester en vie. Pas pour elle, pas pour Sunny. Pour personne d'autre. Pour lui-même. Arun est un tout à lui seul. Arun ne mérite que la tranquillité à défaut du bonheur alors quelle pièce lui manque-t-il pour qu'il continue avec autant d'acharnement à s'écorcher sur tout les malheurs du monde ?
Alors oui, assurément que Clarice se fait tant de soucis. Comment pourrait-elle autrement ? Elle ne sait pas nager et s'étrangle à voir son mari dériver de plus en plus loin des bouées de sauvetage qu'elle tente pourtant de lui lancer et que le gouffre de silence entre eux avale chaque fois de plus en plus goulument.
Mais Clarice se tait. Se laisse aveugler par le sourire d'Arun quand leurs lèvres se quittent. Dans un consentement silencieux, elle vient glisser ses doigts blancs le long de son dos, les enfoncent même dans sa chair au rythme de leurs gémissements qui sonnent comme le chant d'une élégie à leur amour en train de se consommer.

Lorsque le corps d'Arun retombe près du sien, bouillant, Clarice voudrait pleurer. Parce que leurs ébats lui rappellent que leurs étreintes ont toujours la tendresse et la passion des jours plus heureux quand bien même elle est désormais incapable de réellement toucher son amant. C'est un rappel cruel, un coup de couteau au coeur de réaliser qu'on peut brûler de tant d'amour envers quelqu'un sans arriver à l'atteindre.
Le gouffre entre eux est toujours là. Sur les draps. Il semble la regarder. Pourtant Arun est si proche d'elle ! Pourtant elle sait qu'il l'aime, trop sûrement ! Cette façon qu'il a de la prendre dans ses bras, de l'embrasser, même de soupirer à ses côtés. Ce n'est pas le visage d'un homme qui fait semblant, elle y mettrait sa main à couper. Alors qu'est-ce qui s'est brisé entre les deux ? Pourquoi cherche-t-il sa présence tout en l'esquivant, tout demeurant si distant ? C'est impossible ! C'est impossible d'aimer avec autant de ferveur et de froideur en même temps ! Arun n'est qu'à quelques centimètres d'elle et pourtant c'est comme si elle le regardait à travers une vitre et plus elle frappe dessus, plus elle le voit s'éloigner avec des fissures dans l'âme.
Peut-être que les choses sont comme ça et puis c'est tout. Peut-être qu'ils ne sont pas destinés à être ensemble dans cette vie, que c'est juste un passage, un naufrage. Pire encore, peut-être que c'est ça le véritable amour : accepter que ce vide entre eux deux est ordinaire, fait partie d'un cycle tout naturel. Que les gens qui s'aiment s'ignorent. Mais ce gouffre, ce gouffre, va-t-il continuer à grandir encore ?
Clarice a besoin de savoir.

Clarice a besoin de

_Reste. Qu'elle lui supplie en se collant contre lui, autoritaire même dans sa fragilité. S'il te plaît. Reste. Pour cette nuit et toutes les prochaines.

Pour cette trêve-là, Clarice s'indulge. Elle se laisse sombre dans les flots chauds, plein de mystères et de dévotion de son partenaire en acceptant de ne jamais en voir ni la surface, ni le fond. Elle flotte à l'aveugle contre son torse, la respiration rapide à force de ravaler ses sanglots.
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ﻬ I can see the pain in your eyes Ft. 8027La plus douce des ironies restera éternellement l’amour qu’il lui porte. Comment peut-il tant l’aimer, comment peut-elle tant l’aimer sans que leurs deux intentions ne trouvent jamais à se rencontrer. Peut-être ont-ils simplement été deux étoiles filantes qui n’auraient jamais dû se croiser, mais dont les trajectoires s’étaient brutalement percutées. Arun n’a aucun regret, si ce n’est celui de ne pas avoir pu lui donner plus, sans arrière-pensée ni considération. Comme si chaque concession faite dans leurs plus jeunes années avait ébréché ce qui aurait dû être parfait. Comme si malgré leurs efforts, ils avaient perdu le plus important. Ou peut-être qu’il n’avait simplement jamais été là pour commencer.

Clarice est absolument somptueuse, là, au creux de ses bras. Le halo flamboyant de ses cheveux sur l’oreiller, la pâleur de sa peau sous la sienne halée une poésie qui n’aurait trouvé à être entendue qu’au cœur de leurs ébats. Peut-être que c’est dans le bleu de leurs yeux qu’ils auront toujours été le plus sincères. Peut-être sinon qu’ils n’ont jamais su entendre l’autre. L’entendre dans les hurlements déchirés de leurs âmes séparées. Ils auraient dû avoir le monde. Avoir les plus belles choses possibles et existantes. Mais Arun n’est probablement déjà plus là. Probablement déjà trop usé d’avoir perdu et perdu et perdu encore.

Il pense à ce collier de tellure sur lequel il passe de longues heures depuis des années. Pense à ces moments volés à regarder Sunny. Aux rares rires, aux sourires volés. Il pense à la pluie sur les joues de sa dulcinée, soupire et vient embrasser sa joue rosie par l’effort. Elle est si belle. Si belle et si forte. Quelle ironie, vraiment… Quelle ironie que le monde entier puisse rire de l’impassibilité de son épouse lorsqu’elle en fait une telle force. Quelle ironie que le monde entier puisse juger ce bout de femme à sa seule fonction, sa seule apparence. Aucun saphir n’a jamais été plus bleu que les étoiles accrochées au fond des yeux de Clarice. Un lapis lazuli aussi radieux que mystérieux. Peut-être ne se comprendront-ils jamais. Pas même ce soir. Pas même cette dernière fois.

Mais Arun est un imbécile. Un imbécile qui n’aura jamais saisi combien malgré tout l’acide, toutes les blessures, malgré les crocs et griffes acérés de Clarice… Il n’aura jamais compris combien elle peut l’aimer. Pas même lorsque sa voix tremble dans son austère qualité régalienne. Il la surplombe, repousse ses mèches de sa tempe, là où le rouge s’est invité sur la pâleur diaphane de ses traits. Il se penche pour l’embrasser, pour étouffer ses peurs, pour lui donner ce qu’il pense qu’elle réclame. Il ne comprendra jamais, ou trop tard. Arun n’a jamais été doué pour œuvrer de sentiments. Ne dit-on pas que ceux des mines ont un cœur aussi impénétrable que les parois des murs contre lesquels ils froissent leur labeur éternel ? S’il fallait y croire, peut-être était-ce ça, la réalité. Son cœur n’est que charbon. Qui aurait pu penser qu’il puisse être si friable, dans toute l’obscurité qu’il contient ?

« Je suis là. »

L’idée lui arrache un sourire, l’un de ces sourires qu’ils ont pu s’échanger parfois. Sincère et dénué de toute autre pensée. Arun ne sait pas de quoi sera fait demain. Sait seulement que sous ses doigts, le flanc de Clarice est chaud, que pour cette nuit au moins, elle est à lui. Il ne pense pas au reste. Aux erreurs qu’il a commises impunément. A tout ce qui ne va plus dans ce monde, dans leur monde. Il ne veut pas lui dire la vérité. Ne veut pas l’affliger d’une vérité qu’elle refusera de comprendre. Elle est faite pour le gris de la cité, elle, elle semble avoir compris comment y être heureuse. Lui n’était probablement fait que pour les ombres.

« Dors dans mes bras… Tu veux bien.. ? »

Il caresse ses cheveux, l’attire doucement à lui et embrasse sont front, la garde là, dans leurs draps chauds et réconfortants. Dans ce lit qu’ils ont partagé toutes ces années. Il enfouit son visage contre elle et murmure, tout bas.

« Il y a quelque chose que je veux t’offrir… Tu veux bien attendre encore quelques jours… ? J’espère que ça te plaira… »

Arun n’avoue pas qu’il y a passé des mois, peut-être même des années. Il veut que ce soit parfait. Parfait pour elle. Comme elle.
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21h02_ Perdus l'un dans l'autre, Clarice à flotter sur le radeau de ses propres angoisses et Arun à polir ce mur invisible qui les sépare par son silence destructeur, elle a le sentiment d'avoir failli. À elle-même autant qu'à Arun. Toutefois, puisqu'elle pense que c'est la dernière fois, non puisqu'elle est intimement persuadée que c'est la dernière fois, elle doit se forcer à étouffer ses démons, faire comme si c'était une nuit comme toutes les autres.

Il est là. Il a toujours été là. Elle le croit. Elle le croit tellement fort qu'elle s'écorche le coeur à réaliser qu'elle n'arrive tout de même pas à lui faire entièrement confiance. Pour combien de temps restera-t-il ce soir ? Combien de jours ? Combien de mois ? Avant que le gouffre ne l'appelle à nouveau. Avant de se dire au revoir. Ou adieu plutôt. Elle n'a pas la force de continuer. Si elle le perd, elle n'aura pas la force de le chercher. C'est peut-être ça qui lui fait terriblement peur. Cette absence cruelle de foi, de volonté. Voilà encore quelque chose qui les éloigne : Arun lui est du genre à se donner inconditionnellement, instinctivement quand elle, elle, il faut lui arracher, lui batailler chaque fragment de sa personne jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien, absolument plus rien d'elle-même.
Elle devrait lui faire promettre, le faire jurer de rester mais elle n'en a cependant pas la brutalité, pas la force encore. Pas l'égoïsme. Qui est-elle pour le retenir ?
Alors Clarice se tait. Clarice est vide. Si vide à l'intérieur. Elle n'est plus que la coquille de 8027 et cette coquille est si fatiguée qu'elle se laisse machinalement guider par la voix de son mari, poitrine serrée, lèvres closes, paupières lourdes. Elle est creuse et pourtant toutes ses angoisses pour Arun débordent.

À défaut de pouvoir décrypter ce bug pernicieux qui dérègle son mari, elle choisit de se laisser sombrer. Elle en a quand même le droit non ? Une nuit, une seule nuit de sommeil dans ses bras chauds. Le mineur a à peine le temps de finir sa phrase qu'elle est déjà en train de piquer du nez. Dans ses rêves au moins, elle sera libérée du poids, de toute la douleur d'un amour en train de s'éparpiller.

_Oui...

Usée, désabusée, Clarice semble s'adoucir petit à petit dans l'engourdissement qui précède son assoupissement. Cela fait un moment qu'elle s'est abrutie à avoir baissé sa garde, baissé les bras. Et dans la tendresse toute cabossée qu'elle a donné à Arun, sa vulnérabilité est incapable de quoi que ce soit. Sous la femme aux regards assassins et à l'imper trop grand, c'est une petite créature un peu frêle qui émerge et répond d'un petit miaulement :

_Bien sûr que je t'attendrais, si tu me le demandes... Le voici le plus grand drame de leur histoire : Arun ne lui demande jamais rien quand elle s'abime à combler son silence à grands renforts de reproches et de stress. Mais tu n'as pas besoin de m'offrir quoi que ce soit. Elle n'a jamais été le genre à s'enticher de quoi que ce soit de matériel. S'attacher aux choses du coeur contre sa raison lui parait déjà si épuisant.  

Pataugeant dans sa lente coulée au royaume de Morphée, Clarice ne fait plus trop sens. Difficile de savoir si elle a vraiment compris les paroles de son amant :

_Tu n'as qu'à demander, tu sais... Alors oui, dans le fond, Arun n'a qu'à demander. Mettre des mots sur cette grande fissure entre eux.

Ses yeux se ferment tandis que sa respiration se fait plus lente.
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