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*grésillement* Bienvenue sur ... *grésillement* inneR_A13. Prenez connaissance des *grésillement* -veaux arrêtés. Tout écart sera sanctionné. N'oubli- *grésillement* pas que inneR-A13 ne vous a pas choisi. Vous devez obéissance à votre *grésillement* -érarchie, vous êtes *grésillement* -devables.**fin de la transmission**
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((FLASHBACK)) un esprit faible et un dos solide ≋ 1652

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un jour le vrai soleil viendra

Sous terre, il n'y a aucun moyen de se repérer. les rats utilisent leur toucher, du bout de leurs moustaches jusqu'à leurs sales petits doigts recourbés sur leurs griffes : ils sentent tout, et parviennent à se faufiler sans jamais se tromper. ils semblent fait pour, ils prolifèrent dans le noir, à l'abri des regards humains.

qu'est-ce que qu'ils ont, les hommes ? des yeux, deux grands yeux sensibles à la lumière, quand elle veut bien daigner frapper leur rétine. deux grands yeux... bien inutiles dans la pénombre.

Moineau vit autant le jour que la nuit, mais jamais sans lumière. les néons colorés qui transpercent même le brouillard le plus tenace aident à se repérer, le soleil le réchauffe quand il s'étend paresseusement sur les toits après avoir coursé des pigeons, les étoiles le guide quand il ne retrouve plus son chemin les soirs où le ciel  est dégagé.
mais sous terre, tout est noir. la seule lumière qui l'accompagne est celle qu'il a emmenée avec lui, un tout petit tube néon de la taille de sa main protégé par une armature en métal pour pouvoir l'attacher à sa ceinture. une petite lueur qui projette de grandes ombres qui en deviennent presque terrifiantes, quand elles se déplacent tout au fond des couloirs des souterrains.

... est-ce qu'il est encore dans les souterrains ? ses jambes douloureuses disent que non, ses yeux n'en savent rien et sa tête doute. il semble avoir marché si longtemps que sa sacoche, pourtant bien ajustée et plaquée dans son dos, semble s'être remplie jusqu'à ce que la lanière qu'il porte en bandoulière scie son épaule gauche. il a beau l'ouvrir, la réajuster, l'inspecter à nouveau... le contenu reste le même. il en a pour l'instant simplement sorti une feuille de papier, blanche, imprimée de caractères inconnus au dos, un brouillon abandonné dans des bureaux vides, recouverte par ses propres gribouillis de l'autre,
une tentative ratée de plan,
au fur et à mesure des galeries et des embranchements, la ligne se fait plus tremblante et les petits symboles sont de moins en moins compréhensibles ;
est-ce qu'il se souvient encore de ce qu'il cherchait ?

une fois dans les souterrains, le vagabond a toujours du mal à réfléchir. pourtant, il voulait s'en échapper, non pas par la lourde plaque en métal qu'il soulève maintenant avec aise, mais par l'autre bout. celui dont l'existence n'est mentionnée qu'à voix basse, une fois les adultes endormis. un tunnel si noir qu'on en oublierait presque le soleil, qui débouche sur autre chose, sur des cavités mystérieuses.
on les dit un jour remplies de couleurs scintillantes,
un autre peuplées d'êtres infernaux qui taillent ces boyaux inertes,
parfois simplement habitées par le clapotis de gouttes solitaires qui se faufilent entre les fissures du béton au dessus.

il y est, dans ces couloirs aux parois si inégales qu'ils ne peuvent certainement pas être l'oeuvre des hommes. et il fait noir, si noir. noir.

noir, comme ses mains écorchées qui se rattrapent aux murs sans savoir si c'est le sol ou le plafond.
noir, noirci comme la feuille de papier si précieuse qui a perdu son éclat et n'est plus que sale.
noir, comme les gouttes de sueur qui perlent sur sa peau tannée par le soleil qui lui manque tant, quand est-ce qu'il le reverra, le soleil ?

Moineau n'en veut même plus, des cavernes magiques, des démons et des diamants. il veut simplement retrouver la surface, le béton rassurant qui l'a porté pendant toute son existence, mais même ça, il ne sait plus comment l'atteindre. il se retrouve tout seul, dans la fournaise et l'angoisse, accompagnés simplement de bruits qui l'inquiètent un peu plus à chaque fois. quelques gouttes qui tombent, des grattements presque imperceptibles, le couinement d'un rongeur sans doute, des grattements qui se rapprochent, le choc sourd de ses propres pas, des grattements forts, si forts qu'ils résonnent jusqu'au fond de son crâne, à moins qu'ils ne viennent de là.
des grattements comme si l'on s'écorchait furieusement tous les doigts contre la paroi, mais il n'y a que la terre, il en est (presque) sûr.


quand il se croit prêt à abandonner, les parois s'élargissent sur un Géant sombre. un tas de muscles bien humain, qui semble légèrement courbé sous la voûte minérale. si les légendes n'avaient pas disparues avec les hommes qui les connaissaient, Moineau se dirait qu'il a sous les yeux Atlas, qui porte sur son dos tous le poids du monde. car cette apparition semble pour lui bien plus divine que démoniaque.
il ne sait si le colosse l'a vu, alors il reste là, debout, les doigts serrées sur son plan futile.

il voudrait dire quelque chose mais les mots s'étranglent dans sa gorge soudainement serrée,
et rien ne sort.



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Chaque jour comme le précédent. Une routine qui n’a rien pour le charmer, mais qu’il s’astreint à respecter par la force des choses. D’autres diraient que les arrêtés ne lui en donnent pas le choix. Lui se contentera de penser qu’il ne suffit que d’un esprit non contraint pour s’absoudre de ses chaînes. Sa liberté ne tient pas à ses mouvements. Le Conseil ne pourra pas étouffer ses pensées. Et le jour où ils y parviendront, la question ne se posera de toute façon plus. La mort est une fin en soi, après tout, et il ne la regrettera pas.

Mais jusqu’à preuve du contraire, la milice n’avait aucun moyen de contrôler l’intérieur des mines. La pause méridienne arrivée, le reste du monde s’affaire à chercher la lumière du jour. Lui ne récupère que sa sacoche isotherme et s’enfonce un peu plus dans les boyaux du monde. Contourner les gravats, les débris de bois et d’acier. Le rail permettant de transporter les marchandises est éventré sur la prochaine section. Une échelle en cordage s’élance dans l’obscurité la plus profonde au loin, et lui ne s’arrête pas. Descend dans les souterrains qui sentent l’humidité et le souffre. Rien qui ne parvienne à l’indisposer. Il avait déjà passé trop d’années au creux de ces cavités, l’odeur lui collerait presque à la peau.

Quelques longues minutes dans l’obscurité entrecoupée du faisceau de la torche activée sur son téléphone. La batterie est encore pleine. De toute façon, pour l’utilité qu’il en a pendant ses heures de travail. Retrouvant le creux d’une alcôve qu’il avait adopté comme siège du guetteur il y a des années de cela, son dos n’épouse avec aucune grâce les courbures édentées et sévères de la roche. Mais il y a quelque chose de quasi rassurant et paternel dans la moiteur de la roche. Dans le silence profond à peine interrompu par la course d’un rongeur. L’arrière de son crâne appuyé contre la pierre froide, le faisceau de lumière posé sur sa cuisse ne laisse entrevoir qu’une pâle lueur oranger au travers de ses paupières closes. Il n’y avait pas besoin de beaucoup plus pour lui accorder un instant de quiétude. Il n’avait plus recroisé les vagabonds de Vengeance depuis des semaines. Peut-être avaient-ils enfin retenu leur leçon.

Le cri d’une femelle déplaçant sa portée dans l’obscurité totale lui fait froncer les sourcils alors qu’il écoute le clapotis des gouttes s’écrasant contre les parois érodées. Il y avait un intrus, peu importe sa forme ou son allégeance. Abandonnant ses affaires et ne gardant que son téléphone à la main pour guider ses pas, le silence l’accueille ne répercutant que les foulées trop légères pour ne pas être celles d’un averti. Dans ce presque silence, le roulement d’une pierre au sol, le frottement du tissu, tout est exacerbé. Et lorsqu’il ne reste plus dans ces recoins de pierre que l’écho lointain de pas s’approchant avec incertitude, 1652 éteint sa source de lumière, suivant la pierre des mains sans aucune hésitation. Les boyaux suivants aux tournants sinueux portent les lames d’un granit poreux mal décomposé. Encore quelques pas et le voilà à l’entrée du long couloir de la mort. Ce couloir sans fin qui en avait effrayé plus d’un. Mais pas elle. Pas Violence.

Et la voilà enfin. Cette lueur vacillant au fond du couloir. Tapi dans l’obscurité qu’il a appris à apprivoiser ses pas sont un silence religieux. Ces tunnels sont son purgatoire. Et allant à la rencontre de cette âme égarée, sa face s’assombrit en réalisant qu’il ne s’agit que d’un enfant. 1652 se stoppe dans un mutisme irrévérencieux et il attend que l’énergumène fasse le choix de rebrousser chemin ou de le confronter. Mais les pas hésitants poursuivent leur lancée. Il ne suffit que de quelques mètres avant que la lumière n’éclaire enfin les lignes élancées de la silhouette du mineur. Une apparition dans les bas-fonds. Et voilà l’enfant figé, comme face à un cauchemar.

Il ne faut que peu de jugeote pour réaliser que la créature face à lui n’est pas une menace. Un chiard, rien de plus. A en juger son allure, un vagabond qui n’avait rien à faire dans les sillons parcourant les dessous de l’Inner-A13. 1652 rompt le silence du poids térébrant de ses pas. Les murs restent quant à eux égaux à leur qualification d'inerte, quand bien même à mesure que l’homme approche le gamin, les lieux semblent de plus en plus oppresser ce dernier.

A la lumière blafarde du néon à la ceinture du petit être, la complexion si sombre de 1652 paraîtrait presque pâle, grise et maladive. Lui ne voit que de la peur dans le regard sombre lui faisant face. Dans la sueur et la crasse salissant sa peau.

Mais si ce silence l’indiffère, la présence inconnue et indésirable en ces lieux irrite sa conscience. Le reste est vif et sec lorsqu’il arrache la feuille de papier des mains de l’enfant. Mal répertoriée, incorrecte et hasardeuse. Son étude du document ne dure que quelques secondes avant qu’il ne s’en saisisse à deux mains, déchirant la carte sans crier gare.

« Pars. »

Un seul mot. Une seule information. Un ordre, un commandement. Un défi impunément offert à l’âme couarde de celui qui se retrouve privé de son bien. Il ne croise même pas son regard et se détourne, lâchant simplement une fois le dos tourné.

« Que je ne te revois plus. »

Avant de reprendre sa longue marche au travers du couloir. Et bientôt, dans la lueur presque chancelante qui éclaire l’enfant d’un halo mystique, la silhouette s’efface et s’évapore dans les ombres.
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un jour le vrai soleil viendra

Moineau est enfin face à un être humain mais ne sait plus tout à fait si c'est vraiment ce qu'il souhaitait. il le regarde s'approcher, impressionné par cette silhouette qui semble immense, encore plus dans les galeries étroites. ses pas lourds semblent résonner comme dans une église malgré le peu d'espace, le son donne l'impression de se cogner et de rebondir sur chaque paroi minérale pour cheminer jusqu'aux oreilles de l'enfant qui se retient de tressaillir à chaque foulée. ou peut être que c'est le sang qui bat dans ses tempes si fort qu'il en oublie le reste ? au moins,
il n'entend plus les grattements.


face au colosse qui s'approche et s'agrandit à chaque pas vers lui, le vagabond relève la tête, écarte les épaules et bombe le torse pour essayer de se faire plus grand qu'il ne l'est vraiment. il voit toujours les chats errants le faire, pour ne pas montrer de signes de faiblesse : ils s'arrondissent et se gonflent, la fourrure dressée. s'il pouvait gronder, il le ferait sûrement, mais plus par inquiétude que pour tenter d'intimider l'autre.

il ouvre la bouche au moment où il sent la feuille arrachée de ses mains, mais ne trouve rien à dire. il ne peut que froncer méchamment les sourcils en attendant le verdict cruel qui ne tarde pas. il voudrait protester, récupérer les morceaux, la recoller, une feuille, c'est toujours utile, il pourrait s'en resservir, si seulem- « Pars. »
le mot est sans équivoque et le ton ne laisse aucune place à la discussion.

c'est un ordre, un ordre lâché qui n'attend pas de réponse puisque le colosse se retourne, ne daigne même pas le regarder pour lui dire à nouveau de déguerpir.

ça, ça fait sortir Moineau de sa stupeur. un ordre ! à lui, un ordre ? il est marrant, dis, ce géant qui s'éloigne comme si de rien n'était, à lui dire de s'en aller comme ça. il avait enfin trouvé un moyen de regagner la sortie, et c'est tout ce qu'on lui propose, de repartir d'où il vient, de se perdre à nouveau des heures, d'épuiser le peu de réserves d'eau et de nourriture qu'il a pris pour la journée ?

il s'imagine, tourner le dos et repartir dans l'autre sens,
refaire le même chemin, mais comment ?
il faudra remarcher longtemps,
est-ce que le néon tiendra jusque là ? il clignote déjà de temps en temps.
est-ce qu'il trouvera même le trajet fait à l'aller ?
sa carte ne l'aidait pas à avancer, mais elle aurait pu peut être lui indiquer comment repartir.
il devra s'orienter sans rien,

tout seul.

vite, vite ! Moineau fait quelques pas vers le géant qui l'abandonne et tend le bras. il agrippe son avant bras, ses doigts n'en font même pas le tour mais il serre aussi fort qu'il peut pour ne pas lâcher prise. je peux pas.

je sais pas rentrer, je me suis perdu pendant peut être des heures ou des jours, j'ai cru que la solitude et l'ombre allaient me rendre fou, je me suis retenu de pleurer, j'ai tellement piétiné que je je m'y retrouverai jamais et je vais finir le peu de temps qu'il me reste à vivre dans une galerie sombre perdue dans les entrailles de la Terre qui s'effondrera peut être sur moi et m'engloutira alors que j'entendrai une dernière fois les grattements dans le mur et je... aide moi. un autre ordre, aussi catégorique, mais la voix est plus frêle. moins assurée. il fait les gros yeux, essaye de se montrer sûr de lui, mais un léger tremblement le trahit à la fin de sa phrase.

aide moi, s'il te plait.



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Il y a quelque chose de très particulier à entendre l’écho d’un souffle dans la pénombre. Les battements du cœur se font précipités, et aux oreilles de quiconque, il semblerait qu’une explosion soit en train de se dérouler. Les choses perdent leur proportion. Le noir exacerbe cette perte d’identité, cette peur du gouffre, de sombrer, d’à tout jamais être oublié aux mains du néant. La perte de ses sens, de ses repères, de la notion d’espace, de temps. Le fond de ces grottes est un refuge d’adoption pour 1652. Ce depuis des années. Mais s’il n’avouera pas que le visage de cet enfant est gravé dans ses rétines, il sait pourtant que dans ces yeux sombres, la peur du vide est réelle. Il restait simplement à savoir combien de temps celui-ci mettrait avant d’avouer sa défaite.

Lui qui d’ordinaire se déplace d’un pas félin et presque silencieux laisse jouer l’écho de ses pas dans les galeries. Dans l’infinité des dédales qui l’entoure se répercute la marche affirmée et sûre d’un homme qui même dépourvu de l’un de ses sens pourrait naviguer dans ces chemins cachés et reniés de tous. Mais pas lui. Pas cet enfant. Et les pas précipités qui le poursuivent subitement en sont la preuve. Et sa prise sur le bras du mineur pourrait être assassine si elle n’était pas celle d’un chérubin tombé du ciel droit en enfer.

Aussi net que le son de cette voix frêle, le pénitent cesse sa marche. Comme un vice faisant face à un miroir. Contemplant l’atrocité d’une réalité qui lui est offerte. Allait-il partir sans se préoccuper des complaintes d’une créature perdue aux bras du monde ? Que faisait-il là pour commencer ? En avait-il seulement quelque chose à faire ? Autant de questions auxquelles il n’aura pas besoin de répondre. Il ne suffit que d’un aveu de la part du petit être pour que 1652 daigne enfin se tourner à nouveau vers lui. Le néon clignote et son regard se porte à la ceinture de l’enfant.

D’une main assurée, il détache le néon de la lanière de cuir enserrant la taille trop étroite. Portant la lumière blafarde devant la face sale se sueur et de crasse, il saisit le visage poupin de sa main libre, la prise acérée et menaçante sur le côté de cette figure marquée par la fatigue. La lumière est directement pointée sur ses yeux lorsque du pouce il tire sur la paupière inférieure, inspectant son iris, la contraction ralentie de sa pupille face à la lumière. Relâcher prise avant de tirer sur sa lèvre, à la façon dont certains spécialistes auraient tiré sur les babines d’un animal pour en exposer les crocs. Gencive sèche, pupilles aux temps de latence ralenti.

« Attrape. »

Un soupir et il relâche la lampe. Tomberait-elle au sol où entre les mains de l’enfant ? Indifférent. Ses mains à lui sont déjà affairées à parcourir l’intérieur d’une poche placée à la hauteur de sa cuisse. Dans le quasi-silence, le métal tinte tandis qu’il dévisse d’une main le bouchon de sa flasque. L’odeur est rance et amère. Rien qui ne couvrirait néanmoins l’odeur poignante du souffre.

« Bois. Pas de discussion. »

Peut-être serait-ce son premier goût de l’alcool. Aussi bon à brûler qu’à désherber. Il lui donnerait de l’eau lorsqu’ils retrouveraient sa tanière. En espérant qu’il ne s’étouffe pas avec sa propre salive d’ici là.

« Ramène-toi. »

Et reprendre sa marche, plus lente, moins menaçante.
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un jour le vrai soleil viendra

Moineau resserre ses doigts, serre jusqu'à ce qu'ils blanchissent, force comme il ne l'avait jamais fait avant. il a l'impression que c'est sa vie qui se joue ici, alors il s'accroche à la seule bouée que le Destin a bien daigné lui envoyer, même si c'est un géant peu accommodant. ses lèvres fines s'agitent dans une prière silencieuse, adressée à qui veut bien l'entendre, à n'importe quel esprit qui aurait pitié de lui.

l'enfant ne sait si c'est un esprit pernicieux ou bienveillant, qui l'a entendu. il sait simplement qu'il agit, puisque le titan s'arrête un instant et le regarde à nouveau. ou plutôt, la pauvre source de lumière qu'il avait jugée suffisante en partant en cachette le matin même. il pense un instant que les âmes des galeries souterraines veulent l'aider, mais doute sérieusement quand on lui prend cette lanterne de fortune. eh ! va-t-on le détrousser avant de le planter là ? impuissant et immobilisé par l'étreinte de fer sur son visage, il ne peut qu'attendre, et prier à nouveau.

... s'il vous plait s'il vous plait s'il vous plait...

est-ce qu'il a décidé de retenir un méchant homme qui mange les enfants en se terrant dans les souterrains ? ce n'est peut être pas Atlas qui se tient en face de lui, mais Chronos. Moineau est pourtant persuadé qu'aucun humain de chair et de sang ne peut être aussi mauvais, et la chaleur bien humaine qui colle encore à ses doigts qui ne tiennent plus que vide témoigne en la faveur du géant. le supplice dure juste assez pour que le doute subsiste dans la tête déjà bien affairée du vagabond, avant de sortir sain et sauf de cet examen étrange.

il rattrape in extremis sa lampe avant qu'elle ne se fracasse sur le sol et la remet en grognant, se disant que les esprits lui sont peut être favorable, mais d'une bien étrange manière. et cette flasque qu'on lui tend, est-ce encore un test ?

méfiant, il renifle l'odeur qui s'en échappe, mais il se plie aux ordres et ne dit rien. la curiosité l'emporte sur ses inquiétudes. sans vraiment y réfléchir, ça lui rappelle les verres que se passent ses oncles le soir lorsqu'ils pensent que les enfants sont endormis, et qui les font sacrément rire. il y a déjà goûté quelques fois, en cachette, alors il s'attend au même goût trop sucré et doucereux, comme un fruit presque pourri. cette fois pourtant, ça n'a rien à voir. l'odeur annonce la brûlure que le liquide laisse dans sa gorge, il hésite à recracher mais c'est déjà trop tard, la petite gorgée qu'il a prise est déjà avalée, alors il ne lui reste plus qu'à redonner la flasque en se retenant de tousser. le chaud se propage le long de son œsophage, jusque dans sa poitrine. il a l'impression que son cœur lui même se réchauffe.
ça chasse ses peurs les moins tenaces et lui redonne un peu de courage. assez pour rattraper la grande figure qui le devance, sans même remarquer que les pas se sont ralentis pour lui. et... il lui fait la leçon. attention avec ma lampe, la prochaine fois. je l'ai faite moi même ! si t'en veux une, faut m'demander, pas me la piquer.

les grandes enjambées sont plus lentes, assez pour que l'enfant puisse se faufiler à côté du géant, quitte à parfois s'écorcher contre les parois des galeries. pas question qu'il s'éloigne à nouveau, cette fois ! pour s'en assurer, il essaye sans se faire remarquer d'approcher son bras. dans cette main de colosse qui pourrait le briser à tout instant s'il le souhaitait, il y glisse sa propre main, minuscule en comparaison, entre les doigts qui enserraient à l'instant son visage pour l'examiner. il lui tient la main,
et serre gentiment.



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D’autres auraient pu sourire en voyant le rejeton avaler de la sorte l’âpre vinaigre qui lui servait de remontant. Mais pas 1652. Lui ne récupère que sa flasque, continuant sa lente traversée. Peu importe d’où venait cet enfant, sa place n’était pas ici. Pourquoi avait-il été laissé à ses propres frasques pour commencer ? Quelle était son intention ? Pourquoi n’avait-il pas simplement rebroussé chemin ? Des interrogations qu’il pourrait retourner au marmot, mais aucune parole n’est adressée au susdit.

Du moins jusqu’à cette tentative d’impressionner le mineur qui ne l’interrompt même pas dans sa marche. Une simple œillade blasée sera le seul signe qu’il aura été écouté. Tous les enfants du monde extérieur étaient-ils aussi insolents et dénués d’un sens basique de survie ? Quelle drôle d’idée de vanter de la sorte ses compétences. Voulait-il être enlevé ? Ou pensait-il qu’une qualité telle pourrait l’épargner ? Mais d’un autre côté, l’idée s’agrippe à ses pensées. Pouvait-il être utile ? Peut-être que –

Mais cette main moite et froide, presque tremblante se glisse au creux de sa paume. Qui pensait-il duper ? 1652 ne soupire pas, non. D’un geste un peu plus affirmé, il tire l’enfant contre son flanc, contrebalançant l’effort du rejeton de marcher côte à côte. Le relief acerbe des murs ne l’inquiète pas. Quelques égratignures ne feraient plus aucune différence. Protéger l’enfant, en revanche…

C’est dans un silence quasi parfait qu’ils retracent le chemin qu’avait emprunté 1652 jusqu’à sa caverne. Rendus à l’entrée de la cavité plus élargie et marquée à la craie sur ses murs – des signes en tous genres, des marques qui avaient dû appartenir à d’autres avant lui ; avant eux – le basané relâche la main furtive et retourne calmement près de son siège de fortune. Ses quelques affaires sont posées sur le côté, n’adressant toujours pas un mot à l’enfant avant de finalement se tourner - deux foulées et il se tient à nouveau face à lui, le dominant de toute son imposante carrure. Et de la même façon qu’il avait déplacé ses propres affaires, il attrape le môme pour les aisselles et le soulève, allant l’asseoir sur le siège. Une fois fait, 1652 s’accroupit là, à ses pieds, ne le regardant pas, plus intéressé à ouvrir sa petite sacoche isotherme.

« Ton nom ? Et qu’est-ce que tu fais ici ? »

Il n’y a aucune animosité, mais aucune place non plus pour les jérémiades. Il sort enfin la boîte plastique contenant son déjeuner tout prêt, commandé quelques jours plus tôt par ses soins. Il n’aime pas penser à ce genre de détails. Trop contraignant. Il ouvre le couvercle et tend le tout à l’enfant. Un simple simili burrito à l’intérieur.

« Tiens. »

Une distraction pour venir extirper le sac du mioche de sa prise, fouillant sans plus de cérémonie dans le contenu maigre qu’il avait emmené avec lui. Il extrait un paquet de feuilles, poursuit sa quête pour trouver ce qui s’approche d’un stylo et finit par s’asseoir en tailleur devant lui. D’abord silencieux, il relève enfin le visage et le scrute, l’air toujours aussi impassible.

« Mange. »
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un jour le vrai soleil viendra

Occupé à serrer cette main sans même qu'on lui ai tendue, réclamant ce qu'il pense être juste, Moineau se sent à se place.

pas tout de suite. il hésite d'abord un peu en frôlant les parois trop proches et trop acérées. il se demande encore si ce n'est pas un mauvais esprit qui lui joue un tour et compte l'emmener encore plus profond sous terre jusqu'aux enfers où les démons dont il a entendu parler la détruise à petit feu avec des machines aux bruits terribles. mais cette communication, cette tentative de se lier lui obtient une réponse, un geste. quelque chose qu'il attendait sans même le savoir.
quelque chose qui lui fait sentir une chaleur inconnue et soudaine en plein milieu des joues.

gêné et heureux à la fois, il n'ose plus rien dire et suit sagement. il a décidé qu'on pouvait bien tenter de le piéger, de le perdre à tout jamais jusqu'à ce qu'il oublie le soleil, qu'on pouvait bien faire ce qu'on voulait : il le suivrait, il lui faisait confiance sans même savoir tout à fait pourquoi.
il avait choisi et comptait bien s'y tenir, un point c'est tout.

c'est pour ça que l'enfant accepte tout et ne se débat pas. il ne se débat pas, quand on le soulève comme s'il ne pesait rien, il ne se débat pas quand on l'installe dans un renfoncement de la roche. la paroi est fraîche et presque humide tout contre son dos, ça lui fait du bien, il laisse même échapper un léger soupir à peine audible, recouvert par les bruits du géant qui fouille dans ses propres affaires.

Moineau n'a jamais vu ça de sa vie, alors il ne rate pas le spectacle d'une miette. il est si absorbé qu'il entend à peine les questions qu'on lui pose. il se demande brièvement si l'autre ne sait s'exprimer que par ordres, mais une fois le couvercle de la boîte étrange retiré, il n'a d'yeux que pour elle, et l'inspecte un moment une fois qu'il peut la prendre dans ses mains. il renifle la nourriture à l'intérieur, tout aussi méfiant que pour la flasque, peut être même plus. il est trop absorbé par son inspection pour vraiment prendre le temps de protester quand on fouille dans son sac. il n'a donc aucunes manières, ce colosse ! fais ce que je te dis, va par là, va par ici, laisse moi fouiller tes affaires...

mais Moineau a décidé qu'il le suivrai.

alors il se contente de grogner, déchire le burrito en deux et remet une des deux moitié dans la boîte pour la rendre. toi aussi. toi aussi, il faut bien que tu manges.

au sein de la Famille, on parle parfois de ce qu'ils mangent, les "citoyens", mais jamais en bien. on dit toujours qu'on mange bien mieux, qu'au moins on est sûr d'où vient la viande puisqu'on la chasse nous même, et que nos ingrédients sont sûrement bien plus frais que les leur. bref, on dit que c'est meilleur. l'enfant est curieux et se demande bien ce que vaut la nourriture que les vrais habitants ont, alors il s'empresse de mordre dedans et finit tout en quelques bouchées à peine.
... il se dit que sa Famille a raison.

il plisse les yeux, quand il voit un stylo si proche d'une de ses précieuses feuilles de papier. il n'arrive pas à savoir ce qui se trame exactement entre ces deux yeux clairs qui brillent comme deux pierres précieuses enfouies dans la houille noire. s'il se met à écrire... il a encore moins de chances de savoir ce qu'il pense. mais il se plie au jeu, c'est la moindre des choses après avoir, selon lui, "partagé un repas".

Moineau. et toi ? il soutient son regard, se force à combattre l'envie de baisser les yeux. il a l'impression d'avoir à prouver quelque chose. quoi ? aucune idée. mais ce dont il est sûr, c'est que ce qu'on lui demande, les vraies raisons de sa visite ici... il n'a pas vraiment envie de les dire.

pourtant, il faut bien jouer carte sur table. ... on raconte beaucoup de choses sur le dessous. on dit qu'il y a... des trucs. des esprits bon ou mauvais, et des choses précieuses. des chemins vers ailleurs. ... ce n'est pas si compliqué que ça, en fait. mais ça rend toute cette escapade terrifiante bien risible, maintenant qu'il y pense. il a même un peu honte... impossible de soutenir le regard du géant bienfaiteur. toujours obligé de vivre avec tout le monde, avec les mêmes... j'étouffe. il se recroqueville sur lui même à chaque mot prononcé, pour finir presque en boule. les jambes remontées jusqu'à son torse, ses bras enserrent ses genoux. le dernier mot est presque étouffé.

l'enfant se tord les mains dans tous les sens. il ne tient pas tout à fait en place, il gigote et attend quelque chose, n'importe quoi pour chasser la gêne.



Déchu
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((FLASHBACK)) un esprit faible et un dos solide ≋ 1652 Fbab008c3ae9f8d17aadf77f5d836577
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bras droit du clan abysse
ﻬ You wander your own land
Ft. Moineau
La surprise ne s’affiche pas sur son visage, mais 1652 se voit obligé de constater que pour tout manque de sens de l’orientation et capacité de cartographie dont pouvait faire preuve l’enfant, son sens commun et ses valeurs… étaient probablement plus réelles et altruistes que la majorité des pénitents. Beaucoup comptent leurs crédits jalousement. Il faut être de l’un de ces cercles fermés pour que le partage devienne une notion plausible. Et bien des fois, même la pénibilité du labeur n’était pas suffisante à créer la cohésion de groupe. La société était trop individualiste. Trop déshumanisée. Mais pourquoi s’en étonnerait-il. Ils ont tous été élevés dans ce contexte-là.

Sans un mot, il récupère sa part de la pitance et observe le gamin tandis qu’il dévore – ni plus ni moins – la forme inconsistante de son repas. Au moins l’appétit ne lui manque pas. Comme pour aller dans ce sens, il lui tend la gourde métallique contenant de l’eau encore fraîche, suivant les lignes plutôt harmonieuse de ce visage. Quelques cicatrices et égratignures s’étalent sur la peau halée. Et voilà maintenant le nom de l’enfant. Un oiseau perdu dans les tunnels. Ça lui rappellerait presque les histoires des anciens. Ces oiseaux amenés-là pour la sécurité des mineurs. Une légende, rien de plus.

« Arun. »

Mais pour tout le stoïcisme dont il pouvait faire preuve, ce furent les explications du gamin qui réussirent à lui faire relever l’arche d’un sourcil. Des esprits ? Il ne dit rien sur ces choses-là. Probablement les adultes de son clan avaient-il inventé ces histoires pour éviter aux plus téméraires de s’aventurer dans les galeries souterraines. Le seul esprit de légende qu’il connaissait pour sûr dans ces bas-fonds portait le nom de Violence. Et toute chair et âme contenait-elle dans ce corps gracile, pouvait soulever la peur chez quiconque. Elle est une créature de mythes. A n’en point douter.

S’il ne réplique rien aux raisons primaires de sa venue, ses intentions ont cependant le mérite d’attiser la curiosité du mineur. Etouffer. Un sentiment qu’il ne comprenait que trop bien. Beaucoup trop bien.

Observant un long moment la pose profondément introvertie d’un petit être pourtant bien plus brave que son âge ne le laisserait présumer, 1652 commence enfin à tracer les premières lignes de sa création sur l’une des feuilles de papier. Les premiers traits pourraient être de simples griffonnages, mais progressivement, l’allure d’une carte se devine sur l’étendue légèrement jaunie.

« Ici c’est le District 08. Tu es arrivé jusqu’aux mines d’Inner-A13. »

Ses yeux ne se détachent pas de sa composition, poursuivant le tracé presque surréaliste des galeries, un rhizome plus intelligent que le monde. Une toile d’araignée dont il connaît tous les recoins. Mais dans ces marques, dans la progression infinie des chemins, il commence à annoter les zones de danger tout autant que celles des clans dont il ne devait pas croiser le chemin. Le clan vengeance arpente ces galeries. Et une mauvaise rencontre n’était pas à proscrire. Alors il poursuit, calmement.

« Ne reviens plus ici. »

Des paroles qui semblent sans appel. Mais là n’est pas la vérité. Celui qui restera en vie le plus longtemps est celui qui connaît son environnement comme les lignes de sa main. Il devait devenir insaisissable. Intouchable. Eternel.

« Apprends d’abord à fuir avant de découvrir. »
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