CHROMA
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Cattleya
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secrétaire de Jeremiah
>_ Chimère : Au commencement, elle n’était pas elle-même. «Vous reprendriez bien un peu de café ?» Elle n’aimait pas le café. Elle acquiesça. Cattleya lui remplit sa tasse d’une eau froide et morne jusqu’à ce qu’elle déborde. «Comment vous portez vous ?» «Toujours morte.» «Ce sont des choses qui arrivent.» La cafetière n’avait pas de fond. Où se tenaient-elles ? Nulle part. Pourtant l’eau montait le long de sa chaise. Elle se mit à flotter avec elle et leva le menton pour pouvoir respirer. Cattelya elle, buvait toujours la tasse. Elle n’était pas perturbée par le torrent. Puis l’eau monta encore et elle ne respirait plus. Mais elle ne pouvait pas mourir. Ses poumons se remplissaient d’eau jusqu’à exploser et elle hurlait des bulles — mais elle ne pouvait pas mourir. «Attention», dit Cattleya, parfaitement indifférente. Elle regardait en arrière, comme si quelque chose arrivait droit sur elles. «Ça va secouer.»

Lorsque tu sursautes, pourtant, tout est à sa place — à ton exception. Ton lit n’était pas un bureau et ce n’était pas ta chambre. Alors où étais-tu ? Nulle part, une nouvelle fois. Puis ta vision se précise. Tu prends conscience de toi-même. Cat-tle-ya. Ça glisse sur la langue. Tu es en sueur. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Tes cheveux se collent à ton visage.

Tu te relèves. Tu es bien à ton bureau et il est humide, comme si ce qui t’arrivait lui arrivait aussi. Des feuilles collent à tes bras et tu les détaches : il y a un matricule, des reproches et des preuves. La plaidoirie. Où était Jeremiah ? Ton monde s’étend encore. Tu vois son bureau, mais il est vide. Ce n’était pas étonnant. Mais ceux des autres le sont aussi. Ça par contre, c’était étrange.

>_ Cattleya : Il est quatre heure du matin au conseil.
Éveilles toi. Sens les roses.
Ah, mais vous êtes là, vous aussi.


Qui donc ? Tu ne voyais personne. On ne voyait pas grand chose, à vrai dire, à travers toute cette eau. Puis tu clignes des yeux et il fait sec. C’était ce qu’on appelle un réveil difficile. Tu te frottes les yeux en pensant à une tasse de café sans café, un torrent et des bulles.

Attention —
Ça va secouer.

Mais il ne se passe rien : Il n’y a que toi qui se secoue. Tu te dégourdis les jambes jusqu’à la lumière que tu allumes d’un geste machinal. Un geste matinal. Personne, décidément. Certes tu prenais la ponctualité très à cœur mais là c’était un petit peu exagéré. Alors tu restes bien bête, là, avant tes cheveux collants et ton interrupteur et ton dossier, sans savoir si tu devais rester ou partir.

C’est là que tu l’entends encore. Éveillée, c’est la première fois — mais endormie, c’est ce bruit qui t’a tiré hors de l’eau. Tu te tournes vers lui, instinctivement, et tu connais déjà le chemin.

Il est encore tôt : tu t’y rends en traînant la patte — et pourtant tu t’y rends. Tu craignais qu’un oiseau soit encore rentré par une fenêtre laissée ouverte : la première fois que ça t’était arrivée, tu avais eu une belle frayeur, parce que tu étais toute seule aussi et qu’est-ce qui pouvait bien faire tout ce bruit ?

Tu t’attendais à tomber sur — qui d’ailleurs ? Abysse en personne ? Mais tu avais trouvé à la place un pigeon qui était encore plus paniqué que toi. Pauvre bête. Ça te prit du temps de nettoyer toutes ces plumes mais tu préférais le conseil sans créature en détresse à l’intérieur. Et puis ça te faisait toujours plaisir de pouvoir caresser un animal, surtout avec une excuse en béton comme celle-ci.

Drôle d’oiseau qu’Amaury.
Ça pour une surprise.

Tu allumais les lumières en même temps que tu marchais et FLASH ! Il était là.

Ça, pour une surprise.

Tu le considéras un moment, avec une expression de profonde concentration qui ne se décollait plus de ton visage.

Il,
Il, euh —
Tu le trouvais très beau.

Mais il fallait croire que tu n’étais pas si bien réveillée que ça, si tu tombais sur lui à quatre heures du matin, seule, au conseil. Alors tu éteins la lumière, ce qui suffisait en général à chasser tes désillusions les plus accrochées. Pourtant, il était toujours là.

Certes c’était toujours un plaisir de voir son merveilleux,
délicat ?
séduisant.
exquis !
visage, mais tu passais une soirée suffisamment étrange comme cela.

Tu préférais encore être hantée par ta sœur que par l’homme pour lequel tu avais un béguin monstrueux. Si Jeremiah l’apprenait, tu n’en entendrais jamais la fin, alors tu gardais ça aussi secret que possible.  

Il était temps de sortir les grands moyens. Et par les grands moyens, tu entendais t’approcher de lui en te frottant les yeux, encore à moitié endormie, et lui effleurer l'épaule. Ça marchait bien pour ta sœur d’habitude.

Allez, ouste.

D’habitude.
Pourquoi ça ne marchait pas pour lui ?

>_ Cattleya : Il est toujours là. Qu’est-ce que tu fais ?

O-Oh. Oh non. Qu'estcequejefais ?

Ce qu'elle faisait : Hum. Mieux valait ne pas y penser. Assumer jusqu'au bout. Inventer une histoire.

A-Amaury. Bonsoir. Je ne vous avais ? Pas vu ? Jesuisdésoléejeviensdemeréveiller.

Certes elle oubliait son cauchemar, mais elle n'était pas sûre de lui préférer celui-ci.


cadeau de mariage:
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Ca recommençait. Amaury ne se souvenait pas avoir fermé les yeux - mais entre nous, il ne se souvenait pas non plus être sorti de chez lui, il ne se souvenait pas non plus s'être rendu au siège du Conseil. Il n'y avait rien de plus qu'un flash. Les derniers mots qu'il a prononcé avant de sortir du siège -probablement adressés à Aden, mais s'il s'en souvenait... allez savoir- et rien.

Les longs couloirs. Vides, et sombres. Ils auraient même pu réveiller des peurs d'enfant: si Amaury n'était pas déjà suffisamment confus. Qu'est-ce qu'il lui était arrivé ? Cela s'était déjà produit une fois. La fois où il s'était perdu dans le centre, dans les ruelles zigzagantes, pour finir planté comme une jolie fleur dans la rue où Aden logeait. Amaury espérait simplement que ce ne soit qu'un des symptômes de sa fatigue. Oui, c'était certainement ça. Il était tout simplement épuisé. Ca ne ressemblait en rien à mauvais présage.

Les lourdes portes du siège, qui lui semblaient insurmontables ce soir-là. Il les poussait avec difficulté, presque épuisé à chaque porte qu'il franchissait. Et parce qu'il était particulièrement stupide au réveil, Amaury faisait, sans aucun remord, un bruit qui aurait pu réveiller les bannis. La lumière s'allume soudainement, vive et claire, et il jure un peu. Quelle idée de marcher comme ça dans le noir, aussi ! Aussi triste qu'un vagabond, à tâtonner dans le noir jusqu'à trouver une sortie.

Et devant lui, Cattleya. Si c'était bien ça, son prénom. En fait, il n'en savait rien. C'était juste "la secrétaire de cet horrible clown de Jeremiah", au final. Elle éteint la lumière; Amaury plisse les yeux. Pas certain de comprendre. Mais qu'est-ce qu'elle fait, cette conne, il se demande. Il fronce les sourcils, pas sûr de vouloir comprendre, au final. Il s'approche, et, ça tombe bien ! Elle s'approche aussi. Oh, elle était mignonne, c'était évident. Mais Amaury s'en contrefichait un peu.

Ouste, qu'elle lui dit. Ca a le mérite de laisser Amaury bouche-bée. Mais pour qui elle se prend ? En fait, il a plein de questions. Et n'était pas sûr de trouver leurs réponses de sitôt. Elle bafouille. A ce stade-là, il est dégoûté, à défaut d'être attendri.

Regardez devant vous, alors. Qu'est-ce que vous faites ici, vous n'avez pas d'appartement dans lequel dormir ?

Peut-être que ça sonnait moins hautain dans sa tête. Il enlève précautionneusement la main de Cattleya de son épaule. Cette fille était complètement cinglée. Ou alors juste endormie ? Lui aussi, il était bizarre quand il dormait. Regardez donc, il avait fait le chemin de son appartement jusqu'au siège du Conseil les yeux fermés. Littéralement. Alors qui est-il pour juger ? ... Certes, ce n'était pas cette pensée pleine de bonté qui allait l'empêcher de prendre Cattleya pour une folle furieuse.

Il est peut-être temps de rentrer chez...

Un tremblement, infime au départ, le pousse à se taire pour écouter. Ca tremble, autour d'eux. Ca tremble, c'est terrifiant. Ca tremble comme jamais, en fait, c'est bien la première fois que les murs et le sol et le plafond tremblent de cette façon. Et en fait, quand Amaury baisse les yeux sur Cattleya, il a l'impression qu'ils s'y attendaient tous les deux.
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Et c’était quelque chose de se dire qu’à un événement près, tu aurais vécu ce jour comme le pire de ta vie. Mais ta sœur avait sauté — et depuis tu n’étais plus la même. C’était presque alarmant, ces mots là : tu n’étais plus la même. Tu lui avais tout pris dans sa chute : son assurance, sa résilience et même sa tolérance au grand n'importe quoi.

Comment pouvaient-ils être certain que la bonne sœur était tombée, ce jour là ?
Tu n’étais plus la même.

Cette histoire mettait tes petits tracas en perspective et à force, tu ne trouvais plus rien de grave à quoi que ce soit. C’était une bonne chose parce que tu n’allais pas tarder à rencontrer Abysse et il te faudrait alors bien du courage : Mais aujourd’hui ça te permettait surtout de ne pas mourir de honte.

Ce n’est pas comme ça que tu espérais le connaître, Amaury, mais tu lui survivrais, à lui et à d’autre. Bien sûr, tu ne pouvais que pincer des lèvres alors qu’il te réprimandait sur ton inattention (oh ça, tu faisais très attention, seulement pas aux bonnes choses) et tu te dis que tu étais bien au travail, après tout. Pourtant tu ne rentres pas pleurer dans ton coussin pour avoir gâché tes chances, parce que tu connais la seule vérité qui importe : celle que tu n’en avais pas.

Et puis il y avait Aden.
Et puis tu n'avais pas le temps.

Ce béguin tenait de l’escapisme — une bouée à laquelle tu t’attachais parce que tu plongeais en eau profonde et tu devais te rappeler ce que c’était d’être Cattleya : timide, rougissante, qui vacillait comme la flamme d’une bougie. Mais sous l’océan, tu étais un grand incendie et tu ne tenais pas à ce qu’il te consume. Tu ne voulais pas finir comme les autres membres du conseil, blasés de tout, charognards qui s’arrachaient des pans entiers de chairs simplement parce qu’ils en avaient l'humeur.

Tu n’étais plus naïve, pas après tout ça —
mais tu savais comme tu ne savais rien d’autre au monde que cette humanité, tu devais t’y accrocher à deux mains parce que tu nageais en eau trouble.

Alors tu rougis avec plaisir et cela même si tes yeux tombent au sol, même si tu es désolée et que tu brûles de honte : Avec toutes ces bêtises, tu devais lui donner l'impression que tu étais cette même gourde que Jeremiah te croyait être.

Tu es humaine et c'est déjà pas mal.

>_ Cattleya : Quelqu’un chuchote. Ça va secouer.

Même la jolie voix d’Amaury s’éteint pour laisser place aux murmures. Votre matinée s’empire alors que vous restez face à face, oreilles tendues, puis votre monde valse et vous avec.

Tu t’accroches à ce que tu peux et tu t’accroches à Amaury, parce que personne n’était à l’abri d’une mauvaise chute ; et si tu en croyais sa proximité avec Lucian le jour de sa disparition, il avait le chic pour se mettre dans des situations compliquées.

C’est une peur absurde que tu nourris mais c’est une peur quand même — c’est que ça te change, comme ça te change aussi de voir la ville s’effondrer. Et puis plus rien. Le silence. Vous vous regardez tous les deux comme si vous n’aviez rien à faire ici, et cela même avec votre carton d'invitation dans les mains.

Vous allez bien ? Tu le lâches comme du charbon brûlant.

Bien sûr, c’est une question de politesse : vous ne pouviez pas aller mal. Ensuite, c’est une question personnelle : elle dépasse le physique pour interroger autre chose : Le vif, le viscéral. Toi-même, tu n’étais pas sûre d’être au meilleur de ta forme.

Puis tes yeux se posent sur le reste, au delà de votre monde à vous, et tu soupires — c’est le soupir des choses gâchées et du temps perdu. Les tiroirs étaient au sol et leur contenu se répandait comme une flaque.

Certes le Conseil n’essuyait pas de grand dommage mais tu avais l’impression qu’il saignait comme un vagabond.

C’est plus fort que toi : tu te mets tout de suite au travail, même si tes mains tremblent et que tu te dis qu'au fond, tu as été secouée toi aussi. Qu’est-ce que c’était que ça ? La pluie, et puis — est-ce que son cadavre à elle aussi s’était bousculé ?

Les mines... Et l'eau... Tu dis d’une petite voix, sans arrêter de ramasser les affaires des autres. Ses affaires à lui.

Et puis il te vient une idée. Une envie. Un besoin.

Je crois que je vais vérifier si la machine à café fonctionne encore. Oui, parce que tu n'es plus sûre de rien. Je crois que la journée va être longue — qu'on en aura bien besoin.

Elle n'aimait pas le café.


j'ai téléchargé after effects pour ça:
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Mais qu'est-ce qu'elle raconte, cette conne.

Il chuchote, désespéré. Amaury est. Amaury n'aime pas les tremblements de terre, d'accord ? Personne n'aime les tremblements de terre - surtout quand c'est la toute première fois que ça arrive. Il en tremble encore -plutôt ironique- et cette abrutie parle de café. C'est bien, elle mérite sa place au Conseil, elle est aussi idiote que tous les autres gratte-papiers qui pullulent ici. Il la retient par le bras, referme ses doigts et refuse de lâcher. Oh, non, il a plus de force qu'elle, c'est clair et net : et elle n'ira pas faire de café, putain.

Restez là. Si ça recommence, je préfère vous avoir dans mon champ de vision.

Non, parce que ç'aurait été facile de l'accuser d'avoir tué cette gamine dans la panique du tremblement de terre, merci bien. Il laisse ses pensées dériver. Elle avait raison. Les mines. L'eau. Tout cela allait être un joyeux bordel. Une pensée amère pour Arun plus tard, Amaury se sent encore moins d'humeur.

Aden... Le président, va certainement passer un message. On devrait éviter de bouger jusque là. Ne tergiversez pas.

Il n'aimait pas le café non plus, pour être honnête.
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Il s’accroche à ton bras et ne le lâche plus, comme si tu allais t’empresser de l’abandonner pour le simple plaisir de lui désobéir. Tes yeux tombent sur sa main avant de remonter lentement jusqu’à son visage et tu notes la fatigue qui s’est emparé de lui. Tu avais très peu dormi, troublée par tes cauchemars, et pourtant il te semble encore plus épuisé que tu ne l’étais à ton réveil.

Il tremble. Il tremble, alors que tout reste bien à sa place.

En tout cas, tu as abandonné l’idée de lui faire un café — s’il veut que tu restes, alors tu resteras. Tu te sens bien bête finalement : tu n’avais pas du tout imaginé qu’il puisse craindre la solitude, ou même une deuxième vague. Même si tu étais très sociale, tu avais pris l’habitude d’affronter tes problèmes seule depuis —

Depuis...

Depuis que tu l’étais.
Depuis que tu étais seule.

De toute façon, il valait mieux taire tes mauvais rêves et tes illusions et tes crises de panique. Tout le monde au conseil affrontait le quotidien sans jamais s’en perturber — et ceux qui avaient perdu des proches ou des morceaux d’eux-même dans l’ascension devenaient simplement violent. Tu détonnais déjà suffisamment à côté de Jeremiah : tu préférais éviter de passer pour une folle.

C’était peut-être pour ça qu’Amaury te plaisait : il était presque autant au bout de sa vie que toi.

N’empêche que tu ne sais pas du tout quoi lui dire. D’un côté tu voulais le rassurer. De l’autre, il restait un responsable de quartier et tu craignais qu’il ne s’en offusque. Surtout que tu étais la secrétaire de Jeremiah et ces deux là n’étaient pas amis, mais alors pas du tout : il assumerait sûrement que tu irais tout répéter à ton patron par la suite.

En tout cas, tu n’as plus peur. Tu es sûrement trop fatiguée pour ça. Ou peut-être trop à fleur de peau, avec ton effroi remplacé par des papillons dans le ventre.

Tu acquiesças doucement, posant ta main sur la sienne pour gentiment l’inviter à la retirer de ton bras. Il était crispé et cela te faisait un peu mal.

D’accord. Une voix compatissante. Je ne bougerai pas d'ici, je vous le promets.

Tu tiras une chaise pour lui. Une autre pour toi. Et tu t’assis, pensive.

Je ne pense pas que ça recommencera. Si c’est comme la pluie, avec l’eau et les caméras, les secousses devaient sûrement avoir un but. Tu lui souris, un peu désolée. À part nous faire peur, j'entends.

En tout cas, c’était réussi.

Si elles l’ont rempli, alors...

Mais quel but alors ? Tu continuas dans un murmure pensif :

Fragiliser les souterrains peut-être ? Ou l’intégrité structurelle de la ville ? Et si c’est la peur, alors, faire douter les gens de la toute puissance du conseil ?

À l’exception des dossiers et des pots à crayon, le conseil tenait sur pieds. Pas même une vitre brisée. Ce n’était pas pour le faire s’écrouler que le monde avait valsé. Ça aurait été un sacré symbole, ça — quoiqu’un peu dommage pour vous.

Ugh. Si c’est ça, on risque peut-être une seconde vague, finalement. Tu te grattais la tête. Quel bazar ! Mais ça ne sera pas pour tout de suite.

Ah ça, non. Il faudrait d’abord qu’Aden assure que tout aille bien, pour pouvoir lui donner tort. Tu sentais qu’Amaury était suspendu aux lèvres du président — il s’inquiétait sans doute. Alors, avec un regard en coin, tu lui lanças le sourire le plus rassurant que tu parvenais à conjurer.

Vous avez raison. Aden ne va pas tarder à s’exprimer.

Bien sûr, tu n’allais pas lui dire : Ne vous inquiétez pas, Aden va bien. Il te dirait : Oh, mais je ne m’inquiète pas, même s’il crevait d’inquiétude. Tu n’avais aucune chance face à lui. Ça t’attristerait sûrement si tu prenais tes sentiments pour Amaury au sérieux et pas pour ce qu’ils étaient : une façon d'oublier le reste.

Je sais que c’est un peu ridicule de dire ça étant donné la situation, et tu fouillais dans ton sac tombé au sol pendant les secousses, mais j’ai la certitude que tout va bien se passer. Et puis vous n'êtes pas tout seul, et moi non plus.

Tu plantais une paille dans ta briquette de lait à la vanille avant de lui tendre.

J’ai des gâteaux aussi.
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Amaury a cette moue dédaigneuse qui ne veut décidément pas quitter son visage éreinté. Pourtant, elle n'est pas si méchante, cette petite Cattleya. Regarde Amaury, elle est même d'accord pour rester à tes côtés ; c'est quand même bien gentil de sa part. Et elle n'est pas si stupide que ça, derrière les stylos à paillettes et son air idiot, elle dit même des choses plutôt intelligentes. Amaury plisse les yeux. Elle n'a pas tort. Vraiment pas tort, même. Elle dit des choses justes, et pourtant elle semble tellement... loin. Amaury considère du regard la boisson qu'elle lui tend : honnêtement, cela fait des semaines qu'il n'a pas ingéré quoi que ce soit, et même une pauvre brique de lait le dégoûte. C'est d'un triste. Il refuse, s'excusant du bout des lèvres. Il espère qu'elle ne se vexe pas de son refus. Ce serait idiot de la froisser pour si peu. Finalement, Amaury réfléchit à ses paroles. Et se demande si Abysse a quoi que ce soit à voir avec les événements. Se demande s'il n'a pas loupé un épisode, parce que cela lui paraît bien facile : que tout soit la faute d'un seul homme. Ses yeux se baissent sur Cattleya. A qui il serait dommage qu'il arrive quelque chose.

Vous savez quoi.

Il se mordille vaguement la lèvre inférieure, avant de se rapprocher de Cattleya - et il assène une pichenette au milieu de son front, comme ça.

Évitez de trop réfléchir à la cause des secousses.

Parce que les murs avaient des oreilles, Amaury en était bien persuadé.

En fait, arrêtez d'y réfléchir, simplement. Arrêtez.

Parce qu'elle réfléchit bien trop à son goût, cette pauvre fille. La voix d'Aden résonne soudainement - il indique aux habitants de la ville de se calmer et de ne pas paniquer. Amaury écoute l'annonce avec scepticisme.

Quelle blague.

Il soupire. Il devait voir Aden, mais il avait le sentiment que ça n'allait pas arriver avant un moment.

Mais vous avez raison, tout va bien se passer, j'imagine.

Ce n'est même plus juste de parler de mauvaise humeur. Amaury se sent d'humeur massacrante.

Votre supérieur arrive au Conseil à quelle heure, généralement ?

Pour qu'il puisse filer avant que Jeremiah ne le voit ici. En attendant, il pouvait bien rester avec Cattleya. Elle semblait capable de se fourrer dans les pires ennuis toute seule.
Cattleya
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secrétaire de Jeremiah
Tant pis pour la briquette : elle serait donc pour toi. La situation ne s’y prêtait pas vraiment, mais qu’est-ce qui se prêtait à un tremblement de terre ? À part courir partout et se rouler au sol, ce que la présence d’Amaury te dissuadait de faire.

De toute façon, ta peur à toi était une note en bas de la page, une anecdote. Tu ne tremblais plus. Tu pensais plutôt à la journée chargée que tu allais vivre, au pourquoi, au comment. C’est vrai que tu étais loin depuis que ta sœur avait sauté, ou plutôt ailleurs : tu déambulais dans les questions, les «si» et les «peut-être». Tu déambulais dans ce qu’il te restait de passé, et ce futur à mériter.

Mais le présent ?
Il ne t’appartenait plus, et d’une façon plus littérale que tu ne pouvais encore l’imaginer.

Au final, il ne restait que ta sœur pour te faire réagir. Son nom. Ses souvenirs. Son reflet. Son souhait.

Qu’est-ce que c’était, déjà ?

Mais la question d’Amaury te rappelle à la réalité. Elle est rhétorique et c’est tant mieux, parce que tu ne sais pas grand chose au fond. Ta seule certitude, c’est qu’il se rapproche et que ton cœur bat un peu plus vite. Le rose te monte aux joues alors qu’il se mord la lèvre et tu vermillonnes avec sa pichenette.

Est-ce qu’il essayait de te remettre les idées en place ? Et est-ce que tu essaies de les garder au chaud quand tu te touches le front pour effleurer le fantôme de ses doigts ?

Uh ?

Pas très éloquent, mais son ordre te déroute. Ne pas réfléchir, c’était comme te demander de ne pas respirer : maintenant tu ne faisais plus que ça dans l’espoir de te rappeler cette chose, sur le bout de ta langue. Un nom ? Non. Mais c’était capital que tu t’en souviennes, presque autant que tu ne l’enterres à jamais.

Mais ce n’est pas ça qui inquiète Amaury, non. Ce qui l’inquiète, c’est le conseil. C’était pour ça que Lucian avait disparu, ou était parti, ou peu importe : parce qu’il pensait trop, lui aussi. Et tu ne pouvais pas te permettre de disparaître — pas encore. Tu devais apprendre des choses et t’en remémorer d’autres.

Je... Je comprends. Merci de vous inquiéter pour moi.

Au fond, ça t’attriste un peu d’être réduite à ne plus devoir penser alors que tu appartiens au conseil. Avant d’y entrer et avant — le reste, tu pensais naïvement que c’était ça leur rôle, penser pour vous, à vous et à votre bien.

Il fallait croire que ce n’était que le travail d’Aden.

Et son petit message est loin de te rassurer : tu as l’impression qu’il en sait encore moins que vous. Le conseil veille à trouver la moindre brèche, la moindre fissure, qu’il disait.

Le conseil, il sirotait du lait à la vanille en regardant les traits charmants d’Amaury. Et lorsqu’il s’articule, le conseil se surprend : il ne s’attendait pas du tout à ce que son collègue critique l’affaire, lui aussi.

Tu ranges ton étonnement pour sortir un autre de tes petits sourires désolés.

Vous ne me croyez pas.

Tu le constates par un air compatissant. C’est vrai que c’était difficile de croire à quoi que ce soit quand votre président déblatérait des mensonges. Et puis la terre avait tremblé : dur de s’accrocher à la certitude que les choses iraient pour le mieux alors qu’elles venaient de s’empirer.

Je vais m’exprimer différemment, alors.

Et toi qui fait toujours plus jeune, voilà que tu prends des années.

J’ai la certitude que les choses vont aller. Où ? Je ne sais pas. Mais elles iront.

Tu te tournais vers lui, les yeux incandescents.

Elles passeront, Amaury. De gré ou de force.

Ton sourire avait disparu pour un air incroyablement sérieux, un air qui savait déjà tout : le début, le milieu et la fin. Et c’était amusant, parce qu’avec cet air, avec ce ton, tu donnais plutôt l’impression que tu ferais passer les choses, quitte à t'en briser les os.

Puis tout rentre à la normal. Tu prends une gorgée de ton lait presque terminé en t’affaissant un peu : Cattleya, la petite secrétaire qu’on interroge sur son patron agaçant. Tu lâches un petit rire parce que tu savais qu’Amaury ne t’en tiendrait pas rigueur tandis que tu lui avoues :

Oh, il ne va pas arriver tout de suite, ça je peux vous le dire.

Tu joues avec ta paille, un peu ailleurs. Tu ne serais sûrement pas arrivée non plus, pas à cette heure, en temps normal — mais comme tu dormais de moins en moins, tu débarquais aussi de plus en plus tôt, quitte à te tourner les pouces à ton bureau.

Enfin. Je dis ça, mais la situation est plutôt exceptionnelle. À sa place, j’aurais rappliqué tout de suite ici dans l’espoir de trouver quelqu’un avec des explications. Après un commentaire gras à ma femme, bien sûr. Tu pris une gorgée bruyante de ta boisson.

Mais personne ne savait rien. Personne ne savait rien à part Aden.

J’ai entendu dire que vous... Ne vous entendiez pas très bien avec Monsieur.

Qui s’entendait avec Jeremiah, de toute façon ? Tu ne l’aimais pas beaucoup depuis son commentaire sur ta soeur, mais ce n’était rien par rapport à ceux qui le haïssait. Tu baissas les yeux avant de dire d’une voix timide :

Pour ce que ça vaut, je suis désolée qu'il vous traite avec si peu d'égard. Je... Je pense que vous en méritez bien plus.

Tu ne quittais plus ta briquette vide des yeux.
Amaury
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Ils donnaient l'impression de venir tout droit d'une autre dimension, tous les deux. Cette réflexion saugrenue prenait tout son sens: alors que d'autres auraient paniqué, pleuré, fait on-ne-sait-quoi d'idiot, eux restaient là, presque figés dans le temps. C'en est presque ridicule. En fait, à bien y penser, tous les deux n'étaient plus à ça près, et le ridicule ne tuait définitivement pas au sein du Conseil.

Cattleya est un pot de colle qui cachait bien son jeu. Pas si idiote que ça, la fille, n'est-ce pas ? Son esprit se tourne pendant un instant vers Lucian. C'était un instant douloureux, qui arrivait à enserrer son coeur de temps à autres. C'était soudain: Amaury se demandait ce que faisait Lucian, ce qu'il avait en tête, s'il allait bien. Maintenant, dans les secondes qui semblent s'égrainer sans pour autant faire avancer l'heure, Amaury se demande si Lucian a été blessé pendant le tremblement de terre.

Au final, le regard de merlan frit de Cattleya le ramène à la réalité. Ce n'est pas plus mal. Amaury lui sourit, mais il aurait pu la passer par la fenêtre, ça aurait semblé tout autant amical.

Vous êtes bien mignonne.

Voilà tout ce qu'il trouve à répondre à son grand élan héroïque, il n'a pas cette fibre d'espoir qui traverse la jeune femme, oh non, Amaury est un pessimiste comme on en fait plus. Il prend difficilement Cattleya au sérieux, bien qu'il aimerait pouvoir le faire, oh il aimerait pouvoir l'écouter et se sentir revigoré. Mais si même les mots d'Aden sont impuissants, alors ceux de la secrétaire sont à peine plus marquants qu'une vague brise dans ses cheveux.

Et maintenant il embarquait sur le sujet de Jeremiah. Peut-être que c'était juste pour parler un peu, essayer de ne pas s'enfoncer dans un silence affreux et presque oppressant, toujours est-il qu'en abordant le sujet il a envie de sauter par la fenêtre.

Tant mieux ! Qu'il ne vienne pas, même.

Il croise les bras, son geste est synchronisé avec les bruits de la brique de lait se vidant de son contenu. La moue dédaigneuse qu'il affiche sur son visage est presque boudeuse. Ce n'est pas très mature. Ils ne sont pas très matures. L'un boude, l'autre boit du lait à la vanille.

Oh, ce n'est rien.

Il se laisse tomber sur une chaise qui traînait à proximité, se tournant pour croiser les bras sur le dossier en bois et poser sa joue contre ses bras. Rien que de penser à la simple existence de Jeremiah l'avait épuisé.

Ce n'est pas de votre faute s'il a décidé d'être un parasite inutile et insupportable.

Il l'observe, silencieux, pensif. Plante un regard doré impitoyable dans son visage et essaie d'analyser tout ce qu'il peut trouver. Il ne trouve pas grand chose. Cattleya lui semble vide, et en même temps, il y a quelque chose - quelque chose de similaire, quelque chose qu'il a déjà vu, sans pouvoir mettre le doigt dessus précisément. Pour l'instant, Amaury est bredouille. Bredouille, mais aussi curieux. Intéressé, même.

Je serais bien curieux de savoir ce que vous pensez de lui. Honnêtement, évidemment. Je serais même curieux de savoir ce que vous pensez de tout ça. Le Conseil et les pauvres cons qui y travaillent.
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secrétaire de Jeremiah
Le soucis, c’est qu’il n’y avait pas grand chose à regarder, sur cette briquette. Votre société à vous se portait sur le fond, pas la forme, l’immédiat, le principal — et comme vous n’aviez pas d’histoire ni de marque, personne n’avait pensé à détailler qui avait eu l’idée du lait à la vanille, en quelle année et par quel éclair de génie.

Au final, quelle importance ? Même si tes yeux étaient rivés sur le petit carton, tu ne le regardais pas, trop distraite par les mots d’Amaury qui se répétait en écho dans ton esprit. Ceux là, en l’occurrence :

Vous êtes bien mignonne.

Ce n’était pas la réponse que tu attendais. En fait, tu n’attendais aucune réponse, parce que qu’est-ce qu’il aurait bien pu te dire ? Vous avez raison Cattleya, ou alors vous avez tort. Et puis voilà. Tu devinais à son ton qu’il penchait plutôt pour la seconde proposition, et tu ne pouvais pas l’en blâmer : qui pouvait prétendre savoir ce qui suivrait ce tremblement de terre ? Abysse, sûrement. Aden, tu n’y croyais plus.

Il n’empêchait que :
Vous êtes bien mignonne.

En voilà une façon alambiquée de dire qu’il te trouvait d’un optimisme naïf.
Et mignonne.

Tu serres un peu plus fort ta briquette, tes jambes se balançant doucement sur ta chaise. Et puis tu te crispes alors qu’il appelle Jeremiah pour ce qu’il est, avec toute l’aigreur qu’exige leur relation compliquée. Même si tu lui donnes raison, l’objet de ses insultes n’en reste pas moins ton supérieur, ta charge, et tu dois te retenir de tempérer un peu les vues d’Amaury.

Oh non voilà qu’il te regardait.
C’est bien dommage qu’il ne te reste plus de lait à la vanille, parce que ça aurait été le moment parfait pour en boire aussi bruyamment que possible, histoire de le distraire de l’écarlate de tes joues.

Sa question te laisse sans voix, ça et autre chose. Tu as l’impression que c’est la première fois que tu le regardes véritablement dans les yeux, et tu n’as peut-être pas tort. Le doré précieux qui y étincelle t’attrape et ne te lâche plus.

C’est tout de suite plus difficile de lui mentir, et encore plus de te taire. De lui sortir la première platitude qui te passe sous la main et lui offrir en piètre cadeau. Au fond, tu veux tout lui donner même s’il ne te reste plus grand chose, que le plus capital n’est plus à ta portée. Et cela alors qu’il est proche d’Aden. Et cela alors que c’est une idée terrible.

Mais il est curieux, alors qu’est-ce que tu peux y faire ? Tu capitules.

Tu te détournes de lui et te perds dans la contemplation de ce qu’il restait du conseil, pour peu que tu puisses encore l’appeler ainsi. Ça redeviendrait le conseil une fois que ses membres les plus bruyants l’auront ré-investi, que ça bourdonnerait de partout et que tout ce maudit mobilier aura retrouvé sa juste place.

Mais d’abord, Jeremiah.

C’est vrai qu’il est insupportable. Tu dis ça avec un petit sourire désolé, désolé d’être, au fond, une piètre secrétaire, puisque tu ne réussis pas l’apprécier. Mais il fait du bon travail, vous savez ? Il est très sérieux à ce sujet.

Et tu réfléchis encore un peu.

Je me dis que c’est comme tout ici, de la comédie. Je me dis que pour être un tel crétin, il doit vraiment essayer, et très fort. Alors je me demande pourquoi se donner tant de mal.

Non pas que cela pardonnerait son comportement jusqu’ici. S’il était bel et bien acteur, son commentaire sur ta sœur, il aurait tout de même pu se le garder.

Je dirais que c’est un peu pareil pour le conseil. Et te revoilà, à grandir. Je ne peux pas me prononcer alors que je manque de tant d’éléments... Mais je ne pense pas qu’il n’y ait que des c—... imbéciles, ici.

Tu te tournes vers lui par une évidence.

Vous êtes bien là, vous.

Et puis tu baisses les yeux, comme si le simple fait de parler du conseil, du présent dans lequel tu ne restais jamais bien longtemps, suffisait à t’éroder. Tu finis par murmurer :

Tout le monde est tellement triste, ici. Je crois que c’est ça qui me désole. Et puis quelle idée de venir travailler au conseil. J’ai le sentiment que personne n’y vient par véritable choix.

>_ Cattleya : Nous sommes nées pour être heureuse. Ça ne te revient toujours pas ?
Un bourdonnement dans tes oreilles. Tu secoues la tête pour le chasser.

Et vous, Amaury ? Tu plonges dans le doré de ses yeux et cela suffit à te distraire du reste. Votre monde se réduit à ces deux chaises, et aux personnes assises dessus. Vous devez bien avoir votre avis sur la question.
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