Des cris.

Voilà ce qui se passait dans la tête de Jun alors qu’il errait dans le district 10. Des cris qui résonnaient dans sa tête, encore et encore. Les cris des gens qu’il avait poussé, banni. Des cris qui avaient déclenchés des frissons sur sa peau tandis qu’il s’affairait à son travail avec un engouement malsain. Ô, comme c’était satisfaisait de voir ces petites fourmis disparaître dans le gouffre, dans ce vide qui s’étendait hors de la ville. Bye bye les petits insectes insignifiants, les arrêtés n’avaient pas de place pour ceux qui n’étaient pas assez forts pour survivre. Des faibles, tous des faibles. Ces cris en étaient la preuve, résonnant jusque dans son âme. En avait-il seulement une ? À travers ses yeux noirs comme l’encre, il était impossible de savoir. Jun était un cas à part. Il le savait. Il le sentait dans ses os.

Comme presque tous les jours après son travail, il errait dans l’ombre du soleil qui se couchait peu à peu sur la ville alors qu’il pouvait encore sentir les vibrations de l’adrénaline faire trembler ses mains, son corps. Le requin avait encore faim. Il n’avait pas terminé de se vider de ses pulsions, de dévorer ces petites proies qui ne demandaient que ça. Jun en voulait plus. Il avait besoin… besoin de beaucoup plus. Oui, il ressentait cette envie irrépressible de le voir. Lui qui obsédait ses pensées, lui qui ne quittait jamais son esprit torturé. Lui qui l’avait rendu ainsi, seulement lui. Le bourreau savait exactement où le trouver, traquant sa proie sans répit, connaissant son horaire un peu trop bien, pour se rapprocher encore et toujours.

Ses pas l’avaient guidé près des égouts. Ses yeux noirs glissèrent le long de l’eau, l’odeur venant frapper ses sens légèrement. Mais ce n’était pas ça qui lui fit afficher un petit air de dégoût, mais bien les souvenirs qui s’enchainaient dans sa tête. Il avait passé sa vie dans ce district. Depuis sa tendre enfance jusqu’à aujourd’hui, tous ces jours à vivre dans cette merde infecte, entouré d’imbéciles qui ne le comprenait pas. De ces gens qui l’avaient rejeté. Ces enfants qui s’étaient moqués de lui. Et lui. Si parfait, si fort. Si détestable. Si obsessionnel. Il se rappelait très bien son enfance à ses côtés, à l’observer de loin, à étudier le moindre de ses faits et gestes. Comme il le faisait encore. C’était plus fort que lui, il voulait… il voulait... Un sourire sombre s’étira sur ses lèvres, venant botter une petite roche qui se tenait devant lui qui coula pathétiquement dans l’eau plus loin. Comme ces pénitents qu’il avait poussés aujourd’hui.

Les mains dans les poches, il attendait patiemment. Les minutes s’écoulèrent, puis presque une heure. Il ne désespérait pas. Il savait que son heure viendrait, bientôt. Il était presque temps.

Les cris dans sa tête avaient cessé.
Le requin avait un nouvel intérêt.



@Celes  

Tel qu'attendu, il ne fut pas déçu. Il était là. Ses pas l'avaient portés vers lui, encore une fois. Comme bien des soirs. Comme à chaque fois qu'il l'attendait. Il le retrouverait toujours. Les pas se rapprochant, Jun tourna lentement la tête, ses yeux noirs de requin vide de toutes émotions se posant sur Celes qui s'arrêta à sa hauteur. "Jun". Oh, comme il avait envie de l'entendre prononcer son nom encore et encore. De lui attraper la mâchoire pour qu'il le murmure près de ton oreille, près de ton visage... Le châtain resta de marbre alors que le grand brun tendis la main pour replacer une mèche de cheveux, ses doigts effleurant sa peau. Un grand frisson de satisfaction malsaine le traversant brusquement, se faisant violence pour ne pas attraper sa main. Respirant calmement, il l'écouta prononcer ses mots qui tintèrent dans ses oreilles. S'il avait besoin de quelque chose... ? Oui. Oui. Oui. OUI.

"Pas... précisément."

C'était complètement faux. Il voulait qu'il le regarde. Qu'il le touche. Qu'il lui parle. Qu'il lui enlève ce poids. Cette douleur. Cette obsession. Il avait envie de le toucher. De lui faire mal. De lui faire comprendre. Qu'il comprenne tout ces sévices qu'il déclenchait en lui. Ces pulsions animales incontrôlables. Cette envie irrépressible de ne l'avoir que pour lui. D'être plus. Plus que lui. LUI.

Mais ces pensées resteraient bien enfouis dans sa tête. Seul son regard pouvait le trahir alors qu'il croisa le regard de Celes, relevant la tête. Cet homme était sans doute le seul à le comprendre, du moins c'est ce qu'il s'entêtait à croire. Ils se côtoyaient depuis si longtemps, tant d'années. Des années qu'il n'avait pas oublié, jamais, se souvenant de chaque petits détails, ayant mémoriser chaque instant, chaque pas, chaque respiration avec Celes. Pour conclure sa réponse, un sourire s'étira sur son visage d'une lenteur absolue, presque terrifiante, laissant le douter planer sur ses intentions. Une fois de plus.

Il avait tant à lui dire, tant à lui cracher au visage, mais n'en fit rien. Ils marchèrent. Le suivant, lui jetant des regards en coin, l'examinant comme à chaque fois, comme un enfant timide qui souhaiterait tenir la main de l'autre. Mais ça ne serait pas le cas, Jun. Le toucher était compliqué, il ne le savait que trop bien. Ce contact interdit qui déclenchait des envies incroyablement destructrices en lui, puis venait cette impression de brûlures là ou sa peau avait touché la sienne qui durait des jours et des jours, le rongeant de l'intérieur.

Il était presque étrange que Jun garde un silence de la sorte aux côtés de Celes, mais à vrai dire... C'était bien souvent le cas. Appréciant et détestant sa présence, comme il adorait et abhorrait son absence. Pour tout ce qu'il lui faisait ressentir. Glissant ses mains dans ses poches, le bourreau levant les yeux vers le ciel, le noir sous ses yeux semblant plus intense que jamais tandis qu'il fixa la lune comme un illuminé.

"La lune est bien visible aujourd'hui."

Parler de tout et de rien, ne pas trahir ses intentions. Jouer au chat et à la souris. Jusqu'à ce que tout éclate...



@Celes