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Jeremiah
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responsable de plaidoirie
L'après-midi est calme, trop calme au goût de Jeremiah. Tout roule comme sur des roulettes dans Plaidoirie et c'est franchement sacrément ennuyant. Tout le monde semble si obnubilé par la traque de ce con de Lucian que c'en est au point qu'on oublie de lui donner des trucs en plus ou de répondre à ses blagues vaseuses. Snif, rien ne rend Jeremiah plus triste que d'être ignoré. Qui eut cru que cette tanche de Lucian lui volerait un jour la vedette ? Le pire c'est que le boss de ce guignol est si féroce que même la raclure doit se tenir à distance. En chacal sournois il reconnait - respecte même ?, la pugnacité, la fureur quasi animale qui s'émane de Celes. Ce dernier serait fort capable de l'éclater mais pour de vrai, comme ça, d'un coup, contre un mur, sans prévenir et en fait Jeremiah tient à sa vie merci.
Ne lui reste donc plus que sa victime par défaut pour se ronger l'os : sa secrétaire, Cattleya. Ce n'est pas son met de prédilection, à peine un vieux plat réchauffé : le plaisir est minimal mais bon on ne va pas gâcher. Et puis somme toute, ça permet bien de se sustenter.
Sans prévenir, Jeremiah se redresse sur sa chaise et froisse tout les papiers qu'il a entre les mains en faisant bien attention à faire le plus de bruit possible. Allons donc, cela fait depuis ce matin qu'il n'a pas fait de caprices à son assistante. Rendez-vous compte, elle avait oublié de retirer de son calendrier un rendez-vous qui avait sauté ! Bon ok, le rendez-vous étant avec Lucian c'était évident qu'il n'était plus d'actualité, mais Jeremiah tient tout quand même à ce que son agenda soit nickel chrome.
_Hé la gourde ! Une apostrophe digne de son niveau intellectuel qu'il ponctue en lançant une première boulette en direction de la pauvrette. J'ai dit à 1,5 l'interligne sur les rapports et pas de soulignement des sous-titres. Ah et aussi les marges sont de 2 millimètres trop grandes ! La boule rebondit sur le bureau de Cattleya. Dommage il visait son décolleté. Si elle avait des plus gros seins ce serait plus facile aussi...Réimprime. Et cette fois-ci, je veux que ce soit relié et numéroté correctement. Les index ne comptent pas comme une page !
Le sens du détail, toujours...
_Tu profiteras de l'aller-retour à la photocopieuse pour me ramener un café ! Une seconde boulette est lancée en direction de Cattleya en guise d'encouragement. Cette fois elle atterrit pile sur le sommet de son crâne. Headshot !
Sans oublier l'amabilité...
Cattleya
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secrétaire de Jeremiah
C’était une après midi calme, comme tu les aimais, si on omettait la météo quelque peu étrange. À cette heure, cet endroit, ce bureau — il pleuvait une boulette de papier unique et tu ne pouvais pas y faire grand chose.
Cela ne te dérangeait pas outre-mesure. Tu étais habituée aux caprices de Jeremiah et c’était loin d’être le pire. Tu l’envisageais un peu comme un tuyau de plomberie un peu bruyant : certes ça cassait un peu les oreilles au début mais on s’habituait.
À vrai dire, plus que le ridicule évident dans lequel il s’amusait à te tourner, c’était la destination de son papier qui te posait problème. Le bon ordre de ton bureau te tenait beaucoup à cœur et tu ne supportais pas qu’une feuille dépasse sur celui-ci. Alors, à la poubelle, cette boulette.
Pour ce qui était de celle que tu avais commise, ça ne te prendrait pas beaucoup de temps à corriger. Les trois quarts de ton travail consistaient à voir les caprices de Jeremiah arriver de loin et t’y préparer. Pour cette raison, tu avais plusieurs versions de tous les fichiers que tu devais lui rendre avec des variations infimes.
Comme la valeur des interlignes ou des marges.
Le soulignement des sous-titres, ça, tu ne l’avais pas vu venir. Tu ouvris le document le plus approprié pour sa requête d’aujourd’hui et fit les modifications nécessaires.
>_ Cattleya : Tu as entendu ? Les index ne comptent pas comme une page.
Étrange. Tu étais certaine que c’était le cas hier. Tu rajoutas une ligne sur ton pense-bête, «variation index page», pour les futurs dossiers qui passeraient sous le nez de Jeremiah. Puis tu lanças l’impression.
En même temps que tu te levais, la pluie s’intensifia : une autre boule tomba du ciel. Ça fit Pom, puis ça atterrit au sol. Ce n’était pas sa place non plus, pas plus que ton bureau. Tu jetas celle-ci aussi.
— Je m’occupe du café. Et de l’impression. Tu dis ça d’une voix tranquille, sans rancune. Quel tuyau bruyant.
Jeremiah était un autre mystère du conseil. La question était simple : qu’est-ce qui poussait un homme à être aussi embêtant pour tout le monde, tout le temps ? Ça devait être épuisant à la longue.
Tu te moquais de la réponse.
Tu ne croyais pas non plus qu’à te montrer gentille et patiente, il changerait ses manières parce que c’était ça qui lui avait toujours manqué, de la douceur — si c’était le cas, il le prenait, son temps, pour initier son voyage intérieur.
Tout ce qui comptait c’était ton travail, le reste était temporaire.
Mais tu ne tenais pas le coup sous prétexte que c’était «bientôt» fini : quelle était la mesure de bientôt ? Si ton bientôt à toi se trouvait être erroné et que la ligne d’arrivée s’éloignait encore, inlassablement, nul doute que ça te pèserait sur le moral. Alors sans certitude, tu préférais accepter les choses comme elles étaient et te dire que ça ne t’empêcherait de rien d’important, à part d’avoir la paix.
Le café et le dossier corrigé.
Tu réapparus vite avec les deux dans la main.
— Autre chose monsieur ?
De toute façon, si tu croyais ce qu’il se disait dans les couloirs à son propos et celui de Laney, c’était plutôt lui qui devait s’inquiéter de son bientôt.
Cela ne te dérangeait pas outre-mesure. Tu étais habituée aux caprices de Jeremiah et c’était loin d’être le pire. Tu l’envisageais un peu comme un tuyau de plomberie un peu bruyant : certes ça cassait un peu les oreilles au début mais on s’habituait.
À vrai dire, plus que le ridicule évident dans lequel il s’amusait à te tourner, c’était la destination de son papier qui te posait problème. Le bon ordre de ton bureau te tenait beaucoup à cœur et tu ne supportais pas qu’une feuille dépasse sur celui-ci. Alors, à la poubelle, cette boulette.
Pour ce qui était de celle que tu avais commise, ça ne te prendrait pas beaucoup de temps à corriger. Les trois quarts de ton travail consistaient à voir les caprices de Jeremiah arriver de loin et t’y préparer. Pour cette raison, tu avais plusieurs versions de tous les fichiers que tu devais lui rendre avec des variations infimes.
Comme la valeur des interlignes ou des marges.
Le soulignement des sous-titres, ça, tu ne l’avais pas vu venir. Tu ouvris le document le plus approprié pour sa requête d’aujourd’hui et fit les modifications nécessaires.
>_ Cattleya : Tu as entendu ? Les index ne comptent pas comme une page.
Étrange. Tu étais certaine que c’était le cas hier. Tu rajoutas une ligne sur ton pense-bête, «variation index page», pour les futurs dossiers qui passeraient sous le nez de Jeremiah. Puis tu lanças l’impression.
En même temps que tu te levais, la pluie s’intensifia : une autre boule tomba du ciel. Ça fit Pom, puis ça atterrit au sol. Ce n’était pas sa place non plus, pas plus que ton bureau. Tu jetas celle-ci aussi.
— Je m’occupe du café. Et de l’impression. Tu dis ça d’une voix tranquille, sans rancune. Quel tuyau bruyant.
Jeremiah était un autre mystère du conseil. La question était simple : qu’est-ce qui poussait un homme à être aussi embêtant pour tout le monde, tout le temps ? Ça devait être épuisant à la longue.
Tu te moquais de la réponse.
Tu ne croyais pas non plus qu’à te montrer gentille et patiente, il changerait ses manières parce que c’était ça qui lui avait toujours manqué, de la douceur — si c’était le cas, il le prenait, son temps, pour initier son voyage intérieur.
Tout ce qui comptait c’était ton travail, le reste était temporaire.
Mais tu ne tenais pas le coup sous prétexte que c’était «bientôt» fini : quelle était la mesure de bientôt ? Si ton bientôt à toi se trouvait être erroné et que la ligne d’arrivée s’éloignait encore, inlassablement, nul doute que ça te pèserait sur le moral. Alors sans certitude, tu préférais accepter les choses comme elles étaient et te dire que ça ne t’empêcherait de rien d’important, à part d’avoir la paix.
Le café et le dossier corrigé.
Tu réapparus vite avec les deux dans la main.
— Autre chose monsieur ?
De toute façon, si tu croyais ce qu’il se disait dans les couloirs à son propos et celui de Laney, c’était plutôt lui qui devait s’inquiéter de son bientôt.
Jeremiah
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Cattleya s'exécute sans broncher. Elle est chiante Cattleya. Elle comprend pas les blagues, elle dit toujours « oui monsieur » avec sa voix nasillarde et ses yeux de merlan frits et elle fait toujours sagement ce qu'on lui dit. Pire elle anticipe ! Y'a vraiment pas de saveur, pas de surprise avec Cattleya, c'est pire qu'une IA. Parce qu'une IA ça ne cherche pas à vous remplacer. C'est bien ce qu'elle fait Cattleya non ? Sinon comment peut-elle encaisser les sauts d'humeur, les ordres, les commentaires, les heures sup' sans jamais se plaindre ? C'est la perspective de voir le Jeremiah s'éclater par terre qui doit la maintenir à flot. Dommage pour elle, Jeremiah ne compte pas laisser sa place. Surtout pas à une nana qui avec un derrière aussi plat que le sien. Quand il la regarde partir, Jeremiah soupire en se disant que quitte à avoir un serpent en guise d'assistante on aurait au moins pu lui refiler un serpent avec un cul plus rebondi !
L'aimable patron profite alors des deux minutes seul dans le bureau pour bailler et regarder ses textos sur son portable, avachi sur son fauteuil, les jambes étalées comme s'il était chez lui. Il bouge à peine de son siège quand la secrétaire revient et dépose café et papiers sous son nez et se contente de finir le message qu'il est en train de pianoter à sa femme avant de se redresser pour se saisir du rapport. L'idée de la remercier ne lui traverse même pas l'esprit.
_Hum... j'aurais préféré une pochette rose ou rouge plutôt qu'une bleue. L'amour du rose c'est un peu la seule chose qu'ils ont en commun. Pas la meilleure des bases pour une relation patron-employée épanouissante. Il repose le dossier qu'il réexaminera plus tard et fait signe à la jeune femme qu'elle peut retourner se compter les mouches en triant les mails ou se limer les ongles en surveillant le téléphone, enfin faire sa vie d'assistante quoi. Lui revient à son ordinateur sur lequel il ouvre sa to-do liste. Une tâche en particulier lui saute aux yeux car elle clignote en rouge avec un message d'avertissement tant la deadline est proche. Oh hé pff qu'est-ce c'est que ces conneries encore ? Plissant les yeux. « Bilan d'objectifs annuel ». Hiiiiiiiiin. Geint-il en faisant sa plus belle imitation de porte qui grince.
_CAT ! On a pas fait le rapport trimestriel d'évolution de tes compétences ! Reviens là ! Qu'est-ce que ça le gonfle les entretiens de management. Il peut pas juste cocher une cache tous les mois en mode « Faut-il balancer la secrétaire dans le vide ?Oui
Non ». Franchement ils économiseraient un temps fou quand même. Euh bon il est où le compte-rendu de la dernière fois ? Se grattant la tête tout en cliquant sur une myriade de dossiers et de sous-dossiers sur son bureau. Est-ce qu'il a pensé à sauvegarder une copie ? Tant pis, rappelle-moi. On avait dit que tu visais une montée de compétences dans quels domaines déjà ? Il plonge son bec dans sa tasse de café et tire une grimace : Clairement j'espère que c'est pas dans la confection de café parce que sinon ma poulette je devrais mettre que tu as échoué !
Où sont le nuage de lait et les deux carrés d'aspartame qu'il aime tant ?
Cattleya
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secrétaire de Jeremiah
Bien sûr, c’était tout de même étrange que tu apprécies Jun plus que Jeremiah. Peut-être parce que tu devais supporter l’un quotidiennement et pas l’autre. Peut-être parce que Jun t’appréciait en retour, à sa façon malsaine. Mais qu’est-ce que ça voulait dire à ton propos, tout ça ? Que tu préférais les faux semblants aux vérités blessantes ? Toi qui était si attachée à l’authentique — ce serait un comble. Puis tu devais reconnaître que l’honnêteté brutale de ton patron était presque rafraîchissante dans le refermé trompeur du Conseil.
Vous vous ressembliez plus que tu voulais bien l’admettre : tous les deux vous-même, bruyamment : à la différence que tu préférais être candide là où Jeremiah s’habillait de cruauté.
Ah, mais c’était cela, n’est-ce pas ?
Tu ne lui pardonnais décidément pas, pour ta sœur.
Et puis il te fallait bien un coupable. Ça ne pouvait pas être toi : il n’était pas encore temps. Et ça ne pouvait pas être elle, parce qu’elle n’aurait pas sauté si ce monde ne rendait pas les gens fou. Et puis ta sœur ne commettait pas d’erreurs, ta sœur était immaculée — et tu crevais de solitude depuis qu’elle avait crevé tout court.
Alors ce serait lui. Fallait-il débattre ? Il avait la tête à l’emploi. Quand bien même il ne l’avait pas poussé ce jour là, c’était du pareil au même : il se le serait permis avec un discours un peu moins long.
Mais de retour à la réalité.
Jeremiah t’appelait par un surnom nostalgique, intrus à ces lèvres.
Tu t’approchas avec cette même douceur, curieuse de savoir quel était le soucis cette fois : ça semblait important. À la lumière de l’écran, tu plissais des yeux en même temps que lui, déchiffrant l’intitulé du mail. Oh. Un mal de tête en perspective.
Par chance, tu faisais toujours du bon travail, de l’excellent travail, même si ton patron ne te le mâchait pas du tout.
— Oh, bien sûr.
Tu pensas à t’asseoir mais tu ne te le permettrais pas en présence de Jeremiah. Sans vraiment t’effrayer, tu évitais de lui donner du grain à moudre en te surveillant dès qu’il était dans les parages, c’est à dire presque tout le temps. Tu n’étais jamais en colère non plus : ce serait laisser la porte ouverte à d’autres sentiments que tu devais oublier, et puis tu restais professionnelle. Tout le monde ici s’accomplissait dans son travail, c’était la règle. Jeremiah était une victime comme une autre, car c’est ainsi que tu les envisageais tous, que tu trouvais la force de les prendre en pitié comme tu étais triste pour toi, parfois.
>_ Cattleya : Sinon plouf, comme la sœur.
Mais cette phrase par contre, elle t'était vraiment restée en travers de la gorge.
— Si ma mémoire est bonne, et elle était excellente, sauf pour la seule chose qui importait vraiment, nous avions parlé d’une montée de compétences en informatique ; de rédaction de dossiers aux standards de la plaidoirie ; et de l'assimilation de la bonne marche à suivre pour la vérification et l'intégration des preuves dans lesdits dossiers.
En somme, tout ce qui te changeait radicalement de ton ancien poste au 11ème. Pour ce qui était de l’informatique, il avait à peine suffi de quelques jours pour que tu prennes le coup de main. Maintenant, ça t'arrivait d'aider les autres conseillers avec leurs problèmes à eux. Quant au reste, si l’on omettait l’éternel débat stylo rose ou stylo noir (qui n’était plus si éternel que ça puisque stylo noir avait triomphé : c’était ça aussi d’être professionnelle, ennuyante à souhait), tu pensais avoir fait du travail plus que satisfaisant jusqu’ici.
— Le café ne faisait effectivement pas partie des objectifs à atteindre. Est-ce que vous désirez l'ajouter à la liste pour le prochain bilan ?
Ça pourrait presque être une blague, un sarcasme, mais tu es toujours sérieuse avec Jeremiah. Il ne manquerait plus qu’il te trouve distrayante : tu ne serais plus jamais tranquille.
Vous vous ressembliez plus que tu voulais bien l’admettre : tous les deux vous-même, bruyamment : à la différence que tu préférais être candide là où Jeremiah s’habillait de cruauté.
Ah, mais c’était cela, n’est-ce pas ?
Tu ne lui pardonnais décidément pas, pour ta sœur.
Et puis il te fallait bien un coupable. Ça ne pouvait pas être toi : il n’était pas encore temps. Et ça ne pouvait pas être elle, parce qu’elle n’aurait pas sauté si ce monde ne rendait pas les gens fou. Et puis ta sœur ne commettait pas d’erreurs, ta sœur était immaculée — et tu crevais de solitude depuis qu’elle avait crevé tout court.
Alors ce serait lui. Fallait-il débattre ? Il avait la tête à l’emploi. Quand bien même il ne l’avait pas poussé ce jour là, c’était du pareil au même : il se le serait permis avec un discours un peu moins long.
Mais de retour à la réalité.
Jeremiah t’appelait par un surnom nostalgique, intrus à ces lèvres.
Tu t’approchas avec cette même douceur, curieuse de savoir quel était le soucis cette fois : ça semblait important. À la lumière de l’écran, tu plissais des yeux en même temps que lui, déchiffrant l’intitulé du mail. Oh. Un mal de tête en perspective.
Par chance, tu faisais toujours du bon travail, de l’excellent travail, même si ton patron ne te le mâchait pas du tout.
— Oh, bien sûr.
Tu pensas à t’asseoir mais tu ne te le permettrais pas en présence de Jeremiah. Sans vraiment t’effrayer, tu évitais de lui donner du grain à moudre en te surveillant dès qu’il était dans les parages, c’est à dire presque tout le temps. Tu n’étais jamais en colère non plus : ce serait laisser la porte ouverte à d’autres sentiments que tu devais oublier, et puis tu restais professionnelle. Tout le monde ici s’accomplissait dans son travail, c’était la règle. Jeremiah était une victime comme une autre, car c’est ainsi que tu les envisageais tous, que tu trouvais la force de les prendre en pitié comme tu étais triste pour toi, parfois.
>_ Cattleya : Sinon plouf, comme la sœur.
Mais cette phrase par contre, elle t'était vraiment restée en travers de la gorge.
— Si ma mémoire est bonne, et elle était excellente, sauf pour la seule chose qui importait vraiment, nous avions parlé d’une montée de compétences en informatique ; de rédaction de dossiers aux standards de la plaidoirie ; et de l'assimilation de la bonne marche à suivre pour la vérification et l'intégration des preuves dans lesdits dossiers.
En somme, tout ce qui te changeait radicalement de ton ancien poste au 11ème. Pour ce qui était de l’informatique, il avait à peine suffi de quelques jours pour que tu prennes le coup de main. Maintenant, ça t'arrivait d'aider les autres conseillers avec leurs problèmes à eux. Quant au reste, si l’on omettait l’éternel débat stylo rose ou stylo noir (qui n’était plus si éternel que ça puisque stylo noir avait triomphé : c’était ça aussi d’être professionnelle, ennuyante à souhait), tu pensais avoir fait du travail plus que satisfaisant jusqu’ici.
— Le café ne faisait effectivement pas partie des objectifs à atteindre. Est-ce que vous désirez l'ajouter à la liste pour le prochain bilan ?
Ça pourrait presque être une blague, un sarcasme, mais tu es toujours sérieuse avec Jeremiah. Il ne manquerait plus qu’il te trouve distrayante : tu ne serais plus jamais tranquille.
Jeremiah
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@CattleyaMais bon sang quelle est conne, mais quelle est conne ma parole et dès qu'elle ouvre la bouche, Jeremiah a envie de se frapper la tête contre le bureau. Elle fait exprès c'est sûr avec sa petite voix nasillarde et sa gueule de mignonette. Il se retient bien évidemment car ça lui ferait trop plaisir, mais par contre il ne s'embête pas pour lâcher un : Mais assieds-toi bordel, je vais pas te bouffer. Y'a rien rien à grailler sur une planche à pain comme toi. Au moins elle est tellement stupide - ou au contraire tellement intelligente, que ce commentaire grossier lui passera par-dessus la tête.
D'une vitesse qu'on ne soupçonnerait pas chez un ex-milicien, Jeremiah pianote nerveusement ce qu'elle lui énonce. Ses méninges s'activent. Visiblement pas celles de son assistante, mais hé c'est pour ça que c'est lui le boss et pas elle. Apprendre à ne pas être une bouffonne, ça ne fait pas partie de ses objectifs. Il hausse un sourcil.
_Non, je pense pas que faire du café buvable soit sur la liste des compétences sélectionnables sur ce couillon de logiciel de management. Mais hé, je vois « gestion et tri des dossiers » et « tenue et organisation du planning ». Je vais t'ajouter ça, ça fait bien. Et puis on va mettre aussi « création de compte-rendus de réunions », c'est la base pour une pouf d'assistante.
Clic, clic, clic, tac, tac, tac. Il s'énerve sur la souris et le clavier en remplissant une nouvelle fiche d'évaluation pour la secrétaire. Bon la base ça aurait été sûrement de commencer par le premier champ, un champ vide qui le nargue tant la réponse semble évidente.
_« Aspiration professionnelle »... Hum, tu vises quel poste ?
Il joint les deux mains et pose ses coudes sur la table en lançant un long regard à la blonde, un regard définitivement sérieux où la lueur sournoise s'est échappée pour ne laisser que deux pupilles brunes, froides et ternes qui fixent le minois de Cattleya. Pas de sourire sur ses lèvres cette fois.
La logique des choses voudrait que ce soit son job à lui qu'elle vise. Mais il n'y a qu'un seul poste de responsable pour Plaidoirie.
La logique des choses voudrait qu'elle lui mente éhontément.
Elle n'oserait tout de même pas...
Cattleya
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secrétaire de Jeremiah
Jusque là, les choses se passaient bien, pour peu que tu oublies que tu n’étais toujours pas de retour à ton bureau. Et si tu en croyais l’invitation très cordiale de Jeremiah, tu n’étais pas prête d’y retourner. Les lèvres pincées, tu accédas néanmoins à sa demande, son ordre, peu importe, et prit place sur la chaise face à lui, les jambes croisées, les mains sur les cuisses.
Son commentaire sur ton tour de poitrine te passa complètement au dessus de la tête, et puis tu avais mieux à faire que de complexer là-dessus.
Ton regard tomba sur ses mains nerveuses avant de remonter jusqu’à son visage. Les clics et les clacs du clavier flottait dans l’air sans que tu n’ajoutes rien. Avec lui, tu préférais parler lorsqu’il t’ordonnait de le faire, et garder tes mots précieux pour les grandes occasions. Et puis tu réfléchissais à cette panique inexplicable. Tu ne savais pas si c’était de sa tâche ingrate dont il voulait se débarrasser au plus vite, ou de toi.
Et puis finalement — une réaction.
Tu hoches vivement la tête alors qu’il énonce les compétences de ton dossier, de retour à un état d’esprit un peu plus professionnel, sans relever sa pique parce que c’était un champ de bataille, par ici.
Le temps s’égraine et tu t’égraines avec lui.
Et puis il l’arrête avec une question.
Au loin, tu entends un murmure, un écho, une chanson. La voix de ta sœur s’élève et tu tournes la tête, pour regarder derrière toi, distraite — mais il ne reste personne, plus personne. Juste une pièce où l’amour n’existe pas.
La question perdure encore. Mais par chance, le temps s’est arrêté, alors ton silence ne paraît pas si long. Et puis tu ne voulais pas dire de bêtises alors que tu sais très bien celle que Jeremiah attend. Il est sérieux tout d’un coup, et il est fatigué comme les autres.
S’il restait de l’amour dans cette pièce, peut-être que tu le prendrais en pitié, peut-être que tu l’ajouterais à la liste de victime, parce que tu savais bien que tout ça, toutes ces horreurs, ce n’était la faute de personne.
Ou plutôt, tu ne connaissais pas encore le nom du coupable.
Tu baisses les yeux, tu considères, et quand tu retrouves ton patron, c’est comme si vous étiez face à face pour la première fois. Pas de blague salace cette fois, hein, Jeremiah ? Au fond, c’est normal. Lui aussi se rendait compte de la réalité de la plaidoirie, du bannissement, maintenant qu’il connaissait les fautes des appelés.
L'innocence était morte.
— Responsable du douzième district.
Et tu ne lui mens même pas. Parce qu’au fond, son poste à lui ? En tant qu’assistante, tu avais droit à ta petite avant-première, et très peu pour toi. Tu détestais connaître les dossiers dans leurs moindres détails sans pouvoir les influencer d’une quelconque manière. Et puis tu voulais ton mot à dire.
Même si l’idée t’intriguait, tu n’allais pas te déclarer future présidente du conseil, ici et maintenant, parce qu’au fond tu ne voulais pas le titre ou les responsabilités, seulement les informations. Il te manquait encore trop d’éléments pour vraiment désirer quoi que ce soit, d’une façon que tu ne pouvais même pas commencer à imaginer.
— J’espère ne pas vous décevoir, Monsieur ? J'ai le sentiment que vous attendiez une autre réponse.
Et là non plus, pas de sarcasme, pas de sous-entendu, pas de passif-agressif. Il était en droit d'attendre que tu lui succèdes — tu y étais même formée, d'une façon un peu étrange. Et pour une fois, tu concédais qu'il pouvait s'inquiéter de qui accéderait à son poste par conscience professionnelle. Vous pouviez parler entre gens civilisés, entre personnes capables de bon, d'excellent travail.
Son commentaire sur ton tour de poitrine te passa complètement au dessus de la tête, et puis tu avais mieux à faire que de complexer là-dessus.
Ton regard tomba sur ses mains nerveuses avant de remonter jusqu’à son visage. Les clics et les clacs du clavier flottait dans l’air sans que tu n’ajoutes rien. Avec lui, tu préférais parler lorsqu’il t’ordonnait de le faire, et garder tes mots précieux pour les grandes occasions. Et puis tu réfléchissais à cette panique inexplicable. Tu ne savais pas si c’était de sa tâche ingrate dont il voulait se débarrasser au plus vite, ou de toi.
Et puis finalement — une réaction.
Tu hoches vivement la tête alors qu’il énonce les compétences de ton dossier, de retour à un état d’esprit un peu plus professionnel, sans relever sa pique parce que c’était un champ de bataille, par ici.
Le temps s’égraine et tu t’égraines avec lui.
Et puis il l’arrête avec une question.
Au loin, tu entends un murmure, un écho, une chanson. La voix de ta sœur s’élève et tu tournes la tête, pour regarder derrière toi, distraite — mais il ne reste personne, plus personne. Juste une pièce où l’amour n’existe pas.
La question perdure encore. Mais par chance, le temps s’est arrêté, alors ton silence ne paraît pas si long. Et puis tu ne voulais pas dire de bêtises alors que tu sais très bien celle que Jeremiah attend. Il est sérieux tout d’un coup, et il est fatigué comme les autres.
S’il restait de l’amour dans cette pièce, peut-être que tu le prendrais en pitié, peut-être que tu l’ajouterais à la liste de victime, parce que tu savais bien que tout ça, toutes ces horreurs, ce n’était la faute de personne.
Ou plutôt, tu ne connaissais pas encore le nom du coupable.
Tu baisses les yeux, tu considères, et quand tu retrouves ton patron, c’est comme si vous étiez face à face pour la première fois. Pas de blague salace cette fois, hein, Jeremiah ? Au fond, c’est normal. Lui aussi se rendait compte de la réalité de la plaidoirie, du bannissement, maintenant qu’il connaissait les fautes des appelés.
L'innocence était morte.
— Responsable du douzième district.
Et tu ne lui mens même pas. Parce qu’au fond, son poste à lui ? En tant qu’assistante, tu avais droit à ta petite avant-première, et très peu pour toi. Tu détestais connaître les dossiers dans leurs moindres détails sans pouvoir les influencer d’une quelconque manière. Et puis tu voulais ton mot à dire.
Même si l’idée t’intriguait, tu n’allais pas te déclarer future présidente du conseil, ici et maintenant, parce qu’au fond tu ne voulais pas le titre ou les responsabilités, seulement les informations. Il te manquait encore trop d’éléments pour vraiment désirer quoi que ce soit, d’une façon que tu ne pouvais même pas commencer à imaginer.
— J’espère ne pas vous décevoir, Monsieur ? J'ai le sentiment que vous attendiez une autre réponse.
Et là non plus, pas de sarcasme, pas de sous-entendu, pas de passif-agressif. Il était en droit d'attendre que tu lui succèdes — tu y étais même formée, d'une façon un peu étrange. Et pour une fois, tu concédais qu'il pouvait s'inquiéter de qui accéderait à son poste par conscience professionnelle. Vous pouviez parler entre gens civilisés, entre personnes capables de bon, d'excellent travail.
Jeremiah
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R E S P O M - non, DELETE, N S... Jeremiah commence déjà tout doucement à taper la réponse sur son clavier comme pour rendre ce silence tombé sur leurs deux têtes un peu moins lourd. Il est si sûr de lui-même. Il faut bien. Quand on est un connard comme lui, on ne peut pas se permettre de montrer la moindre faiblesse, la moindre faille. Ils seraient nombreux à rappliquer les charognards qui voudraient le pousser dans le vide le jour où il perdra l'équilibre. Le mieux c'est encore de rester bien solidement les deux pieds sur terre, quitte à balancer tout ceux autour de lui pour avoir plus de place.
Cattleya est conne. Mais elle sait jouer le jeu. Sinon elle ne serait pas là. Elle serait encore avec son matricule et ses mômes et tout ses stylos à paillettes qu'elle ramène du district 11.
_Le douzième ?! S'est-il alors exclamé. Surpris. Confus. Déçu presque ?
Effectivement, ce n'était pas la réponse à laquelle Jeremiah s'attendait. Qu'est-ce qu'elle irait foutre au douzième district. C'est un quartier de gros nerds, d'ingénieurs à lunettes et de geeks à boutons. Ok, peut-être qu'elle n'est pas moins habile qu'une autre avec un tableau Excel mais de là à faire du traitement de données toute la journée wow il faut vraiment pas aimer la vie.
Il a presque l'impression qu'elle se fiche de lui. Ou qu'elle cherche à le déstabiliser et i doit bien admettre que c'est gagné parce que le Miah tire une moue dubitative.
_Vraiment ? Bin cocotte c'est pas gagné. Qu'il raille avant de se remettre à pianoter sur son clavier. Parce que le mieux pour devenir responsable d'un quartier c'est d'être sous-responsable d'abord, histoire d'avoir les bases niveau management. À part la machine à café et peut-être la photocopieuse, la blonde ne manage pas grand monde, coincée dans ce bureau du centre, bien éloigné des pénitents.
Mais bon dans le fond, ce n'est pas son problème. À la rigueur, il peut lui confier la responsabilité très ardue de contrôler les quelques plantes vertes, s'assurer qu'elles poussent bien dans la bonne direction et ne manquent pas d'eau histoire de dire qu'il a essayé.
Il s'affale sur le dossier de sa chaise et se gratte les quelques poils mal rasés qu'il lui reste sur le menton.
_Mais bon j'imagine que quelqu'un va bien devoir prendre la place de ce cher Léandre un jour ou l'autre... Et puis ici, on est jamais à l'abri d'un coup de chance. Ou d'autres choses. Il y a tant de façons de faire monter son nom en tête de liste. La première qualité à avoir c'est la niaque après tout. Mais du coup pourquoi le D12 et pas le 11 par exemple ?
Il est curieux. Il se dit qu'il préférerait encore voir cette idiote à la tête du 11 qu'Amaury. Ce serait chouette si quelqu'un prenait la place d'Amaury. Quelqu'un de disons... plus malléable...
@Cattleya
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