Ok, c’est bon. Bravo Mirai, il a fait preuve de self control, il a pas essayé de lui dire de dormir avec lui comme il aurait voulu. Il lui a pas demandé de venir le voir après le couvre-feu. Il a pas dit je t’aime, il a pas eu la trique (bon, pas une seconde fois, du moins). Et surtout… Surtout il a passé un petit moment privilégié avec l’élu de son ptit cœur, et y’a du rose sur ses joues quand bien même il est sur le point de s’en aller.

Normalement ça devrait s’arrêter là. Il a fait ce qu’il fallait, s’est ridiculisé, ils ont fait un pacte, ils sont partners in crime, ils se sont maladroitement touché la nouille dans un objectif purement platonique (ok, non, il va sûrement en faire des rêves érotiques pendant des jours). Et puis… Et puis il se lève et va pour s’en aller et Mirai est débout comme un ptit diable qui bondit hors de sa boîte avant de réaliser.

« Jazz, attends ! »

Nope, non non, recule, fais pas ça, l’agrippe pas par le bras. Et merde. Il se mord la lèvre, il relâche un peu sa prise, cherche le regard de Jasper et ne réalise même pas qu’il a fait une erreur, qu’il a dit quelque chose qu’il aurait pas dû. Il cherche son regard et hésite, commence à se poser trop de question, se crispe, va pour faire un projet de fusée qui l’emmènera en orbite et subitement il se met sur la pointe des pieds et l’embrasse sur la joue, à la commissure des lèvres et se recule aussi net, bafouillant tout bas.

« Pour la soirée. Juste- juste un porte-bonheur. »

Automatiquement, il se recule derrière l’encadrement de sa porte, réalisant un peu à retardement qu’ils auraient totalement pu être surpris. Sauf que là, devant lui… Devant lui, Jasper rougit juste un peu et ça fait s’envoler la nuée de papillons nichée au creux de son ventre. Il a ce sourire idiot, un peu heureux, un peu timide, un peu rêveur, surtout rêveur, en vrai. Il noue ses mains dans son dos, recule comme on minaude, et baisse le nez, l’observant juste un instant au travers de ses cils charbonneux, manquant de réaliser que ça pouvait passer pour du charme.

« Ma porte t’es toujours ouverte. Même après le couvre-feu. »

Il recule encore d’un pas, et c’est évident sur son visage qu’il rayonne de bonheur. Qu’y’a rien de plus qu’il pourrait vouloir dans la vie. Il attrape la porte et se tient à la poignée, la poussant doucement pour la fermer et quand il ne reste plus qu’une embrasure, il appuie sa joue contre la tranche de la porte pour le regarder et lui lance, la voix tendre, basse, sincère.

« Bonne nuit Jasper. »

Et sur ces simples mots, il finit enfin de s’enfermer dans sa chambre, appuyant son front contre le bois, le cœur tambourinant dans sa poitrine. Il l’aime. Il l’aime. Il l’aime tellement que son cœur pourrait exploser. Il l’aime tellement, et aujourd’hui, si c’est possible, il sait qu’il l’aime encore plus qu’hier. Et dans le plus petit des murmures, il prononce simplement son nom avant d’avoir un rire idiot, relâchant la porte pour s’éloigner d’une pirouette et d’un entrechat, sautant sur son lit comme un ado pubère qu’il est, le visage enfoui dans son oreiller pour étouffer le débordement de ses sentiments.