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11-M-1200
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L’effervescence est réelle. C’est comme se retrouver pris d’un coup dans une montagne russe, ou un carrousel qui a perdu tout contrôle. Ça tourne ça tourne et ça ne s’arrête jamais. C’était ça le sentiment qu’il avait eu quand tout avait pris ce tournant insensé dans sa vie. Il a encore le goût de peur qui l’avait écorché cette fois-là dans le bureau d’Ezra. Parce que c’était un conseiller, le président, non, le directeur général de Lovebees Industry. Est-ce que c’était clair ? Que Mirai s’était d’un coup d’un seul retrouvé dans une situation imprévisible. Mais que quelque part, il n’aurait jamais pu demander mieux.
Parce que c’était le rêve de tous les gamins qui veulent rejoindre le douzième, non ? De se retrouver pris dans un stage à en faire perdre haleine, où l’on vous confie les clés de quelque chose que vous avez admiré pendant des mois et des mois et perdu tellement d’heures de sommeil dessus. Et y’a lui là, avec son ordi qui sent encore les pâtes au beurre, mais qui n’a jamais été plus heureux que de travailler jusqu’au soir et rentrer pour piailler son bonheur à Jasper alors qu’il n’a certaine qu’une envie, c’est que Mirai lui fiche la paix. Mais il est heureux, c’est pas de sa faute vous savez ? Parce qu’il a enfin mis le pied dans ce quartier qui le fait rêver depuis qu’il sait penser.
C’est du travail difficile, parce qu’il a été mis à la sécurité, là où il avait trouvé cette faille, y’a des semaines de ça. Et quelque part ça le rend curieux, et il absorbe tout comme une éponge, et quand sa tête tourne un peu d’avoir trop regardé l’écran, il brille juste un peu plus et donne de la bonne humeur à tour de bras à ses collègues temporaires, parce qu’il est comme ça Mirai, il sait pas faire sans soleil. Au final, une semaine ça lui semblait presque trop court. Mais en même temps, une semaine, il pensait que ça pourrait se prolonger d’une autre ? Il faudrait sûrement qu’il demande au directeur de son école. Et aussi qu’il prévienne Jasper, parce que mine de rien, il lui manque, et il n’a pas assez des quelques heures avant le couvre-feu pour aller lui raconter ses aventures… Et souvent, il est juste bien trop fatigué pour raconter quoi que ce soit, le petit chaton.
Alors ce soir, il avait décidé de faire les choses bien. De rentrer et de montrer sa dernière découverte à Jasper, parce que oui, c’était confidentiel, mais Jasper il est plus important que le secret professionnel. Puis c’est pas Jasper qui irait utiliser une fonctionnalité interdite de Lovebees, si ? C’était juste pour le prévenir. Puis de toute façon, Mirai il en est sûr ! Jasper il utilise pas Lovebees… (Ca lui retourne le ventre de se dire que son Jasper est peut-être actuellement avec quelqu’un d’autre. Aussi bien dans l’instant que romantiquement. Y pense pas Mirai. Ca va aller !)
Donc oui, il avait des projets… Sauf que ses projets, il les fait en courant. Enfin, il s’y rend en courant. Enfin, il s’y rendait en courant, avant de débouler sauvagement dans une ruelle et de percuter de plein fouet quelqu’un, et de rouler jusqu’à une poubelle qu’il a striké de toutes ses forces. Une sacrée boule de bowling ce bout d’chou. Mais il se relève instantanément, l’air choqué et revient vers la personne percutée l’air d’un chien battu en panique sur la figure.
« Oh non, j’suis désolé ! Vous allez bien ? A-attendez, j’vais vous aider à vous relever ! »
C’est bien, le couvert de la nuit, quand y’a presque plus personne dans les rues, parce que les horaires de bureaux sont déjà terminés. Le souci du coup, c’est que ben, si les gens sont bien cachés dans l’obscurité… Eh… Ca fait des étincelles !
Parce que c’était le rêve de tous les gamins qui veulent rejoindre le douzième, non ? De se retrouver pris dans un stage à en faire perdre haleine, où l’on vous confie les clés de quelque chose que vous avez admiré pendant des mois et des mois et perdu tellement d’heures de sommeil dessus. Et y’a lui là, avec son ordi qui sent encore les pâtes au beurre, mais qui n’a jamais été plus heureux que de travailler jusqu’au soir et rentrer pour piailler son bonheur à Jasper alors qu’il n’a certaine qu’une envie, c’est que Mirai lui fiche la paix. Mais il est heureux, c’est pas de sa faute vous savez ? Parce qu’il a enfin mis le pied dans ce quartier qui le fait rêver depuis qu’il sait penser.
C’est du travail difficile, parce qu’il a été mis à la sécurité, là où il avait trouvé cette faille, y’a des semaines de ça. Et quelque part ça le rend curieux, et il absorbe tout comme une éponge, et quand sa tête tourne un peu d’avoir trop regardé l’écran, il brille juste un peu plus et donne de la bonne humeur à tour de bras à ses collègues temporaires, parce qu’il est comme ça Mirai, il sait pas faire sans soleil. Au final, une semaine ça lui semblait presque trop court. Mais en même temps, une semaine, il pensait que ça pourrait se prolonger d’une autre ? Il faudrait sûrement qu’il demande au directeur de son école. Et aussi qu’il prévienne Jasper, parce que mine de rien, il lui manque, et il n’a pas assez des quelques heures avant le couvre-feu pour aller lui raconter ses aventures… Et souvent, il est juste bien trop fatigué pour raconter quoi que ce soit, le petit chaton.
Alors ce soir, il avait décidé de faire les choses bien. De rentrer et de montrer sa dernière découverte à Jasper, parce que oui, c’était confidentiel, mais Jasper il est plus important que le secret professionnel. Puis c’est pas Jasper qui irait utiliser une fonctionnalité interdite de Lovebees, si ? C’était juste pour le prévenir. Puis de toute façon, Mirai il en est sûr ! Jasper il utilise pas Lovebees… (Ca lui retourne le ventre de se dire que son Jasper est peut-être actuellement avec quelqu’un d’autre. Aussi bien dans l’instant que romantiquement. Y pense pas Mirai. Ca va aller !)
Donc oui, il avait des projets… Sauf que ses projets, il les fait en courant. Enfin, il s’y rend en courant. Enfin, il s’y rendait en courant, avant de débouler sauvagement dans une ruelle et de percuter de plein fouet quelqu’un, et de rouler jusqu’à une poubelle qu’il a striké de toutes ses forces. Une sacrée boule de bowling ce bout d’chou. Mais il se relève instantanément, l’air choqué et revient vers la personne percutée l’air d’un chien battu en panique sur la figure.
« Oh non, j’suis désolé ! Vous allez bien ? A-attendez, j’vais vous aider à vous relever ! »
C’est bien, le couvert de la nuit, quand y’a presque plus personne dans les rues, parce que les horaires de bureaux sont déjà terminés. Le souci du coup, c’est que ben, si les gens sont bien cachés dans l’obscurité… Eh… Ca fait des étincelles !
Algo
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Encore une nuit à errer parmi les quelques pénitents pas encore rentrés chez eux. Encore une nuit à faire du repérage, à explorer les ruelles en quête de fenêtres ouvertes, de portes mal fermées, de digicodes éteints. J’essaie de garder la tête baissée, d’empêcher les caméras de filmer mon visage en le dissimulant comme je peux avec mon chapeau. Je garde un oeil sur ce qui m’entoure, j’espère ne pas être suivi. De temps à autres je fais une petite pause dans une ruelle. Je fais mine de regarder mon téléphone. J’y note des immeubles qu’il pourrait être intéressant de “visiter”. Je sais que je joue avec le feu. Ces derniers temps je viens trop dans le 12e. Il faudrait que je m’y fasse oublier. Si un agent un peu trop scrupuleux me repère sur les caméras je vais me faire attraper. Et quand ça arrivera, personne ne pourra rien pour moi, ça sera la fin de la course. En attendant je continue ce jeu ridicule, je continue à être bien trop conscient d’un environnement qui ne me prend certainement même pas en compte. Je continue à éviter des yeux qui ne me regardent peut être pas. Je venais justement de m’arrêter, de faire une pause dans une ruelle sans caméra, sans passage, un petit ilôt de répit. Je note rapidement ce que j’ai vu. Les détails qui pourraient me servir plus tard. Des faiblesses dans la sécurité, des failles exploitables. Je suis plongé dans ma réflexion, je planifie, je visualise. Je suis tellement absorbé dans mes pensées que je n’entends pas les pas qui se rapprochent. Je n’entends pas cette course effrénée qui se dirige pourtant vers moi. Seule une touffe de cheveux en pétards entre dans mon champs de vision une seconde, peut être deux avant le choc. Je me retrouve assis au sol, mon chapeau gît dans mon dos et mon téléphone a atterri à côté de moi. La chute n’a pas été trop dure, j’ai juste perdu l’équilibre et suis bêtement tombé sur le cul. Le projectile qui m’est rentré dedans en revanche, a fait un joli roulé-boulé dans les poubelles non loin. Avant de me lever pour aller voir comment il va je dois ranger mon téléphone. Vous pouvez penser que je suis sans coeur, que je ne m’inquiète pas de la santé du gamin, mais je vous rappelle qu’il s’agit très certainement d’un pénitent. Il en faudra plus que ça pour qu’il se fasse vraiment mal. Par contre si quelqu’un tombe sur mes notes, là il y aurait de quoi se faire du souci. Au moment où je vais pour me lever, il est déjà devant moi, à s’excuser et à me tendre sa main pour m’aider à me relever. Je lève les yeux vers lui et attrape la main tendue. J’en profite pour lui adresser un sourire. Je me veux rassurant, il n’a pas fait exprès, il n’a pas besoin de se sentir aussi mal. “Ce n’est rien, ne t’inquiète pas. Tu vas bien ? Tu ne t’es pas fait mal ?” De nous deux c’était bien lui qui a fait la chute la plus impressionnante. Une fois que je serai debout il ne faudra pas que j’oublie mon chapeau. Dans la ruelle ce n’est pas grave mais j’aime autant éviter le regard indiscret des caméras une fois que je reprendrai mon petit tour. Dans la ruelle, avec l’adolescent ce n’est pas grave, il doit sûrement être un de ces prodiges qui viennent faire un stage dans le 12e de temps à autre. Il n’y a aucune chance pour qu’il me connaisse ou même se souvienne de mon visage quand il aura repris sa course. N’est-ce pas ? |
11-M-1200
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Sa chemise blanche est absolument dégueulasse d’une roulade effectuée avec brio sur le sol crasseux de la ruelle. Il va se faire engueuler comme pas possible par la dame qui tient la laverie du dortoir, il le sait. Mais en même temps, il a pas fait exprès, et on lui a appris – enfin, il a appris tout seul, à force – que la meilleure façon de ne pas souffrir trop d’un choc était d’aller avec la synergie du mouvement. C’était un simple principe physique, non. Faire un plat, ça fait toujours plus mal que rouler avec le flow.
Mais en vrai, c’était vraiment pas trop la question de l’instant. En vrai, c’est genre, vraiment le moindre de ses soucis. Enfin, ça l’était, enfin, ça l’est. AH ! C’est juste que quand les grands yeux verts de Mirai se posent sur le visage de 12-M-3208, les iris du gamin s’illuminent instantanément. Au point qu’il manquerait presque de relâcher la main du brun, comme s’il s’était fait brûler parce que là, devant lui, c’est totalement son idole et sur le coup, ça le prend tellement au dépourvu que lorsque l’autre homme se retrouve là, devant lui, qu’il reste comme un petit merlan frit, les yeux rivés sur lui, aucune réponse ne lui venant. Oui, il a aussi ce geste gênant de ne pas relâcher sa main.
Puis d’un coup, ça lui claque en pleine figure et Mirai recule d’un pas, relâche sa main, se tient tout droit et babille avec une joie si évidente que… franchement, pourrait y avoir un nuage de fleurs et de paillettes autour de lui, ça n’étonnerait personne.
« M- Oh mon dieu je- Excusez-moi je- Je suis l’un de vos plus grands fans ! J’ai lu l’ensemble de vos rapports de codes pour la milice, à vous et 0746, et. Mon dieu, je- Je suis tellement honoré de vous rencontrer, je pensais pas que- »
Et là, c’est comme une évidence, oui. Mirai n’a aucune idée que cet homme a été banni. Que vraiment, la sécurité de son vis-à-vis n’est absolument pas en péril. Sauf que forcément… forcément…
Mirai tire sur son ordinateur de son sac en bandoulière – un nouveau tout neuf offert par les soins d’Ezra quand il a découvert que le sien avait été volé, hehe – et ouvre l’appareil, le tenant d’un bras, et tapant rapidement son mot de passe – long comme un bras – de l’autre, à une vitesse folle alors qu’il reprend son babillage, ne réalisant absolument pas que non, Mirai, ceci n’est pas une conversation normale.
« Je voulais vous demander, parce que j’ai eu accès aux raw data de la création du système de cryptage des données pénitents, et – »
Oui. Il l’avait totalement perdu. Là, dans cette ruelle sombre, à la lueur d’un écran. Et peut-être, oh, peut-être que si Algo est suffisamment curieux, il apercevra la série de post-its collés sur les côtés de son écran, indiquant, pour la plupart, des failles de certains programmes… Un petit hackeur en herbe ? Qui sait ?
Mais en vrai, c’était vraiment pas trop la question de l’instant. En vrai, c’est genre, vraiment le moindre de ses soucis. Enfin, ça l’était, enfin, ça l’est. AH ! C’est juste que quand les grands yeux verts de Mirai se posent sur le visage de 12-M-3208, les iris du gamin s’illuminent instantanément. Au point qu’il manquerait presque de relâcher la main du brun, comme s’il s’était fait brûler parce que là, devant lui, c’est totalement son idole et sur le coup, ça le prend tellement au dépourvu que lorsque l’autre homme se retrouve là, devant lui, qu’il reste comme un petit merlan frit, les yeux rivés sur lui, aucune réponse ne lui venant. Oui, il a aussi ce geste gênant de ne pas relâcher sa main.
Puis d’un coup, ça lui claque en pleine figure et Mirai recule d’un pas, relâche sa main, se tient tout droit et babille avec une joie si évidente que… franchement, pourrait y avoir un nuage de fleurs et de paillettes autour de lui, ça n’étonnerait personne.
« M- Oh mon dieu je- Excusez-moi je- Je suis l’un de vos plus grands fans ! J’ai lu l’ensemble de vos rapports de codes pour la milice, à vous et 0746, et. Mon dieu, je- Je suis tellement honoré de vous rencontrer, je pensais pas que- »
Et là, c’est comme une évidence, oui. Mirai n’a aucune idée que cet homme a été banni. Que vraiment, la sécurité de son vis-à-vis n’est absolument pas en péril. Sauf que forcément… forcément…
Mirai tire sur son ordinateur de son sac en bandoulière – un nouveau tout neuf offert par les soins d’Ezra quand il a découvert que le sien avait été volé, hehe – et ouvre l’appareil, le tenant d’un bras, et tapant rapidement son mot de passe – long comme un bras – de l’autre, à une vitesse folle alors qu’il reprend son babillage, ne réalisant absolument pas que non, Mirai, ceci n’est pas une conversation normale.
« Je voulais vous demander, parce que j’ai eu accès aux raw data de la création du système de cryptage des données pénitents, et – »
Oui. Il l’avait totalement perdu. Là, dans cette ruelle sombre, à la lueur d’un écran. Et peut-être, oh, peut-être que si Algo est suffisamment curieux, il apercevra la série de post-its collés sur les côtés de son écran, indiquant, pour la plupart, des failles de certains programmes… Un petit hackeur en herbe ? Qui sait ?
Algo
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Alors que je me mets debout je jette un coup d’oeil rapide au jeune qui est venu m’aider à me relever. Sa chemise est évidemment salie par sa chute mais il ne semble pas s’être fait mal. Me voilà soulagé. Par contre, étant concentré sur autre chose que son visage je ne vois pas son expression faciale. Tout ce que je vois c’est qu’il ne lâche pas ma main pendant quelques longues secondes. Quand je finis par détacher mes yeux de cette main qui enserre la mienne, je ne comprends pas ce qu’il se passe dans l’esprit de l’adolescent. Il est là, à me dévisager avec de grands yeux. J’avoue avoir pensé pendant une seconde avoir été reconnu. Je m’attendais presque à le voir sortir son téléphone et prévenir la milice. Mais non, il finit par faire un bond en arrière et se tient droit comme “i”. Je le regarde un peu circonspect, au moins jusqu’à ce qu’il ouvre la bouche. Et lorsqu’il se met à parler, je dois bien avouer que j’ai une légère absence. Est-ce qu’il a dit qu’il était fan ? De moi ? Comment fait-il pour ne serait-ce que me connaître ? Pourquoi est-il honoré de rencontrer quelqu’un comme moi qui n’a rien accompli de grandiose ? Mon esprit a eu besoin de quelques secondes pour intégrer tout ce qu’il me dit. Entendre à nouveau le matricule 0746 me ramène aussi dans une étrange nostalgie. J’en viens à me demander ce qu’elle devient. Je suppose qu’elle est restée fidèle à elle même, à ne voir que les lignes de codes et les montagnes de données sur son écran. On était pas forcément d’accords sur l’éthique, même si je n’ai jamais cherché à la contredire bien sûr, mais techniquement parlant c’était enrichissant de travailler avec elle. Bref, pendant que je ressasse le passé, le voilà qui sort de sa sacoche un ordinateur portable. Je ne comprends pas vraiment où il veut en venir jusqu’à ce qu’il se mette à nouveau à parler. Et là, j’ai su tout de suite à quel type d’adolescent j’avais à faire. Ce genre de gamins passionnés qui parlent sans discontinuer de leur passion. Oui, j’aurais pu être comme lui si j’avais été plus bavard. J’esquisse un sourire amusé et pose ma main sur le haut de l’écran, dans un espoir désespéré pour attirer son attention. “C’est moi qui suis honoré que tu me connaisse, et que tu me reconnaisse, surtout. Mais tu ne crois pas que c’est un peu spartiate de parler technique debouts au milieu d’une ruelle ?” Alors non, je ne vais pas l’inviter chez Liberté pour discuter, et je ne vais pas non plus me balader tranquillement avec lui à visage découvert. Mais vraiment, tapoter d’une main en tenant le PC à bout de bras était loin d’être l’idéal pour discuter algorithme et cryptage. Et oui je joue un jeu dangereux. Car après tout mes données ne doivent plus se trouver dans ce système où il a réussi à poser les doigts. Et pour n’importe qui dans cette ville, ce serait plus que suspect, ou au moins intriguant. Mais cette porte d’entrée est une aubaine pour moi. Alors je montre d’un geste de la tête un rebord non loin sur lequel on pourrait s’asseoir. J’initie ensuite le mouvement, en prenant soin de ramasser mon chapeau au sol. Je l’époussette et le dépose à nouveau sur mon crâne. Je m’appuie contre le rebord et le regarde, pensif. Je ne sais toujours pas si j’ai fait le bon choix. Après tout il est du genre plutôt bavard. Si jamais il allait raconter à n’importe qui qu’il m’a croisé dans le secteur 12, ça ne serait pas bon pour moi. Il faudrait que je trouve un moyen qu’il garde ça secret. Une raison qui justifie qu’il ne parle de moi à personne. Il ne reste plus qu’à savoir quoi. |
11-M-1200
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Aussi simple que de dire bonjour – non, vraiment, dire bonjour parfois c’est terriblement compliqué, faut pas bafouiller, pas dire de bêtises, pas écorcher le matricule de la personne en face et (oh non, Mirai se souvient dans un instant mortifié d’avoir dit au responsable du district douze qu’il le trouvait à son goût à l’instant même de le saluer et l’idée le fait crisser des orteils – oui, les orteils, quel est le problème, toute l’anatomie peut crisser, c’est qu’une question de volonté ! –) et il pensait quoi déjà ? Ah oui, il digresse. Mais vraiment, parler code c’est encore plus simple que dire bonjour ! Suffit juste de… De laisser aller le flot infernal de ses paroles et ne plus regarder le limitateur de débit de mot rationnel par secondes. Et ça se devine si facilement qu’il est en train de vivre sa meilleure vie, quand on voit le sourire absolument éblouissant qui étire son ptit minois de gamin.
Mais y’a une main dans son champ de vision, et quand Mirai s’interrompt, en plein milieu d’une phrase et cligne des yeux en cessant de cliquer frénétiquement sur son pad et… et il bugue sur le sourire de 3208 avant de sourire de plus belle. Il doit avoir mal aux zygomatiques à force, non ? Apparemment pas, vu qu’il hoche vigoureusement la tête avec un rire heureux, une petite bulle de liesse dans la noirceur du monde. Parce que l’une de ses idoles vient de lui dire qu’il est honoré, et Mirai, ben, il a pas besoin de plus que ça. Il en parlera à Jasper ce soir, et même si Jasper y comprendra rien, il veut juste partager un peu de son bonheur si difficilement retrouvé.
« Oui- désolé, j’ai tendance à juste- vous savez ! »
Oui, parce qu’il croit bien dur comme fer que tous les développeurs sont au moins aussi fêlés que lui. Le seul truc c’est qu’ils n’ont pas tous flambé leurs neurones pour activer un genre de machine démoniaque qui active les rouages des enfers. Un truc du genre. De quoi il parlait déjà ? Ah oui ! Aller s’asseoir.
Mirai suit l’autre homme avec un pas un peu plus guilleret. En vrai il trépignerait presque sur place, parce que ben… C’est totalement inespéré ? Le souci ? C’est que Mirai ne se rend vraiment pas compte de tous les signaux d’alarme qui devraient être tirés dans sa petite cervelle d’enfant. Parce qu’on ne parle pas avec un inconnu dans une ruelle, surtout pas la nuit. (Après tout, la dernière fois qu’il a croisé quelqu’un dans une ruelle sombre, c’était Chouchou, et il s’est enfui avec ton sac… Enfin, il l’a pas fait pour de mauvaises raisons mais -).
Hein ? Des signaux d’alarme ? Connais po. Ca se mange ?
Mirai s’assied sagement près du grand brun sur le rebord et étend ses jambes devant lui, juste un peu fléchies pour pouvoir orienter l’écran correctement vers eux, tout un art, vraiment, on sent qu’il a l’habitude de taper sur son clavier approximativement partout (oui, même dans son bain, enfin non, y’a que des douches communes et – oh non, pense pas à ça Mirai…).
Mais tout ça pour quoi au final ? Parce que t’as ouvert des pages de code qui sont clairement sur un programme qu’il a lui-même développé, il a appelé ça coCCinelle. On demandera pas pourquoi, vraiment. Il tourne le nez vers l’autre développeur et souffle doucement.
« En fait… »
Il s’humecte les lèvres et hésite, confiant et peut-être un peu trop crédule.
« J’ai utilisé l’un de vos codes pour pouvoir extrapoler la ressource 89. »
La ressource 89, plus communément reconnue dans les ouvrages de leur établissement comme la base de l’accès aux systèmes internes d’Inner_A13. Cette partie du code source de la cité qui contrôlait l’ensemble des accès électroniques de chaque quartier, jusqu’au sein même du Conseil.
« Et en extrapolant le code, j’ai… réalisé qu’on pouvait totalement… l’utiliser comme une faille… ? »
Et quand il relève les yeux vers l’adulte, l’air entre inquiet et incertain, il n’ose pas en dire plus. Parce que c’est un code sur lequel lui et 0746 ont sûrement travaillé pendant des mois. Peut-être même qu’ils n’y étaient pour rien, Mirai ne sait pas. Mais il sait qu’il parle à une pointure dans le domaine. Qu’il parle à quelqu’un qui comprendra ce double entendre sans peine.
Alors peut-être que 3208 saura, que lorsque Mirai parle de faille, il parle purement et simplement du développement de son dernier projet le moins légal… Une clé passe-partout qui aurait, à terme, vocation à débloquer toutes les portes de la cité.
Mais y’a une main dans son champ de vision, et quand Mirai s’interrompt, en plein milieu d’une phrase et cligne des yeux en cessant de cliquer frénétiquement sur son pad et… et il bugue sur le sourire de 3208 avant de sourire de plus belle. Il doit avoir mal aux zygomatiques à force, non ? Apparemment pas, vu qu’il hoche vigoureusement la tête avec un rire heureux, une petite bulle de liesse dans la noirceur du monde. Parce que l’une de ses idoles vient de lui dire qu’il est honoré, et Mirai, ben, il a pas besoin de plus que ça. Il en parlera à Jasper ce soir, et même si Jasper y comprendra rien, il veut juste partager un peu de son bonheur si difficilement retrouvé.
« Oui- désolé, j’ai tendance à juste- vous savez ! »
Oui, parce qu’il croit bien dur comme fer que tous les développeurs sont au moins aussi fêlés que lui. Le seul truc c’est qu’ils n’ont pas tous flambé leurs neurones pour activer un genre de machine démoniaque qui active les rouages des enfers. Un truc du genre. De quoi il parlait déjà ? Ah oui ! Aller s’asseoir.
Mirai suit l’autre homme avec un pas un peu plus guilleret. En vrai il trépignerait presque sur place, parce que ben… C’est totalement inespéré ? Le souci ? C’est que Mirai ne se rend vraiment pas compte de tous les signaux d’alarme qui devraient être tirés dans sa petite cervelle d’enfant. Parce qu’on ne parle pas avec un inconnu dans une ruelle, surtout pas la nuit. (Après tout, la dernière fois qu’il a croisé quelqu’un dans une ruelle sombre, c’était Chouchou, et il s’est enfui avec ton sac… Enfin, il l’a pas fait pour de mauvaises raisons mais -).
Hein ? Des signaux d’alarme ? Connais po. Ca se mange ?
Mirai s’assied sagement près du grand brun sur le rebord et étend ses jambes devant lui, juste un peu fléchies pour pouvoir orienter l’écran correctement vers eux, tout un art, vraiment, on sent qu’il a l’habitude de taper sur son clavier approximativement partout (oui, même dans son bain, enfin non, y’a que des douches communes et – oh non, pense pas à ça Mirai…).
Mais tout ça pour quoi au final ? Parce que t’as ouvert des pages de code qui sont clairement sur un programme qu’il a lui-même développé, il a appelé ça coCCinelle. On demandera pas pourquoi, vraiment. Il tourne le nez vers l’autre développeur et souffle doucement.
« En fait… »
Il s’humecte les lèvres et hésite, confiant et peut-être un peu trop crédule.
« J’ai utilisé l’un de vos codes pour pouvoir extrapoler la ressource 89. »
La ressource 89, plus communément reconnue dans les ouvrages de leur établissement comme la base de l’accès aux systèmes internes d’Inner_A13. Cette partie du code source de la cité qui contrôlait l’ensemble des accès électroniques de chaque quartier, jusqu’au sein même du Conseil.
« Et en extrapolant le code, j’ai… réalisé qu’on pouvait totalement… l’utiliser comme une faille… ? »
Et quand il relève les yeux vers l’adulte, l’air entre inquiet et incertain, il n’ose pas en dire plus. Parce que c’est un code sur lequel lui et 0746 ont sûrement travaillé pendant des mois. Peut-être même qu’ils n’y étaient pour rien, Mirai ne sait pas. Mais il sait qu’il parle à une pointure dans le domaine. Qu’il parle à quelqu’un qui comprendra ce double entendre sans peine.
Alors peut-être que 3208 saura, que lorsque Mirai parle de faille, il parle purement et simplement du développement de son dernier projet le moins légal… Une clé passe-partout qui aurait, à terme, vocation à débloquer toutes les portes de la cité.
Algo
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Ce gamin est impressionnant de joie de vivre. Le sourire qu’arbore son visage est de ceux que j’ai pas vu souvent. Il y a bien un pénitent à la chevelure verte qui me vient en tête mais hormis ces deux là je ne pense qu’à des mines au mieux indifférentes. Je finis quand même par réussir à attirer son attention. Et ses expressions changent constamment, de la joie à la surprise et retour à la joie. Cette véritable girouette sur pattes s’excuse. Et je sais très bien ce qu’il veut dire quand il dit qu’il a tendance à juste…. C’est un peu pareil pour tous les passionnés, quand on se lance dans une discussion enrichissante techniquement, on a tendance à oublier tout ce qu’il se passe autour. “Ne t’inquiète pas, tu n’es pas le seul.” Il me suit jusqu’au rebord mentionné plus tôt et nous nous installons. Il reprend alors où il s’était arrêté. Son éditeur de code est ouvert et un projet appelé “coCCinelle”. Pourquoi est-ce qu’il a ouvert ce projet là en particulier ? A priori il doit vouloir m’en parler, mais qu’est-ce qui lui fait croire que je vais pouvoir lui être utile ? Ma spécialité étant la sécurité les algorithmes de cryptage des données, c’est trop spécifique pour être réellement utile au premier stagiaire venu. Sauf que lorsqu’il reprend la parole je le sens un poil hésitant. Comme s’il pensait être tombé sur quelque chose de sérieux. Et il me dit qu’il a utilisé un de mes algorithmes. Ce qui veut dire qu’il a accès à des ressources intéressantes. Et puis il parle de la fameuse ressource 89. Cette ressource est en quelque sorte le coeur utilisé pour les échanges entre tous les systèmes de la cité. Et rendu à ce moment là il a toute mon attention. Ce jeune est plus malin que je ne le pensais. Pour être tout à fait honnête il est sans doute plus malin que moi. Là où je suis bluffé, c’est qu’il pense pouvoir se servir de mon programme et de cette ressource pour créer une faille. Sauf que je vois bien où il veut en venir. On ne crée pas de faille dans un système déjà en place. On ne fait qu’exploiter des faiblesses existantes. Et cette faille dont il parle à demi-mot c’est un accès illimité à la colonne vertébrale de la cité. Son regard inquiet rencontre mon visage partagé entre l’intérêt à peine dissimulé et la surprise. Je ne sais pas ce qu’il se passe dans sa tête à ce moment-là mais ce que je sais c’est que ce qu’il a trouvé n’a pas été envisagé une seule seconde. Je me dois quand même de le prévenir, c’est mon devoir autant en tant que vagabond envers un pénitent qui se mettrait en danger, qu’en tant que passionné à un autre. Je l’observe une seconde, jette un coup d’oeil à son laptop et replonge mon regard dans le sien. “Tu te rends bien compte de ce dont tu me parles ? Qu’on soit clairs, tu t’engages sur un terrain glissant. Passionnant, mais glissant. Je ne désapprouve pas, au contraire ça m’intéresse de voir jusqu’où tu peux aller, mais sache le, tout le monde ne sera pas de mon avis.” Je n’essaie pas spécialement de lui mettre un coup de pression, juste de lui faire réaliser que lorsqu’on touche à la sécurité de la ville, il vaut mieux le faire en y étant invité. Ou alors il faut rester discret. J’essaie de faire passer mon insinuation par le regard. Je soupire, ferme les yeux et commence machinalement à me gratter la peau autour de l’ongle de mon index. Je n’y fais même pas attention. Mon esprit est focalisé sur ce gamin et ce qu’il vient de me présenter. Je finis par rouvrir les yeux après quelques secondes et regarder vaguement l’écran de son ordinateur. “Je veux que tu respecte deux règles quand tu testes ton programme. D’abord tu n’utilises jamais ton matricule. Ni une modification de celui-ci. Tu en invente un. Plus généralement tu n’utilises aucun détail qui pourrait permettre de remonter jusqu’à toi. Ensuite tu ne l’essaie pas depuis du matériel qui t’appartient directement. Tu passes par des intermédiaires. Idéalement trois. En passant de machine en machine tu réécris l'en tête de ta trame pour que l’adresse de laquelle elle est partie n’apparaisse jamais.” Je détache mes yeux de l’écran qui éclaire nos visages pour les poser dans les siens. Mon visage est bloqué en un air sérieux. Ces règles sont le strict minimum pour qu’il ne risque pas bêtement le bannissement. Avant de lui demander s’il a bien compris j’ai encore une exigence. “Avant que tu me dises si tu as bien compris, je veux que tu promettes une dernière chose. Ne tentes rien de nouveau avant d’y avoir réfléchi pendant une semaine. Minimum. Et quand je dis réfléchis je veux dire que tu as pensé à toutes les éventualités. Parce que si ça foire tu risques d’avoir de sérieux ennuis. Est-ce qu’on est bien d’accord ?” |
11-M-1200
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C’est clair dans ses yeux, qu’il a compris. Mirai s’y attendait, de toute façon. Il savait qu’en abordant ce sujet avec cette personne, il serait forcé de savoir exactement de quoi il parlait. Oh bien sûr que Mirai sait pertinemment qu’à parler de ça avec un pénitent tenant un rôle si proche du district douze et de la milice, il pouvait s’exposer à de très très gros ennuis. Mais y’a quelque chose dans les yeux de 3208 qui rassure le gamin. Comme quand on parle à un grand frère et qu’on réalise qu’on a pas vraiment fait une bêtise. Que c’est acceptable de dire des choses qui ne sont pas autorisées. Qu’il a le droit d’être différent et que ça ne le mettrait pas en danger. Du moins, pas immédiatement.
Alors lui il l’écoute religieusement, faisant une moue des plus adorables alors qu’il baisse les yeux, il retient, oui. Retient nerveusement de ne pas exposer son matricule, il s’en était déjà créé un, une série, en réalité, à partir d’un générateur qui prenait dans les bases de données de la ville pour produire des coordonnées inexactes qui survivaient au regard acéré de la milice en tout et pour tout une dizaine de minutes avant d’être strikés comme incorrectes. Comment il le sait… ? Oh, valait mieux pas le dire, pas vrai ? Pour le reste, le gamin pensait avoir vraiment réussi à couvrir ses traces. Du moins depuis tout ces mois où il travaillait sans en avoir le droit dans ces codages de la cité, il n’avait jamais été remarqué. Même si son entrevue avec 4434 l’avait-
Non. Non n’y pense pas. N’y pense pas.
Mirai pince les lèvres et finit par doucement hocher la tête sous l’air scrutateur de 3208, comme il le fait parfois lorsque Jasper le réprimande sur ses actions. Parce que oui, il le sait que c’est dangereux… Mais en même temps il est vraiment curieux ? Et il ne fait de mal à personne au final ? Il pourra même partager ses découvertes, une fois qu’il sera sûr de lui. De la même façon qu’Ezra lui a donné sa chance pour réparer le firewall de Lovebees. Parce qu’ils sont tous gentils comme ça, au Conseil, pas vrai ?
Bien sûr Mirai. C’est beau de rêver. Jusqu’au jour où ça va te tuer.
« Vous… Vous direz rien à personne hein… ? »
C’était sûrement un peu tard pour poser la question, en réalité. Quelle drôle d’idée de tout raconter à quelqu’un qui pourrait totalement le dénoncer. Et peut-être même qu’il ne pourrait pas rentrer au pensionnat pour embrasser une dernière fois jasper, juste un baiser voler. Ce genre de baisers dont il rêve parfois la nuit, et qui le réveille avec le besoin presque étouffant d’aller le prendre dans tes bras, de lui dire et lui répéter que tu l’aimes avant que demain tu ne puisses plus. Parce que t’as ce sentiment permanent que tout va mal se passer.
Mais pour l’instant… Pour l’instant, oui, il devait prendre sur lui.
« C’est juste que… Vous savez, y’a tellement de choses qu’on pourrait faire, pour améliorer la situation. Et… Et je sais que le Conseil fait de son mieux, mais je peux pas… J’ai envie de faire les choses bien aussi ? J’ai envie d’aider… Je- »
Sauf que ça lui rappelle que Léandre a été banni. Qu’Althea aussi. Et les larmes lui montent aux yeux en pensant que peut-être, peut-être… Jasper pourrait être le prochain.
« J’veux pas qu’on perde encore des gens. On vit pas pour être malheureux… »
Parce qu’il est encore terriblement idéaliste, au final. Parce qu’il a jamais été confronté à rien. Parce qu’il croit encore en tous les mensonges que le Conseil leur enseigne depuis leur plus tendre enfance. Parce qu’il a beau être un adolescent aux portes du grand monde, c’en est pas moins un bébé, le ptit Mirai.
Il referme son ordinateur et oser, l’air incertain.
« Est-ce que vous m’en voulez… ? D’avoir utilisé votre code… ? »
Alors lui il l’écoute religieusement, faisant une moue des plus adorables alors qu’il baisse les yeux, il retient, oui. Retient nerveusement de ne pas exposer son matricule, il s’en était déjà créé un, une série, en réalité, à partir d’un générateur qui prenait dans les bases de données de la ville pour produire des coordonnées inexactes qui survivaient au regard acéré de la milice en tout et pour tout une dizaine de minutes avant d’être strikés comme incorrectes. Comment il le sait… ? Oh, valait mieux pas le dire, pas vrai ? Pour le reste, le gamin pensait avoir vraiment réussi à couvrir ses traces. Du moins depuis tout ces mois où il travaillait sans en avoir le droit dans ces codages de la cité, il n’avait jamais été remarqué. Même si son entrevue avec 4434 l’avait-
Non. Non n’y pense pas. N’y pense pas.
Mirai pince les lèvres et finit par doucement hocher la tête sous l’air scrutateur de 3208, comme il le fait parfois lorsque Jasper le réprimande sur ses actions. Parce que oui, il le sait que c’est dangereux… Mais en même temps il est vraiment curieux ? Et il ne fait de mal à personne au final ? Il pourra même partager ses découvertes, une fois qu’il sera sûr de lui. De la même façon qu’Ezra lui a donné sa chance pour réparer le firewall de Lovebees. Parce qu’ils sont tous gentils comme ça, au Conseil, pas vrai ?
Bien sûr Mirai. C’est beau de rêver. Jusqu’au jour où ça va te tuer.
« Vous… Vous direz rien à personne hein… ? »
C’était sûrement un peu tard pour poser la question, en réalité. Quelle drôle d’idée de tout raconter à quelqu’un qui pourrait totalement le dénoncer. Et peut-être même qu’il ne pourrait pas rentrer au pensionnat pour embrasser une dernière fois jasper, juste un baiser voler. Ce genre de baisers dont il rêve parfois la nuit, et qui le réveille avec le besoin presque étouffant d’aller le prendre dans tes bras, de lui dire et lui répéter que tu l’aimes avant que demain tu ne puisses plus. Parce que t’as ce sentiment permanent que tout va mal se passer.
Mais pour l’instant… Pour l’instant, oui, il devait prendre sur lui.
« C’est juste que… Vous savez, y’a tellement de choses qu’on pourrait faire, pour améliorer la situation. Et… Et je sais que le Conseil fait de son mieux, mais je peux pas… J’ai envie de faire les choses bien aussi ? J’ai envie d’aider… Je- »
Sauf que ça lui rappelle que Léandre a été banni. Qu’Althea aussi. Et les larmes lui montent aux yeux en pensant que peut-être, peut-être… Jasper pourrait être le prochain.
« J’veux pas qu’on perde encore des gens. On vit pas pour être malheureux… »
Parce qu’il est encore terriblement idéaliste, au final. Parce qu’il a jamais été confronté à rien. Parce qu’il croit encore en tous les mensonges que le Conseil leur enseigne depuis leur plus tendre enfance. Parce qu’il a beau être un adolescent aux portes du grand monde, c’en est pas moins un bébé, le ptit Mirai.
Il referme son ordinateur et oser, l’air incertain.
« Est-ce que vous m’en voulez… ? D’avoir utilisé votre code… ? »
Algo
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Ca peut paraître horrible, mais j’étais soulagé de voir le regard tout penaud du jeune garçon. J’étais soulagé de le voir baisser les yeux comme un enfant qui se rend compte tout seul qu’il n’aurait pas dû traverser la route sans regarder. Une fois que j’ai fini de parler, il me regarde et hoche doucement la tête. Je le regarde faire et ne doute pas une seconde de sa sincérité. J’ai beau ne l’avoir rencontré seulement quelques minutes plus tôt, une sincérité, voir une certaine naïveté, se dégage de lui. En soit, quelqu’un de mal intentionné ou réellement prudent n’aurait pas parlé de son projet au premier inconnu venu. Lorsqu’il rouvre la bouche, sa demande me fait sourire malgré moi. C’est un peu tard pour demander le silence. Surtout si tu n’as aucune menace à mettre en place. On peut dire qu’il a eu de la chance que je sois celui à qui il a décidé de parler de son petit projet. Sauf qu’il continue à parler. Et il me dit qu’il aimerait améliorer la situation. Qu’on aurait la capacité de les améliorer. Il ne se rend pas compte que tout cela est une volonté du conseil. Qu’il n’y a rien à améliorer à leurs yeux. Sauf peut être la brèche qu’il exploite. Et je vois bien qu’il est réellement attentionné et qu’il pense au bonheur du plus grand nombre. Les larmes qui viennent se loger dans ses yeux en sont la preuve. Je l’écoute jusqu’au bout. Je décide de ne pas le couper. De le laisser aller au bout de sa réflexion. Il semble avoir connu des bannis. Et leur bannissement l’a beaucoup affecté. Ce qu’il dit ne serait sûrement pas très bien perçu par le conseil. Surtout le fait qu’il ne soit pas indifférent aux bannissements. Ca le rend malheureux. Et s’il est malheureux il pourrait être moins obéissant. Il pourrait en venir à penser que le conseil n’est pas si bienveillant. Alors mon inquiétude grandit. Elle grandit parce qu’il ne se rend pas compte du monde dans lequel il vit. Et lorsqu’il ferme son ordinateur et me regarde, incertain, peut être avec un peu d’appréhension, et qu’il me demande si je lui en veut, je ne peux m’empêcher de laisser échapper un soupire. Il est encore jeune. Il ne comprend pas que je suis en fait fier que mon algorithme ait pu servir. Surtout s’il a pu servir à quelqu’un comme lui, pétri de bonnes intentions. Alors je fais quelque chose que je n’ai pas l’habitude de faire. Que je n’ai jamais fait de moi-même à vrai dire. Je le prends dans mes bras et le serre contre moi pour le rassurer. “Non je ne t’en veux pas. Je suis très fier que mon bout de code puisse servir un aussi beau projet. Et je suis très heureux d’avoir rencontré un jeune homme aussi gentil et bienveillant. Je ne parlerai de ton projet à personne mais tu dois faire pareil. Et je vais t’expliquer comment me contacter si tu as des soucis. En fait même si tu penses en avoir. D’accord ?” J’attends qu’il me réponde et qu’il se sente mieux. Je ne veux pas le brusquer ni le submerger d’informations. Je risque encore une fois beaucoup à lui donner un moyen de me contacter, mais je ne peux pas le laisser comme ça tout seul. Et puis je ferai bien attention de ne pas impliquer le clan d’une quelconque façon. Je sais que Liberté désapprouverait ce que je suis en train de faire. Mais qu’importe. Ce jeune est trop gentil pour être laissé sans assistance. |
11-M-1200
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Le pire dans tout ça, c’est qu’il ne s’attend pas à cette conclusion. Qu’en l’entendant parler de la sorte, l’idée l’effleure qu’il pourrait sûrement avoir risqué gros, là, comme un imbécile à déballer son plus perfide secret à quelqu’un qu’il vient à peine de rencontrer. (Même s’il n’est pas son pire secret, non. Celui-là porte un tout autre nom, et est quant à lui bel et bien fait de chair et de sang…)
3208 ne lui fait pas de remontrance, ne semble pas sur le point de le balancer ou encore de l’écorcher vif. Après tout, toutes ces choses sont de l’ordre de la Cité, pas vrai ? Peut-être qu’il risque plus qu’une simple réprimande, s’il se faisait attraper. Pourtant Althea n’avait rien dit. Léandre lui-même avait semblé fier de voir que parmi les rangs des futurs arrivants dans le douzième, il y avait des éléments comme Mirai. Novateurs et pleins d’une imagination qui ne trouverait sa limite qu’une fois la marée de donnée que contenait chaque serveur de la ville aurait révélé le dernier de ses secrets à sa connaissance. Peut-être était-ce pour ça aussi qu’Ezra l’avait recruté, cueilli comme un fruit méritant encore de mûrir, mais déjà trop précieux pour éviter de le voir se faisander. C’est ça, oui. C’est pour ça que 3208 ne dit rien. Il doit voir du potentiel, c’est sûrement ça. Pas une menace.
Non, jamais une menace.
Et cette seule pensée se confirme lorsque le bras du plus âgé se referme autour des épaules du môme, une demie étreinte, quelque chose uniquement là pour le rassurer. De ses grands yeux émeraude, il se perd dans les yeux sombres, cherche à comprendre, cherche à se rassurer, comme toutes ces fois où il se perd dans les yeux de Jasper.
Mais la sentence ne tombera pas. 3208 n’est pas fâché après Mirai, et cette simple révélation lui fait pousser un léger soupir de soulagement, presque théâtral tant il semble surjoué, mais lui le vit comme ça, à 2000%. Parce qu’il ne connaît que ça, en réalité. Une vie à vivre tout trop fort, trop intensément. Ce qui compte encore plus que ça ? La fierté du grand brun. Ça se lit dans ses yeux, non, qu’il pourrait presque pleurer, tant il se sent empli de gratitude. Il se mord pourtant seulement la lèvre inférieure et hoche la tête.
« Je- Je serais vraiment heureux si je pouvais vous recontacter. »
Parce que Mirai ne réalise pas, qu’à cet instant précis, il ne parle pas à 4434, douce et prévenante, qui voulait simplement lui prêter main forte. Non, à cet instant précis, Mirai met ses deux pieds joints sur la trappe d’un piège à loup. Deux pieds joints qu’il devra s’évertuer de ne pas bouger, s’il ne veut pas que son monde s’effondre, s’il ne veut pas que les choses deviennent ce qu’il ne veut pas.
« Est-ce que moi je peux faire quelque chose pour vous en échange ? »
Parce que c’était bien ça l’important, non ? Un donnant-donnant équitable. Parce que toutes les choses ont un prix, surtout dans un monde aussi concurrentiel que celui dans lequel eux deux évoluent.
« J’ai encore tellement à faire et à apprendre. Je- je suis vraiment content de vous être tombé dessus- enfin, non, je veux dire, pas littéralement, mais figurativement- pas que vous soyez pas confortable- enfin, c’est pas ça la question mais- »
Cessera-t-il seulement un jour de babiller comme un enfant ? … Probablement pas.
3208 ne lui fait pas de remontrance, ne semble pas sur le point de le balancer ou encore de l’écorcher vif. Après tout, toutes ces choses sont de l’ordre de la Cité, pas vrai ? Peut-être qu’il risque plus qu’une simple réprimande, s’il se faisait attraper. Pourtant Althea n’avait rien dit. Léandre lui-même avait semblé fier de voir que parmi les rangs des futurs arrivants dans le douzième, il y avait des éléments comme Mirai. Novateurs et pleins d’une imagination qui ne trouverait sa limite qu’une fois la marée de donnée que contenait chaque serveur de la ville aurait révélé le dernier de ses secrets à sa connaissance. Peut-être était-ce pour ça aussi qu’Ezra l’avait recruté, cueilli comme un fruit méritant encore de mûrir, mais déjà trop précieux pour éviter de le voir se faisander. C’est ça, oui. C’est pour ça que 3208 ne dit rien. Il doit voir du potentiel, c’est sûrement ça. Pas une menace.
Non, jamais une menace.
Et cette seule pensée se confirme lorsque le bras du plus âgé se referme autour des épaules du môme, une demie étreinte, quelque chose uniquement là pour le rassurer. De ses grands yeux émeraude, il se perd dans les yeux sombres, cherche à comprendre, cherche à se rassurer, comme toutes ces fois où il se perd dans les yeux de Jasper.
Mais la sentence ne tombera pas. 3208 n’est pas fâché après Mirai, et cette simple révélation lui fait pousser un léger soupir de soulagement, presque théâtral tant il semble surjoué, mais lui le vit comme ça, à 2000%. Parce qu’il ne connaît que ça, en réalité. Une vie à vivre tout trop fort, trop intensément. Ce qui compte encore plus que ça ? La fierté du grand brun. Ça se lit dans ses yeux, non, qu’il pourrait presque pleurer, tant il se sent empli de gratitude. Il se mord pourtant seulement la lèvre inférieure et hoche la tête.
« Je- Je serais vraiment heureux si je pouvais vous recontacter. »
Parce que Mirai ne réalise pas, qu’à cet instant précis, il ne parle pas à 4434, douce et prévenante, qui voulait simplement lui prêter main forte. Non, à cet instant précis, Mirai met ses deux pieds joints sur la trappe d’un piège à loup. Deux pieds joints qu’il devra s’évertuer de ne pas bouger, s’il ne veut pas que son monde s’effondre, s’il ne veut pas que les choses deviennent ce qu’il ne veut pas.
« Est-ce que moi je peux faire quelque chose pour vous en échange ? »
Parce que c’était bien ça l’important, non ? Un donnant-donnant équitable. Parce que toutes les choses ont un prix, surtout dans un monde aussi concurrentiel que celui dans lequel eux deux évoluent.
« J’ai encore tellement à faire et à apprendre. Je- je suis vraiment content de vous être tombé dessus- enfin, non, je veux dire, pas littéralement, mais figurativement- pas que vous soyez pas confortable- enfin, c’est pas ça la question mais- »
Cessera-t-il seulement un jour de babiller comme un enfant ? … Probablement pas.
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