Habituellement, il était enseigné que le district 3 était découpé en potagers et le district 5 en vergers. Cependant, l’agriculture est ni entièrement prévisible, ni entièrement rationnelle. Elle est organique, réactive, primaire. Par mimétisme, on retrouvait  parfois ces traits inconsciemment dans le tempérament des habitants de ces deux quartiers. S’il y avait une zone dans la cité où être “trop naturel” était légèrement mieux perçu, c’était logiquement là-bas.

Les récoltes en monoculture réservant toujours leur lot de mauvaises surprises, les responsables des deux districts horticoles s’étaient résolus à échanger certaines de leurs variétés pour créer des associations gagnantes. Si bien qu’aujourd’hui, plus personne n’était surpris que des fruits poussent au D3 ou inversement que des légumes poussent au D5.

Il n’empêche que le Conseil traçait au cordeau ce secteur de l’économie. La planification des cultures était arrêté par décret chaque année, sur la base des rapports statistiques de rendement des 5 années précédentes. La terre produisait autant de denrées que de données. Ce sont ces dernières qui occupaient les journées des ingénieurs agronomes, qui rendaient chaque trimestre une nouvelle mouture de leurs rapports “ SR-D3 ” ou “ SR-D5 ”.

Peu avant une nouvelle période de semis, chaque immeuble recevait son remembrement, et chaque maraîcher son affectation pour la saison. Il n’était pas rare qu’un maraîcher change d’étage d’une saison sur l’autre, ou plus ponctuellement qu’il change d’immeuble. En revanche, qu’un maraîcher se déplace dans un autre district pour y travailler était un fait exceptionnel.

Or cette année, 1138 avait observé un changement notable dans son immeuble. Le 21e étage devrait désormais planter des tomates marmandes. “ D'où ça sort ? Avec tous leurs chiffres ils jouent au loto avec c’est pas possible autrement !” ronchonna t-il face à cette nouvelle proposition tombée du haut du panier. Entre les désirs du Conseil et sa réalité, se creusait un canyon d’incompréhension dont 1138 ne se laissait pas de commenter la vue vertigineuse. Lui qui connaissait tout le monde, il pouvait vous jurer qu'il n'avait croisé aucun maraîcher spécialisé sur cette variété dans son bloc. Les postes de maraîchers de tomates faisaient de toute façon partie des profils dits pénuriques dans tout le district.

Quoi qu’il en pense, le décret ne laissait aucun détail de côté. La nouvelle cartographie mentionnait la liste des maraîchers pour le 21e étage. Un matricule se démarquait immédiatement des autres, car il commençait par 03.

“ 03-F-1856 | Autorisation de transfert exceptionnel pour 10 jours ”

“HE MAIS ON A UN MERCATO !!!” bondit 1138. “Ils sont sérieux avec leur tomates, la consommation de lasagnes a du grimper en flèche.” Sa volonté pour se concentrer ayant dépassé ses limites, le gardien abandonna la lecture du document et repris le cours tranquille de sa journée. Le renouvellement de l’équipe de maraîchers au 21e était prévu dans 4 jours, il était large.

Judith n’avait été avertie que la vieille. Son supérieur l’avait convoqué dans son bureau, avec son amabilité et sa douceur habituelle – c’est-à-dire : aucune. Il avait été bref, concis et avare en détails, lui laissant plus d’interrogations que de réponses. Elle savait seulement qu’elle devait se rendre au district 05 le lendemain et qu’un mail officiel lui parviendrait le soir même pour lui détailler la procédure. Fronçant le nez, elle avait opiné du chef en s’éclipsant aussitôt – il ne supportait pas la moindre question, qu’il considérait comme du bavardage inutile et une baisse de productivité. Ce n’était pas la peine de l’agacer, il était déjà suffisamment sur son dos en temps normal, à la recherche de la moindre erreur. La jeune fille avait donc poursuivi sa journée, comme n’importe quelle autre, avant de consulter sa messagerie immédiatement sur le chemin du retour, à la recherche des fameuses instructions supplémentaires.

De longues phrases alambiquées lui expliquaient ce qu’elle savait déjà, à savoir que la productivité était essentielle afin de nourrir la population sur inneR-A13, qu’il fallait partager le savoir-faire entre maraîchers afin d’être toujours à la pointe, que la diversité des cultures permettait d’obtenir des plants en meilleur santé, qu’il était important de blablabla. On lui annonçait donc son affectation temporaire au district 05, pour les 10 jours à venir, afin de s’occuper de nouveaux plants de tomates marmandes. Elle avait été sélectionnée pour les qualités dont elle avait fait preuve, concernant ces cultures spécifiques et c’était un honneur que d’être choisie afin de transmettre ses compétences. Son objectif était donc de former ses collègues afin qu’ils puissent agir en toute autonomie après son départ. Bien évidemment, cette affectation temporaire ne devait pas impacter sa productivité et elle se devait de se présenter à l’heure habituelle au bâtiment indiqué. Il était ajouté que le gardien était au courant de ce transfert et qu’elle devait, exceptionnellement, se présenter avant sa prise de poste, afin de recevoir les éventuelles instructions propres au travail dans ce nouveau district. Il lui était rappelé qu’elle devait obéir aux ordres en toute circonstance et que son affectation temporaire entraînait également un transfert temporaire de l’autorité, vers les supérieurs du bâtiment auquel elle était affectée. Il ne lui était pas permis de refuser ce déplacement, sous peine de bannissement immédiat. Cette convocation faisait office de justificatif, afin de lui permettre de se déplacer jusqu’à son poste temporaire.

Ce soir-là, Judith n’avait pas très bien dormi. Mais, cette fois-ci, c’était plutôt à cause de cette nouvelle affectation. C’était aussi stressant que grisant. Elle s’inquiétait pour son réveil. Elle qui avait tendance à avoir tout juste le temps de se préparer, ne pourrait pas se permettre un tel écart. Le chemin jusqu’au district 05 serait plus long que son trajet ordinaire. Néanmoins, elle était ravie qu’un peu de nouveauté égaie son quotidien. Elle allait pouvoir rencontrer de nouvelles personnes et, peut-être, apercevoir quelques arbres fruitiers – son secteur contenait bien quelques baies, telles que des fraises, mais point de pommier ou de pêchers.

Le lendemain, elle se réveilla donc, comme toujours, avec un peu de retard. Moins que d’ordinaire néanmoins. Visiblement, son cerveau avait décidé de coopérer et elle eut le temps de se préparer et d’arriver avec son éternelle minute d’avance devant le bâtiment du district 05. Celui-ci était encore plus haut que le sien. Elle ouvrit des yeux ronds, alors que son regard se promenait sur toute la hauteur, à la recherche de la fin du building. C’était à croire qu’il n’y en avait pas, ou qu’il touchait les nuages – mais ça, c’était parce qu’elle avait tendance à exagérer un peu. « Aller Ju’, c’est parti. » Murmurra-t-elle, pour se donner de l’aplomb. A peine avait-elle franchit les portes du bâtiment qu’elle sentit des regards se poser sur elle. Bien évidemment, c’était une nouvelle tête pour tout le monde. Elle s’approcha d’un jeune homme blond, à l’air un peu plus affable que les autres, pour lui demander où elle pouvait trouver le gardien.

On lui indiqua le chemin pour se rendre jusqu’à la salle des commandes, où il était affecté ce matin-là. 1856 se hâta, elle ne voulait surtout pas être en retard. Lorsqu’elle fut enfin devant la porte, après avoir gravit plusieurs étages à la hâte, légèrement haletante, elle frappa trois fois et, sans attendre qu’on lui demande d’entrer, poussa immédiatement la porte.

Bonjour, je suis 03-F-1856. J’ai été affectée au 21ème étage et je dois me présenter au gardien de ce bâtiment avant ma prise de poste.

Sans même savoir si la pièce était seulement occupée. Comme un bon petit soldat.

De bon matin 1138 avait été appelé à la salle des commandes du 7e étage pour une panne électrique. Rien de méchant, il pouvait s’en occuper lui-même. Alors qu’il était le cul en l’air et la tête abaissée sous le tableau de bord, il entendit une voix claire et volontaire qu’il ne reconnaissait pas. Est-ce qu’il allait se relever précipitamment et faire face à son interlocuteur comme une personne bien élevée le ferait ? Absolument pas. Sa concentration est trop rare et précieuse pour qu’il se coupe en plein élan dans son bricolage.

“ 2 minutes ma belle, j’ai presque terminé mon bazar. ”

Et voilà, ça devrait tourner maintenant. Content de lui, il se redressa enfin. Pour se donner une contenance, 1138 fit mine de regarder sa feuille de route. Ou son pad plutôt. Il remua toutes ses poches pour remettre la main dessus. Pour la bonne impression, on repassera.

“ Alors alors… 03-F-1856, 03-F... mais attends le mercato c’est toi ? ”

C’était une femme, à vue de pif une bonne décennie plus jeune que lui. Sa peau bronzée faisait ressortir ses tâches de rousseur, elle portait un tee-shirt de travail trop grand pour elle, taché de brun et de vert. C’était bon signe, on est pas des poseuses ici.

“ T’es débrouillarde pour être venue me chercher dans ce champ de patates. Excuse-nous pour le comité d’accueil, on a pas l’habitude des plantes rares ici. Allez j'vais faire le guide jusqu’à ton étage, suis-moi. ”

Comme il avait déjà accueilli un visiteur plus tôt dans le mois, 1138 était plus assuré dans ce rôle. Il commença par lui expliquer que l’immeuble faisait partie des plus anciens du district, ce qui faisait son charme mais apportait aussi son lot d’inconvénients. Les architectures électriques dataient d’une autre époque, de même pour le système hydraulique. La nouvelle devrait un peu batailler au début pour se familiariser avec cet environnement. Et le détail qui n’en est pas un : il n’y pas d’ascenseur jusqu’au 11 étage, à part des montes-charge. Ils étaient donc partis pour monter encore 4 étages à pied.

Pendant cet exercice matinal, 1138 s’arrêta sans prévenir. Il regarda fixement la maraîchère en posant ses deux mains sur les hanches. ” Tu te teins les cheveux ? Ah bah une habitude de riche, alors vous êtes comme ça au 3e district. “ balança t-il un peu narquois. Il cherchait par là à briser la glace, maladroitement en l'occurrence. Ne vous en faites pas pour lui, sa vie sentimentale est aussi rude avec lui qu’il est sans scrupule avec les autres.

Son pad se remit à sonner. Les années passant,  les pannes mineures se multipliaient dans l’immeuble. C’était presque toujours aux mêmes endroits qu’il devait renouveler ses rafistolages. Rien d’inquiétant pour 1138, qui traitait son immeuble avec le soin dû à une dame, traînant certes quelques rhumatismes mais dont la vénérable résilience les enterrerait tous.

“ C’est le 18e qui appelle, je parie que leur arrivée d’eau s’est encore bouchée. On va faire un détour, t’inquiètes j’expliquerai à ton chef. Tiens je t'ai pas dis, le 18 c’est pommes et poires.”

Une fois au 11e palier, une série de portes blindées se présentaient devant eux. Voir tous ces ascenseurs amenaient à chaque fois le même soulagement mérité. Sans marquer de pause, les deux pénitents rentrèrent dans une cabine. Les battants se ferment et se rouvrent 7 étages plus haut.

A peine avait-elle poussé la porte qu’elle s’était immédiatement présentée. Sans même prendre le temps d’observer la pièce. Heureusement pour elle, quelqu’un s’y trouvait bien. Quant à savoir si c’était bien la personne qu’elle cherchait … ? La silhouette était penchée en avant, devant un tableau de bord, en train de … rafistoler quelque chose, certainement. Elle attendit sagement qu’il se redresse et se retourne pour l’observer. Inutile de remarquer qu’il était plus grand qu’elle, à peu près n’importe qui l’était. En revanche, elle avait visiblement en face d’elle quelqu’un d’aussi organisé qu’elle-même, puisqu’il tapotait toutes ses poches à la recherche de quelque chose. La brune eut un petit sourire amusé en penchant légèrement la tête sur le côté. Soudain, comme une illumination dans les yeux noirs. Il venait de se rappeler qu’elle avait été affectée pour quelques jours à son immeuble. Cela permit à Judith de balayer ses doutes. Elle s’était bien adressée au gardien. Ouf. Au moins, elle ne risquait pas la colère de son superviseur sur ce point. Sur le reste … Eh bien, ça ne dépendait que d’elle.

Oui, c’est bien ça. Il paraît que vous avez besoin d’aide, pour les plants de tomates. J’ai été affectée ici pour les 10 prochains jours.

Le jeune homme s’excusa qu’elle ait dû venir le chercher par ses propres moyens et lui proposa de faire le guide immédiatement, jusqu’à son étage. Judith acquiesça avec un sourire, se retenant de lui proposer de venir au troisième district. Où l’accueil risquait d’être éminemment glacial. Toujours retenir sa langue en face d’un inconnu et particulièrement lorsqu’il s’agissait de dire du mal d’un supérieur. On n’était jamais trop prudent. Emboîtant le pas au jeune homme – qui ne s’était pas présenté d’ailleurs – elle l’écouta parler du bâtiment, avec lequel elle allait devoir se familiariser. Les installations étaient plus anciennes que celles dans lesquelles elle avait l’habitude de travailler. On pouvait sentir le poids des années, rien qu’en observant les revêtements usés aux murs. Tandis qu’ils grimpaient les escaliers, ne pouvant trouver un ascenseur qu’à partir du 11ème étage, il s’arrêta brusquement, poings sur les hanches, la raillant à propos de sa teinture. 1856 ne s’y attendait pas. Surprise, elle haussa les sourcils, les yeux grands ouverts. Est-ce qu’il se moquait vraiment ? Ou est-ce qu’il essayait seulement d’engager la conversation ? La jeune fille fronça le nez.

Hm… Non. Je ne pense pas que nous ayons tous les cheveux teints. En tout cas, c’est un plaisir que je m’autorise. Puis, se radoucissant. Il faut bien un peu de fantaisie, non ?

Elle décida finalement de lui offrir un chaleureux sourire de son cru. Ce n’était pas la peine de se formaliser pour ça. Reprenant l’ascension, son téléphone sonna. Ils allaient devoir faire un détour. Et la jeune fille allait avoir l’occasion d’admirer pommiers et poiriers. Il n’en fallait pas plus pour satisfaire la curiosité de Judith, dont les yeux se mirent à pétiller. Ça allait changer des plants de tomates, au moins pour quelques instants. Ce fut avec une joie non dissimulée qu’ils arrivèrent au 11ème étage et au sacro-saint ascenseur. Elle entra dans la cabine avec un petit soupire d’aise.

Oh. Au fait. Si jamais 1856, c’est un peu trop protocolaire, moi, c’est Judith. Et à part « le gardien » comment est-ce que je peux t’appeler ?

Les portes s’ouvrirent sur le 18ème étage et un immense verger de pommiers et de poiriers. La jeune femme ne put empêcher ses prunelles noisette de pétiller de nouveau, alors que son regard embrasait le décor en face d’elle. Néanmoins, elle redescendit bien vite sur terre en se rappelant son supérieur – c’était étonnant qu’il ne hante pas ses nuits, tant il hantait ses journées en permanence. Avec une moue un peu inquiète, elle se tourna vers 1138.

Combien de temps penses-tu que nous allons devoir rester ici ? Mon superviseur est … particulièrement attentif au rendement de ses équipes.

Une hésitation dans la voix. Ne pas le dénigrer. Ne pas le dénigrer.

Le 18e était l’un des plus beaux étages de l’immeuble. Au printemps, enfin plutôt aux mois 3 et 4 du cycle productif, les branches fleuries faisaient leur petit effet.

“Alors Jude, ça t’en bouche un coin ? On a presque 5 étages entiers de pommes ici, on est imbattables.”

Tout en improvisant ce surnom pour la nouvelle venue, le gardien percuta qu’il ne s’était pas présenté lui-même. Quel guide en carton, enfin il n’est jamais trop tard.

“Comme tu l’as deviné je suis le gardien de l’immeuble, tu peux m’appeler 1138. Si on est entre nous, comme maintenant, Alim ça me va aussi.”

Il l’aimait bien, cette jeune recrue souriante qui se formalisait pas de sa visite improvisée à la va vite, faite de détours à droite à gauche, et parsemées de blagues de son cru. Elle semblait même globalement apprécier, bien qu’il était visible que quelque chose la retenait. Le gardien ne saurait dire si elle était timide ou inquiète pour ses statistiques individuelles de production. Les deux probablement, et ça se comprend.

“Combien de temps ? Ne sois pas si pressée, ou tu vas nous pisser une citronnade.” balança t-il avec le tact d’une pelleteuse.

Il traversa l’étage à grand pas, pour se rendre directement devant l’arrivée d’eau. Ni une, ni deux, le gardien enlève le couvercle de la bouche d’évacuation. D’une des poches de son cargo, il sortit une clé de la dimension idoine pour évider un des joints bouchés. Sans surprise, une bouillasse brune de feuilles et de boue s’en dégagea. Alim s’en saisit à pleine mains, direction le bac à compost le plus proche.

“Terminé ! J’espère que t’as mis le chrono.” rigola t-il, toujours dans son élément.

Sans traîner, le duo repris l’ascenseur. Lorsque les battants s’ouvrirent au 21e étage, un vieil homme les attendait. “Hé le gardien j’allais te chercher justement, qu’est-ce que tu foutais ?” leur lança t-il.

“Salut papi tomate, oh tu me connais je peux pas me concentrer sur une seule chose à la fois. Tu tombes bien, jte présente le transfert du 3e district, c’est elle qui va vous sauver la mise !” assura le gardien envoyant une tape derrière le dos de la nouvelle.

“Fais pas ton malin 11, t’as du bol pour cette fois ! Tu serais monté les mains vides t'aurais fait son boulot à sa place.” lui rétorqua le maraîcher expérimenté. Changement d’ambiance, il adressa un sourire tout doux à Judith. “Bienvenue Judith, tout est à faire ici va falloir se montrer patiente. Laisse tomber ce grand nigaud, je vais te montrer ton affectation.”

En voyant que son mercato était entre de bonnes mains, le gardien ne put se priver du plaisir de faire une dernière pique.

“Je parie 30 crédits que papi tomate ne sait pas comment envoyer tes stats de production à ton responsable du 3e district. T’es notre premier transfert tu sais ! Alors te prends pas la tête va.”

Il sentit le regard noir du maraîcher sur lui, nul doute qu’il était de la vieille école. Pas inquiet du tout, 1138 savait que sa remarque avait fait ricochet jusqu'à Jude. Il reviendra sans doute donner un coup de main dans quelques jours. Pour se racheter, surtout parce qu’il est trop curieux de voir comment elle va se débrouiller dans cet étage où depuis plus de 8 mois rien n’a poussé.