my mind is dry Il ne savait pas si cela se voyait, mais il n'avait étrangement pas envie de rentrer chez lui, Amaury. Le flot de ses collègues le portait doucement hors du siège du conseil, il se laissait entraîner par les vagues et au final avait stoppé sa course dans les marches impressionnantes à l'entrée du bâtiment. Portable à la main, la lumière faible de l'écran se reflétant sur son visage fermé, il a l'air perdu dans ses pensées. Il joue distraitement à un jeu stupide installé sur son appareil, assez stupide pour pouvoir éteindre son cerveau quand ce qui l'entoure devient trop.

Ce n'était pas la déprime, mais presque. Il ne voulait pas rentrer, il allait probablement traîner des pieds jusqu'à son appartement et prendre des chemins détournés pour que le trajet dure le plus longtemps possible. Et il ne savait pas ce qui expliquait cette soudaine envie d'évasion - surtout de la part de quelqu'un qui avait piqué subtilement du nez au bout de vingt-cinq minutes de réunion.

Au final, il avait vu quelqu'un sortir de la foule de personnes bien rangées qui se dirigeaient sagement chez elle - et évidemment, parce que sa journée n'était pas assez nulle, ce quelqu'un était venu lui parler. Qu'est-ce que tu me veux, toi ?, Amaury avait soupiré. Mentalement, évidemment.

my mind is dry C'est nouveau, ça. D'ordinaire, on évite Amaury comme la peste, parce que c'est un con et qu'en général, s'acoquiner à lui ne signifie pas bon présage. Mais il fallait croire que ce cher président n'avait pas peur des mauvais présages. Ce qui arrangeait grandement Amaury.

Il avait joint ses mains derrière son dos, un sourire amusé dessiné sur ses lèvres. Il était attentif à tout ce que racontait Aden d'ordinaire - bon, sauf à cette malheureuse réunion où il avait décidé de compter les moutons un peu trop tôt. En même temps, il avait décidé de faire profil bas depuis peu et sans ses interventions, les réunions du Conseil devenaient un poil soporifiques.

Je suis toute ouïe, déclare-t-il paisiblement. Après tout, il avait tout le temps du monde. Et une soudaine entraide entre lui et Aden ne le déplaisait pas, au contraire. Peut-être devrions-nous nous éloigner.

Il descend les marches, avisant un recoin calme, pas suspect non plus. Mais simplement éloigné de la foule de gens qui rentrent chez eux. Alors, cette idée géniale ?

my mind is dry C'est une idée fantastique. En tous cas, de son point de vue. Lui, ça l'arrangeait. C'était ce qui comptait. Je vois, il murmure pensivement.

Il avait relevé les yeux vers Aden, un peu vide à l'intérieur. Il était fatigué - sa fougue habituelle semblait l'avoir quittée. C'était dur de garder son éternel sourire malicieux sans qu'il ait l'air tout à fait mort à l'intérieur. Franchement, il avait la vitalité d'un vieux mégot abandonné sur le trottoir.

moi, ça m'arrange. alors je te suis. Il déclare simplement. Il soupira, presque inaudible. Si tu fais passer un arrêté, j'appuierai ton vote, sois-en sûr.

Cela n'allait peut-être pas être simple de mener ce plan à termes, mais avec un peu de chance, hein. Il avise Aden, supposant que ce dernier allait prendre la poudre d'escampette aussitôt que possible. C'est à dire, qu'il aurait déjà dû être parti, là. Les sourcils d'Amaury se froncent un tout petit peu, circonspect.

C'est rare que tu viennes de toi-même à ma rencontre. Et que tu ne sois pas parti après m'avoir dit deux mots maximum. Il se passe quelque chose ?

Il espérait juste ne pas avoir raté un épisode important pendant sa petite sieste. Mais, non, il en doute. Lucian serait aussi venu le voir avec de grands yeux de merlan frit si ça avait été le cas.

my mind is dry Délicieuse, l'inquiétude qu'il peut lire dans son regard, dans ses mots. Il ne dit rien, pour l'instant, il se tait. Laisse les bruits ambiants remplir le silence laisse Aden sur un suspens.

Je l'ignore, il répond d'une voix blanche, jonglant habilement avec son téléphone portable entre ses doigts. C'est devenu une habitude. Ça ne trahit pas une quelconque nervosité, non ; il est concentré. C'est assez rare pour être noté. Je peux enquêter, si c'est ce que tu souhaites.

Il se mettrait alors grandement en danger. Sans doute. Mais c'était pour la bonne cause, et puis, il n'est pas assez stupide pour réellement se jeter dans la gueule du loup. S'il propose, c'est qu'il croit que cela est dans ses cordes. Et puis l'occasion est bien trop belle, il n'est pas assez bête pour la rater. Quitte à se brûler un petit peu. Ses yeux croisent ceux d'Aden et son regard se confond dans le sien, pendu à ses lèvres.

my mind is dry Il observe Aden, surpris. Ses yeux font navette entre leurs mains liées et le visage impassible d'Aden. ... C'est si gay, qu'il pense alors que son sourire s'élargit un peu. C'est rare de voir Aden s'inquiéter de la sorte, pour lui en plus de ça ! Il s'esclaffe.

Mais bien évidemment.

Sa main vient chercher les doigts d'Aden, un peu plus fermement. Il recommence à marcher, doucement, serrant la main d'Aden un instant - et finalement il le libère.

J'ai d'ores et déjà commencé à faire profil bas, non, il n'évoquait pas ses multiples siestes occasionnées de ces derniers jours. c'est parfait, j'imagine.

Il semblait de meilleure humeur qu'au début de leur conversation, en tous cas.