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Ah quelle merveilleuse journée ! Pile au moment où Jeremiah sort du siège, le soleil se couche et il peut admirer les magnifiques couleurs de la ville. De sa ville ! Quelle chance vraiment que ses heures se soient allongées avec l'arrêt de la pluie. Ok certes il finit un peu plus tard mais il peut avoir une excuse pour envoyer chier son chauffeur et marcher un peu en profitant du crépuscule parce que c'est beau quand même Inner_A13 qui se dégonfle à la venue de la nuit et laisse couler tout ce rouge et ce orange comme un bouton qu'on éclate. Hum Jeremiah et la poésie, une grande histoire de passion ! Ah ça lui rappelle tout ces merveilleux moments passés à épier l'horizon vierge de bâtiments, aux limites de la cité, attendant que le dernier rayon du jour ait fini de crever comme les espoirs de ses condamnés quand il écrasait ses semelles dans leurs figures sales pour les balancer dans le vide. Il ne lui manque plus que le bruit des sanglots et des éclaboussements pour compléter ce pittoresque paysage urbain.
Ah tant pis. C'est derrière lui tout ça. Il était bien temps de prendre du grade après tout ! Personne ne peut lui ôter sa bonne humeur aujourd'hui. Absolument personne sauf, sauf...
_Hé la dinde ! Tu cherches quelque chose ? Ça sort comme ça gratuitement, sans prendre le temps de réfléchir. L'instinct, le sourire qui s'élargit, révèle des quenottes blanches et brillantes comme des perles qu'on aurait envie d'une par une arracher. Les doigts qui s'agitent, les pupilles qui se dilatent...
Amaury, Amaury, À mort, À mort rire. Même son nom, il le trouve ridicule.
_Ta dignité peut-être ? Je crois l'avoir vue sous le bureau d'Aden !
Oh non c'est plus fort que lui, vraiment Jeremiah n'y peut rien, il jure.
Dès qu'il le voit, il a juste envie de l'insulter. Est-ce sa faute si Amaury a vraiment des airs de bouffon ? Le genre à qui on aimerait faire bouffer les pompons.
Il traînait, à la sortie du siège du Conseil, prenant tout son temps pour rentrer. La seule chose qui le motive, c'est le calme de son appartement, qui avait été angoissant à l'époque, mais quand il le compare à l'agitation du siège, lui semble paradisiaque. Il y a de ces cons, au Conseil. Des abrutis finis qui se mélangent aux parfaits connards, le tout dans une harmonie somme toute très amusante. Oh, bien sûr, s'il se considère vaguement au dessus des autres, Amaury sait qu'il ne fait pas exception: Abruti, ça aurait pu être son deuxième prénom. Ah, ça y est, Abruti broie du noir tout seul.
Et évidemment, comme si cela ne suffisait pas, une voix qu'il connait malheureusement bien l'interpelle. Jeremiah. Le roi des connards, en gros. Jeremiah, qu'on ne présente plus, parce que rien que l'évocation de son prénom fait trembler la gente féminine et la minorité d'introvertis du Conseil. Amaury n'y échappe pas, parce qu'en tant que représentant (malgré lui) du genre neutre au siège, et avec sa réputation qui n'est plus à faire, il n'échappe évidemment pas aux remarques toutes plus nulles les unes que les autres. Jeremiah avait tant d'imagination. Formidable.
Il se retourne, d'ores et déjà blasé. Le problème avec Jeremiah, c'est que tu ne pouvais pas juste pas l'ignorer et passer ton chemin. Tu finissais forcément par le recroiser, encore et encore, et à chaque fois il y allait de son petit commentaire. Et puis ça n'étonnerait même pas Amaury, si Jeremiah se mettait à le suivre parce qu'il l'ignore.
Bon sang. Il avait une telle tête à claques, ce garçon. Un vieux sourire qui donnait vraiment envie de le frapper. Puisque Jeremiah n'avait aucune sorte de conscience de vie privée et d'espace vital, tout le Conseil était au courant qu'il était marié. Et franchement, Amaury plaignait tellement sa femme. Déjà qu'il a une personnalité de merde, en plus il fallait que ça se retranscrive sur son visage.
Moh pauvre petit, l'exaspération se lit déjà sur sa figure. Allons, allons, Amaury ne sait-il pas que sa crispation c'est du pain béni pour Jeremiah ? Le gars est un charognard comme on en fait plus. Un boulimique toujours prêt à se goinfrer des frustrations des autres. Pas étonnant qu'avec un peu de jugeote pour un minimum de talent, Jeremiah se soit parfaitement inséré dans le monde sans pitié d'Inner_A13. Les vipères comme lui ont leur place toute choisie dans cette société reposant sur une absence totale d'empathie.
En plus, Jeremiah est sympa : il contribue à sa manière à renforcer le système. À défaut de la bonne parole, il sait répandre les emmerdes. Parfait pour dégager les guignols et les faibles. Comme l'autre là. C'est d'une banalité affligeante mais pour tout un tas de raisons qu'il n'a pas besoin d'expliquer, Amaury est l'exutoire parfait pour le Jeremiah. D'autant plus que rien ne lui fait plus plaisir que de s'apercevoir que ses sentiments sont réciproques : le responsable le hait tout autant que lui. Le tendu Amaury a tout bonnement le profil idéal de la bonne tête de turc.
_C'est pourtant évident tu ne crois pas ? Limite Jeremiah est en train de rigoler. Plus il joue le con, plus il est insupportable. Et il est très fort pour jouer le con. C'est d'ailleurs probablement le meilleur dans sa catégorie. Parce que je supporte pas ta sale gueule de tapette.
Avec Amaury, Jeremiah ne s'embarrasse même pas avec de faux semblants en dehors du Conseil. Il peut lui dire ça en toute franchise, sans une once de colère sur la figure, les mains dans les poches, tranquille t'inquiète. C'est quasi automatique à ce stade. Et pourtant c'est parfaitement calculé. Ni trop, ni pas assez.
_Alors, dans la merde de qui est-ce que t'es encore en train de fouiner ?
En vrai, Jeremiah s'en fout royalement, il sait qu'on ne va pas lui répondre. L'autre peut bien se balader où bon lui semble tant qu'il ne lui marche pas sur les pieds mais oh, oh que c'est trop tentant.
Ce qu'il aime tant avec Amaury c'est qu'il a toujours l'air d'être sur le point de craquer mais vraiment. Au bord du bord du bord du gouffre et vous savez à quel point Jeremiah aime voir les gens s'éclater au sol. Avec Amaury, toutes ses tripes de vermine lui hurlent qu'il n'a plus qu'à l'effleurer du bout des doigts, le titiller par toutes petites pressions ici et là jusqu'à trouver le mécanisme d'auto-destruction. Au pire, il appuie juste là où ça fait mal.
En somme, Amaury est une bombe à retardement et Jeremiah aimerait beaucoup le voir imploser.
Il se hérisse presque. Putain, il est insupportable. Croyez-le ou non, Amaury n'aimait pas le conflit. Il préférait bien se débarrasser de ceux qu'il n'appréciait pas, ceux qui le gênaient ou ceux qui ne lui revenaient pas discrètement. Pas besoin de parler. Pas besoin de se crêper le chignon comme ça. Ça ne servait à rien, Amaury préférait économiser sa salive. Quel dommage que ce ne soit pas le cas de tout le monde. À choisir, il préférait quand même Celes qui pétait les plombs plutôt que Jeremiah dans son état normal.
Jeremiah, par sa simple présence, l'emmerde. Alors, oui, bien sûr, son existence a fait quelques choses bien; il est le seul terrain d'entente qu'il peut trouver avec cette idiote de Laney. Ça, par exemple, c'était plutôt sympa. Le reste... Il allait peut-être lui falloir plus de réflexion pour trouver ce que Jeremiah apportait de bon à la société. S'il était si utile, il serait en train de faire des heures supplémentaires, pas en train de faire chier une pauvre femme sur le bord de la route. Pas vrai ? Enfin, faire chier des gens innocents était le seul but de sa vie.
Ah, évidemment. Il s'énerve toujours trop vite, Amaury, ça doit être pour ça que Jeremiah l'aime autant, hein. Évidemment qu'il doit adorer le titiller jusqu'à ce qu'Amaury se force à fuir avant d'exploser. Amaury se fait la réflexion que Jeremiah avait dû absolument adorer lorsqu'il s'était battu avec Raven, tiens. Au moins, cela avait plu à une personne.
Alors, alors, sur quels boutons est-ce que Jeremiah va appuyer ce soir ? Oh c'est sûr qu'il aurait bien envie d'éclater tout le tableau de bord en abattant son poing sur tout ce qui clignote sur l'écran de contrôle mais enclencher la bombe sans se prendre toute la déflagration dans la figure demande un minimum de savoir-faire. Et au grand malheur de tous, Jeremiah en a du savoir-faire quand il s'agit d'être un connard. Sinon il n'aurait pas fait aussi long feu avec son caractère merdique.
_Pour te casser les couilles il faudrait déjà que t'aies quelque chose dans le pantalon, poulette ! La réplique est immédiate et le ricanement qui l'accompagne gras à souhait.
Et plutôt que de s'éloigner comme le souhaiterait Amaury, Jeremiah se rapproche, mains dans le dos, désinvolte dans son rôle de charognard. À tout petits coups de dents et de becs incisifs ici et là, la carcasse d'Amaury finira bien un jour par s'échouer. En bonne vermine qu'il est, Jeremiah sait flairer l'odeur de la pourriture et oh Amaury sent fort le type en train de se décomposer à l'intérieur. Oui, oui, on ne la lui fait pas, plus le temps passe, plus Amaury se fatigue. M'étonnerait pas qu'il se dispute à nouveau avec un autre conseiller. Il ne sait pas exactement ce qui cloche avec lui, mais il peut très bien deviner que quelque chose ne tourne pas bien rond chez cet étrange et pathétique responsable. C'est très drôle à observer. Et encore plus d'y participer. Ce serait presque un honneur de se prendre un coup de poing de la part du collègue. Entrer dans les annales comiques de toutes les conneries d'Amaury.
Alors Jeremiah le file oui. Lourd jusqu'au bout des doigts de pied, même quand sa démarche est légère, lente et nonchalante. Il a après tout une excuse infaillible à son détestable comportement :
_Justement, je te rappelle que j'habite également dans le centre et que le chemin vers mon appartement est le même que le tien...
En vérité heureusement que la providence n'a pas poussé le vice jusqu'à les placer dans le même bloc. C'est déjà une plaie d'avoir sa secrétaire comme voisine alors imaginez Amaury quoi. Mine de rien, Jeremiah essaye de laisser ses emmerdes sur le palier de sa maison avant d'y entrer. Et des emmerdes, Dieu seul sait combien il en a !
_Bon sinon la grosse, quoi de neuf au pays des pétasses ?
Allez hop, une nouvelle petite couche parce que c'est gratuit et ça fait zizir !
Pour être parfaitement honnête (ce qui était rare), Amaury se sentait devenir, lentement mais sûrement, un peu dingue. Mais ce n'était pas sa faute, parce que Jeremiah était tout à fait détestable, pire que tout, absolument affreux. Par conséquent, Amaury avait toutes les raisons du monde...
De lui asséner le coup de poing du siècle. Ah ? Oui. C'était parti d'un coup, avec bien plus de force qu'on aurait pu le soupçonner en considérant le tas d'os poussiéreux qu'était Amaury. Il avait troqué ses gifles sifflantes pour un simple coup de poing sans la moindre classe, dirigé dans la mâchoire de Jeremiah. Oh, il n'aurait rien, mais cela faisait du bien. Il l'avait fait reculer. Et peut-être que ce bouffon de Jeremiah reviendrait à la charge aussitôt, mais Amaury avait éprouvé une satisfaction rare, du genre qu'il n'avait pas ressenti depuis des lustres. Il en avait même souri, tiens; un sourire digne de sa personnalité détestable (au moins il était deux), purement satisfait d'avoir usé de la violence au lieu d'avoir ignoré Jeremiah comme un conseiller respectable.
Il n'a rien à lui dire. Il n'a pas envie de lui envoyer une pique, ou de lui exprimer sa fureur; non. Amaury se contente de s'éloigner, de continuer son chemin, et peu importe si Jeremiah le suivait. Il avait l'esprit reposé: au moins pendant les deux minutes à venir.
Forcément, le problème quand on joue avec le feu c'est qu'on finit fatalement par se brûler. Ou dans le cas de Jeremiah quand on cherche l'interrupteur de la bombe, il ne faut pas s'étonner si elle vous pète au nez. Littéralement.
VLAM. Sans prévenir Amaury lui assène une patate, une vraie patate sortie de nulle part. Ses dents claquent, heureusement elles ne s'entrechoquent pas sur la chair tendre de sa langue mais quelque chose craque contre les rotules du responsable et bientôt c'est le goût du sang qui vient lui prendre la gorge. Aoutch, ça va laisser un bleu ça. Attendez c'est quoi un bleu déjà ? Est-ce qu'il en a déjà eu avant ? Euh...
Jeremiah reste quelques instants sonné, limite avec des étoiles dans les yeux. Il essaye de se souvenir si on lui a déjà cassé la gueule comme ça auparavant. En vrai sûrement. Avec une personnalité de merde comme la sienne, c'est obligé même. Alors pourquoi est-ce que ces sensations de sa joue en feu et de ses tympans qui pulsent lui paraissent nouvelles ? En fait, pourquoi est-ce qu'il a du mal à se souvenir de ses bagarres à la milice ? Ah ça doit être le choc du coup c'est ça. Oui, oui.
_Ah le con putain. Ma fille cogne plus fort que ça, huehuehue ! Et il se force à rire, du sang sur les quenottes alors qu'en vérité il a les larmes aux yeux sous l'effet de la douleur et de la surprise. Il regretterait presque car articuler quoi que ce soit lui est pénible.
Par contre, Jeremiah ne peut pas rester comme ça les bras ballants. Provoquer Amaury pour pouvoir mieux répliquer c'était pas le plan de base ? Attendez, il y avait un plan ? Jeremiah sait pas, sait plus. Ce qu'il sait c'est qu'il a mal et que cette douleur se transforme en adrénaline pure. Il souffre. C'est qu'il est vivant. Et surtout c'est qu'il a le droit de riposter puisque c'est Amaury qui a donné le premier coup, pas vrai ?
Il repense au couteau qu'il a dans sa poche mais se souvient : la légitime défense. Faut que la riposte soit proportionnelle. Sinon ça va nécessairement l'incriminer aussi. Alors ses poings se serrent quand il se redresse.
Pour foncer tête baissée vers le conseiller et lui rentrer dedans comme il fait du rentre-dedans aux pauvres secrétaires du Conseil. Jeremiah fauche Amaury en plein vol - façon de parler, Amaury ne vole pas, le pauvre essaye juste de continuer son bout de chemin, et les deux individus s'écrasent sur le trottoir.
Au moment où ils chutent tout les deux, dans une demi-seconde, Jeremiah voit l'occasion d'appuyer sa main sur la tête d'Amaury, histoire que celle-ci se fracasse bien fort sur le bitume. Mais quelque chose l'arrête, peut-être qu'il n'est juste tout simplement pas assez vif pour tendre le bras. En tout cas les voilà par terre et parce que c'est lui qui a chargé, Jeremiah n'a pas trop de mal à rebondir sur ses jambes, beaucoup trop content, beaucoup trop excité.
_AHA ! S'exclame-t-il, mains sur les hanches, triomphant. Est-il en train de prendre son pied ?
Ugh.
Ils se chamaillent comme des gamins dans la cour de récréation. C'est pathétique. Mais il faut avouer que ça leur sied bien. Amaury se redresse un peu - le sang bouillonnant contre ses tempes et les poings tremblants. Hésitant entre s'enfuir à toutes jambes, arrêter le massacre maintenant, avant que ça ne devienne vraiment triste et ridicule, ou bien se précipiter à nouveau sur Jeremiah pour lui faire mordre la poussière, parce que c'est quand même putain de satisfaisant. Il hésite, il hésite.
Au final, il a cédé à la violence et s'est jeté sur l'autre homme. Il mord, griffe, il veut faire mal. Parce que Jeremiah mérite et qu'il vaut mieux que ce soit lui qui prenne le résultat de tout ces sentiments enfouis plutôt que quelqu'un qu'Amaury n'aurait pas envie de blesser. Il a frappé, encore et encore, et au final s'est pris un coup assez puissant pour le sonner pendant plusieurs instants. Et franchement. Pourquoi il faisait ça, déjà ? Il se relève, titube.
Ils sont dans un état pas possible. Aux yeux d'Amaury, c'était d'une tristesse infinie. Mais il détestait encore plus que Jeremiah ait l'air de s'en amuser.
Incroyable. On dirait qu'ils ont tout les deux 12 ans à se taper dessus comme deux chats sauvages se disputant, se disputant... se disputant rien en fait. Oui, ils sont juste deux choses aux poils hérissés et aux babines retroussées à jouer des mains et des pieds et des coudes et des tibias quand Amaury s'est relevé pour mieux lui bondir dessus. Les doigts de Jeremiah cherchent un truc à attraper, à arracher que ce soit un bout de chemise ou de peau et il est si concentré à essayer de saisir son vis-à-vis par la nuque ou la gorge pour mieux lui enfoncer son genou dans le bas-ventre, qu'il ressent à peine les coups qu'on lui donne. Alors au bout d'un moment, Jeremiah lui aussi s'agite en anguille électrique ou en furet frénétique, il se faufile contre Amaury, pose deux paumes sur ses épaules, le regarde droit dans les yeux avec quelque chose de furieux dans les pupilles et BIM quand sa tête vient rencontrer celle du responsable, ça fait des chocapic. Et des tâches sombres devant les yeux.
C'était un super beau coup de boule, il espère que les caméras ont enregistré tout ça. Malgré la violence du choc, Jeremiah est à peine sonné. Il a le crâne dur. Et ses deux neurones encore fonctionnels ont connu mille fois pire. Il a du sang qui lui coule du nez. Tiens, tiens. Sacré look. Ça va tâcher sa chemise. Mais dans le fond, il s'en fout, c'est sa femme qui nettoiera. Elle ne sera probablement même pas étonnée. Elle a connu mille fois pire.
_Me tuer ? Ohohoh toi et quelle armée ? Parce que jusqu'ici à part se rouler sur le trottoir et s'échanger quelques baffes et coups bas, ils n'ont rien fait de vraiment incroyable. Alors oui, comment est-ce que Amaury compte le tuer exactement ? Il est curieux.
Est-ce que Jeremiah peut même mourir en fait ? Il se rend compte qu'il n'a jamais songé à sa propre mort. Ah. Neurone fonctionnel un lui rappelle qu'il s'en fout. Neurone fonctionnel deux lui, bloque tout les réceptacles de peur qu'il a encore. Quel duo de choc.
_Je serais toujours là quelque part dans tes pas mon dindon. Je serais toujours derrière toi. Et il sourit encore. Un sourire ensanglanté, un sourire inquiétant. Il ne fait pas vraiment sens. Mais dans sa tête c'est pourtant limpide : il ne peut pas mourir. Il existera toujours. Dans le crissement des pneus d'un camion qui dérape, dans le sanglot d'une femme que l'on gifle, dans le cri d'une photocopieuse enrayée, dans la commande de trop qui fait crasher l'ordinateur, dans la capsule qui coince la machine à café. Les emmerdes comme Jeremiah existeront toujours. Alors il le pense sincèrement quand il lui dit : Je serais toujours avec toi.
Et ça c'est vraiment effrayant.
Voilà ce qu'il répond, pas plus futé qu'une adolescente en pleine crise de rébellion. Son sens de la répartie est tombé dans les pommes depuis un moment.
Peut-être qu'il aura la flemme de vraiment trouver ce moyen, de vraiment arriver à ses fins, ou peut-être bien qu'il trouvera une occasion cachée dans un coin : à ce moment-là, il verrait ce qu'il veut, il verrait ce qu'il décidera. Pour l'instant, il se force à croire que Jeremiah n'en vaut pas la peine.
Le problème, c'est qu'ils sont censés partir dans la même direction. Mais Amaury veut rentrer. Il grogne - vexé par l'agencement du district central.
C’est ridicule. Parfaitement ridicule.
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