Foutue pluie.
Foutue journée qui n’en a pas finit de s’étirer, de nourrir les lamentations.  L’on a matraqué ta porte, chuchoté dans le couloir, grogné quand la réponse ne rencontrait pas l’espéré, l’attendu. Cette phrase que tu as répété sans cesse, appuyant toujours sur les mêmes mots avec ce même air confiant. Dire, tout ira bien. Non, tout va bien.
Ce n’est pas tant l’inquiétude qui t’électrise mais cette humidité constante. Celle qui rampe à travers les murs, vient tremper tes vieux os, embue les vitres et les regards perdus.

La fin de journée sonne et le rapport paraît lourd entre tes mains. L’activité, les mineurs, tout est secoué et s’éparpille dans un chaos confus et désordonné. Ce que tu en as assez de ce problème qui vient à peine de naître, de débuter. Ce que tes pensées sont bleutées alors que tu traînes ta carcasse jusqu’au Conseil pour y déposer les nombreux papiers que tu tentes de sauver d’un détrempage mérité.

Tu passes les portes, les portiques, t’aventures. Et dans l’un des halls, tu t’arrêtes. Il te traverse cet instinct naïf et viscéral, celui de te réchauffer, de te réconforter. Il y a devant toi cette machine à café. Secouer les poches, insérer, attendre que le breuvage soit prêt.
Toutes ces étapes pour que finalement le tout t’échappe des mains. Le rapport est imbibé, caféiné et tu pousses l’un de ces grognements étouffés. C’est rauque, ça reste coincé dans ta gorge tout en se répandant dans l’espace résonnant. Ça crispe tes épaules, tes doigts.

Et tu le secoues maladroitement entre tes doigts, regardant avec un de ces airs qui dit qu’il en a vu d’autres la personne face à toi.

« C’était de toute façon déjà un torchon avant même d’être dans cet état. »

Je te trouve bien négatif.
Les lèvres pressées, tu retiens un sourire carnassier, rien ne traduisant une quelconque complicité. Une réaction fade mais pas tout à fait dénuée de familiarité. Sous tes pieds et les siens il y a des flaques, vous faites tâches sur le sol immaculé que vous avez sali.

« Pas plus que d’habitude. »

Ça grogne entre ta mâchoire fatiguée, tu as à peine articulé, à peine souffler quelques syllabes étouffées. Elle te propose son aide, avec son air habituel et ça t’arraches un sourire. Le document détrempé entre les mains, tu hausses les épaules.

« T’es bien aimable Laney mais, je te considère assez pour éviter de te faire subir ça. Je demanderai à une secrétaire qui a l’air de trouver le temps long. »

Tu te libère du poids, du boulet qu’est ce rapport en le jetant sur le comptoir le plus proche. Aden survivra à cette catastrophe administrative, tu en es certain. Car il y a plus pesant. Du bout de tes doigts glacés, tu retires ton écharpe, la tends.

« Prends ça pour t’essuyer. Si l’odeur de personne âgée te dérange tu peux toujours décliner. Poliment évidemment. »

Un instant de silence, tu tapotes tes poches pour trouver ton paquet, quelque chose à siffler, histoire de combler. Une allumette vierge entre les doigts, tu lèves ton index vers le plafond. Au-delà de ça même. Tu pointes le ciel, celui qui vous tombe dessus, le regard bas.

« C’est d’un mauvais goût… »